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Préparation du Budget 2019-2020 : la posture critique de nos fondamentaux économiques

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À sept jours de la présentation du Budget 2019-20, plus d’un sont convaincus que le Premier ministre et ministre des Finances ne dérogera pas à la tradition. Pravind Jugnauth concoctera le dernier exercice financier du mandat de ce gouvernement avec des ingrédients électoraux. Aux dires des analystes économiques et financiers contactés par Le Défi Plus, le Grand argentier ne pourra pas se permettre des largesses compte tenu de la « posture critique » de nos principaux fondamentaux économiques.

Balances de paiements

paiementCertains économistes tirent la sonnette d’alarme sur la détérioration du compte courant de la balance des paiements. Les importations sont supérieures aux exportations. Pour d’autres, ce n’est pas un fait nouveau. « Depuis des lustres, notre compte courant de la balance des paiements est déficitaire », disent-ils.

Mais pour quelques-uns d’entre eux, là où le bât blesse, c’est la baisse dans nos exportations.  Maurice produit et exporte de moins en moins. Nos exportations ont chuté de Rs 95 milliards en 2014 à Rs 81 milliards en 2018. Le ratio de l’exportation de biens (% du PIB) a donc chuté, passant de 24,2 % en 2014 à 16,7 % en 2018.


Investissements étrangers

investissmentCertains analystes prévoient que le compte courant de la balance des paiements va empirer avec les projets d’infrastructures publiques en cours. Il passera à Rs 35 milliards en 2019 contre Rs 26 milliards en 2018. En d’autres mots, le pays va importer Rs 35 milliards de plus qu’elle n’en a exporté en 2019. Cependant, ils précisent que le déficit du compte courant est tout de même équilibré quelque peu par l’apport des investissements directs étrangers avec une moyenne de Rs 17 milliards par année. 


Sommes-nous moins compétitifs ?

Tous nos intervenants s’accordent à dire que Maurice est de moins en moins compétitif. De 2007 à 2017, les compensations salariales pour l’économie globale et le secteur manufacturier ont respectivement connu une hausse annuelle de 5,4 % et 5,1 % en moyenne, alors que les gains en productivité ont augmenté de 2,5 % et 3,1 % seulement. « Une simple analyse démontre que le coût de production a augmenté de 2,8 % pour l’économie globale et de 2 % pour le secteur manufacturier, sans compter les autres facteurs de production », fait ressortir l’un d’eux.


Productivité globale

productivite globaleOutre les apports en main-d’œuvre et en capital, l’indice de productivité globale des facteurs de production – qui tient compte des facteurs qualitatifs, tels qu’une meilleure gestion et une amélioration de la qualité des intrants par la formation et la technologie –, montre aussi une baisse de la croissance annuelle, qui est passée de 1,9 % en 2016 à 1,4 % en 2017. Pour le secteur manufacturier, la croissance de la productivité globale est passée de 3,3 % en 2016 à 1,9 % en 2017. « Tous ces indicateurs démontrent que nous sommes de moins en moins compétitifs. Cela explique en grande partie la baisse de nos exportations en termes absolus et en pourcentage du PIB », expliquent-ils.


Le tourisme s’essouffle-t-il ?

tourismeUn des piliers de notre économie, parmi les plus prometteurs jusqu’à récemment, le tourisme enregistre une décroissance des arrivées et une baisse des recettes depuis le début de l’année. À tel point que l’Association des hôteliers et des restaurateurs (Ahrim) tire la sonnette d’alarme. Durant le premier trimestre de 2019, la baisse des arrivées est de l’ordre de 4,5 % (15 467 touristes en moins) et celle des recettes d’environ Rs 2 milliards. « C’est un très mauvais signe et cela impactera négativement sur la croissance économique », préviennent certains de nos analystes.

D’autres pensent qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer car « c’est conjoncturel et loin d’être une tendance. » À leur avis, il ne faut pas s’attarder que sur trois mois vu que « la négation puisse être neutralisée durant les neuf autres mois, surtout durant la haute saison. » Quelques analystes se demandent si le ver n’est pas dans le fruit. « La politique promotionnelle de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), les problèmes liés à Air Mauritius et les dégâts causés par la dégradation de notre environnement naturel sont autant de facteurs qui interpellent », disent-ils.


La roupie est-elle surévaluée ?

roupieUne des conséquences de la détérioration de la balance des paiements qui découle d’une baisse de notre productivité, selon eux, c’est la valeur de la roupie en termes réels vis-à-vis des autres devises. D’après le dernier Staff Report du Fonds monétaire international (FMI) de 2019, même si la valeur de la roupie a glissé de Rs 30.24 en 2014 à Rs 35,35 en mai 2019, la roupie reste surévaluée d’environ 5 % en termes réels.

 

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