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Première femme pilote du helicopter squadron : Souvaarna Ramjee-Essoo inscrit son nom dans l’Histoire de la police... et du pays

Elle a fait de l’horizon son terrain de jeu, et du ciel sa mission pour servir le pays. À seulement 29 ans, Souvaarna Ramjee-Essoo, récemment promue Deputy Assistant Superintendent of Police, inscrit son nom dans l’Histoire en devenant la première femme pilote du Police Helicopter Squadron. Le Dimanche/L’Hebdo est allé à sa rencontre pour retracer son parcours extraordinaire.

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Souvaarna Ramjee-Essoo ne se contente pas de défier la gravité… Elle défie aussi les stéréotypes. En devenant la première femme pilote du Police Helicopter Squadron (PHS) de la Mauritius Police Force (MPF), celle qui a récemment été promue Deputy Assistant Superintendent of Police (DASP) incarne la détermination inébranlable qui inspire tout un pays. Au-delà de son uniforme, de ses ailes et de ses Flying Boots, c’est une histoire de persévérance et de dévouement qui s’envole, prouvant que rien n’est hors de portée pour les femmes qui osent rêver et se dépasser sur le plan professionnel.

Le vendredi 30 août, nous sommes à l’unité du PHS à l’aéroport de Plaisance. Après avoir fait la connaissance du Group Captain Sebastian Kurian et des membres de l’équipage, nous rencontrons la DASP Ramjee-Essoo. Elle assure le shift du soir et se tient prête à faire décoller l’hélicoptère à moteur unique Alouette III, dit Chetak, pour toute opération, de sauvetage ou autre.

Pendant ce temps d’attente, Le Dimanche/ L’Hebdo en profite pour en savoir plus sur elle. Ancienne élève du collège Lorette de Rose-Hill, elle raconte qu’elle s’est classée 197e au niveau national pour la cuvée 2013 du Higher School Certificate. Ayant étudié les mathématiques, la chimie et la physique comme matières principales, Souvaarna Ramjee-Essoo se destinait initialement à une carrière dans l’ingénierie mécanique. 

Récipiendaire d’une bourse offerte par le gouvernement indien en 2014, elle met le cap sur l’ouest du Bengale pour des études supérieures au National Institute of Technology (NIT). Avec nostalgie, elle confie qu’elle a fait partie des neuf Mauriciens ayant eu l’opportunité d’y étudier. Malgré sa faible maîtrise du bengali, elle parvient à communiquer et à découvrir la culture locale grâce à quelques mots appris.

Travailleuse acharnée, elle décroche son diplôme avec mention First Class, quatre ans plus tard. En 2018, elle retourne à Maurice et décroche un emploi comme Trainee Engineer. « C’était sur le chantier de construction du Complexe sportif de Côte-d’Or », dit-elle. Parallèlement, elle avait vu une annonce de recrutement de la MPF. « Ce qui a attiré mon attention, c’était le recrutement par la Flying Branch, notamment le Police Helicopter Squadron. Mon profil académique répondait aux critères exigés pour ce poste. Donc, j’ai postulé et j’ai été appelée à faire les examens préliminaires : Mesurement, Phyical & Medical Tests. » Cependant, elle avoue que l’étape de l’interview a été le plus gros challenge.

Comment a-t-elle vécu tout cela ? « Je faisais un peu de jogging comme ça, mais j’ai dû aller courir de longues distances pour me préparer à ces étapes préliminaires afin de pouvoir intégrer la force policière », indique-t-elle. La concurrence était rude : il y avait environ 1 025 candidats pour 27 postes au sein de la MPF.

Le 3 juillet 2018, Souvaarna Ramjee-Essoo travaillait sur le chantier à Côte-d’Or lorsqu’elle reçoit la visite d’un officier lui remettant sa lettre d’acceptation à la force policière. La phrase « You need to report to the Police Headquarters on the 5th of July 2018… » change à tout jamais sa vie. 

Elle quitte son boulot de Trainee Engineer et se présente aux QG de la MPF. Dix jours plus tard, elle entame une formation militaire basique à la Special Mobile Force. « Du jogging à vraiment courir, c’est là que j’ai su ce que c’était vraiment le spleen pain », avoue-t-elle dans un rire. Après trois mois, elle est postée au poste de police de Rose-Hill. Pendant un mois, elle fait partie de la police régulière. Le 12 novembre 2019, elle devient Cadet Officer au PHS. 

Seule fille de l’équipe, elle prend du temps pour s’adapter et se tourne vers ses collègues pour des conseils concernant le test d’aptitude qu’elle doit passer en Inde dans le cadre de sa formation pour devenir pilote. C’était un One Shot Exam et Souvaarna Ramjee-Essoo savait qu’elle n’avait pas droit à l’erreur. Elle s’investit pleinement et étudie à fond.

En mars 2020, la pandémie de Covid-19 éclate dans le pays. Pour renforcer la police régulière, elle est postée à la Southern Division et ensuite au poste de police de la Western Division près de chez elle. Après la levée du confinement, elle retourne au PHS pour ses classes de formation et apprend les systèmes de pilotage pour les hélicoptères Chetak. En août 2020, elle participe aux opérations et missions du PHS liées au naufrage du MV Wakashio à Pointe-d’Esny. 

En 2021, avec la seconde vague de la pandémie de Covid-19, elle réintègre la police régulière. Elle fait des contrôles de routine et arrête même « enn voler feray ». La même année arrive la date de son test d’aptitude Air Force Base 1 à Dehrun, à l’Uttarakhand Defence Academy en Inde. Elle atteint les 90 % de points requis pour le passer. Le même jour, elle prend l’avion pour Delhi et se soumet cette fois-ci à un test médical au Airforce Central Medical Establismment. Une fois cleared, elle retourne à Maurice et refait la quarantaine.

En octobre 2021, elle devient Student Pilot au PHS pour compléter les trois phases intensives de sa formation OJT (On the Job Training). En juin 2022, Souvaarna Ramjee-Essoo est cleared comme copilote pour aller en mission. Le 18 septembre de la même année, elle participe à une opération de sauvetage avec ses instructeurs en hélicoptère pour venir en aide à un Mauricien blessé sur la montagne de Piton de la Petite Rivière-Noire.

Après les phases I et II de sa formation, Souvaarna Ramjee-Essoo complète la phase III en décembre 2023. Désormais pilote avec environ 450 heures de vol, la Cadet Officer a récemment eu ses « ailes » et a été promue au rang de DASP. Que ressent-elle face à cet accomplissement ? « Pour en arriver là, cela a été vraiment dur, mais je suis très contente que mes sacrifices et mes efforts aient porté leurs fruits. C’est une immense fierté pour moi de servir mon pays et d’être devenue la première femme pilote au PHS. La discipline apprise ici m’a beaucoup responsabilisée et a contribué à mon développement personnel. Ma formation restera une expérience inoubliable, car elle m’a permis de gagner en confiance. Faire partie de la force policière est une opportunité qui n’est pas donnée à tout le monde. Je suis très heureuse d’avoir eu cette chance », affirme la nouvelle DASP Ramjee-Essoo. 

What’s next pour elle ? « With great power comes more responsibility », répond la DASP avec un sourire. Elle affirme que la course est maintenant lancée pour être toujours au top dans son travail et gravir les échelons au sein de la force policière, tout en suivant des formations en continu. 

Quel est son message aux femmes qui souhaitent faire carrière comme pilote tout comme elle dans la force policière ? « Je suis la preuve que c’est possible. Si vous voulez faire ce métier, donnez simplement le meilleur de vous. Ne baissez jamais les bras et le reste suivra », conclut la jeune pilote.

Ses passions

La DASP Ramjee-Essoo habite à Beau-Bassin. Elle s’est récemment mariée à un informaticien. Son père est un ingénieur à la retraite et sa mère est femme au foyer. Sa grande sœur est avocate et sa petite sœur fait actuellement des études en science forensique. En plus de sa passion pour les mathématiques, elle joue au basket-ball et fait de la randonnée. Lorsqu’elle n’est pas dans les airs pour le travail, elle passe son temps libre à terre, jouant avec ses quatre chiens : Oreo, Cedar, Laika et Lubi. Elle fait aussi de la gym.

 

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