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Premier League v/s sorties familiales

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Avez-vous déjà été témoin des scènes de ménage où  des familles s'entredéchirent à cause d’un match de foot ? La Premier League est de retour depuis la semaine dernière. Bonne nouvelle pour ceux ou celles qui ne jurent que par le ballon rond. Bon courage à leurs proches qui préfèrent les sorties. Nous avons approché quelques familles ainsi que Jonathan Bru, ex-joueur professionnel. Question de savoir comment ils arrivent à trouver le juste milieu...
 

Ravi Rawa : « I am a family man »

Rawi Rawa en compagnie de son épouse Anju et de leur  fils Aaron.
Rawi Rawa en compagnie de son épouse Anju et de leur fils Aaron.

Fan de Real Madrid, c’est en compagnie de son épouse, Anju, et de leur fils, Aaron, dans une ambiance joviale, que Ravi Rawa regarde certains matchs s’il n’a pas un engagement familial. Chez l’ancien jockey et actuel assistant entraîneur chez Narang, il n’y a pas de guerre de télécommande ou de concessions au nom du foot ! La famille d’abord. Point final !

Pendant les matchs, il arrive qu’il y ait des clashs entre père et fils, car Aaron est fan de Manchester United. « Mais c’est toujours dans la bonne humeur et dans une ambiance bon enfant », ajoute Anju Rawa. Cette enseignante du secondaire avoue qu’elle a un époux attentionné qui s’occupe bien de sa famille. « Il est un très bon père et il ne rate jamais un match de tennis de notre fils. »

Ravi abonde dans le même sens : « Je préfère louper une course importante que rater un moment important de la vie familiale. »  

Les samedis après des courses hippiques, Ravi explique qu’il fait de son mieux pour rentrer chez lui le plus tôt possible au lieu de passer du temps à l’After Party. « Il sait que s’il est en retard, la famille est pénalisée, car c’est lui qui fait la cuisine tous les jours… », confie Anju qui est très fière de son époux.

Jean Éric Wong Cheong : « Jusqu’à ce que Madame la Boss prenne la télécommande »

Jean Éric Wong Cheong en compagnie de son épouse, Corinne,  de leur benjamin, Joshua, et de leurs deux filles, Sherilyn et Caitlyn.
Jean Éric Wong Cheong en compagnie de son épouse, Corinne, de leur benjamin, Joshua, et de leurs deux filles, Sherilyn et Caitlyn.

Jean Éric Wong Cheong, 44 ans, propriétaire de la chaîne de pizzeria El Mondo, confie n’avoir plus la même passion pour le foot. Marié depuis quinze ans à Corinne, il affirme qu’il regarde seulement les matchs-clashs entre les équipes du Top 4-5 ou ceux de la Coupe du monde. Il détient aussi la nationalité française et il s’était réuni avec sa famille devant l’écran pour supporter la France, même s’il croyait en une victoire de la Croatie.

Il regarde les matchs… jusqu’au moment où ses filles commencent à zapper ou « que Madame la Boss prend la télécommande ». « Là, il n’y a jamais de match nul, on sait d’avance qui va perdre (NDLR : lui) », lance-t-il avec humour. Ce père de trois enfants - Caitlyn, Sherilyn et Joshua – assure que la famille occupe une très grande place dans sa vie. « Elle est ma meilleure force de frappe et d’attaque, elle donne un sens à tout. »

Pour ce nouveau fan de Liverpool - il était auparavant un supporter d’Arsenal - pas question d’annuler les sorties ou les invitations pour regarder un match. « Je trouve quand même une télé dans un restaurant ou chez l’hôte pour suivre les matchs. Faute de mieux, je suis l’évolution des scores sur mon téléphone. »

Chez cette famille de nature casanière, ce n’est surtout pas le foot qui dicte la loi. Les matchs se regardent à la maison ou parfois sur grand écran entre amis autour d’un tournoi de poker. « C’est plus pour taquiner les supporteurs de l’équipe perdante », lâche-t-il.

Jean Éric Wong Cheong affirme qu’il préfère être prudent en ce qui concerne les débats et autres commentaires sur la performance des équipes ou des joueurs. « Supporter les joueurs ne changera pas mon quotidien. Par contre, je peux facilement me retrouver sur le banc de touche (de la famille) et c’est un pari risqué. Et ni Pogba ni Salah ne pourront me sortir de là... », dit-il dans un grand éclat de rire.

Govin Vythelingum : « Ma femme est Française, mais je l’ai convertie au foot anglais... »

Govin Vythelingum, ses deux enfants, Kayden, Keesha (en bleu), et son épouse, Droussila.
Govin Vythelingum, ses deux enfants, Kayden, Keesha (en bleu), et son épouse, Droussila.

Pour cette famille anglo-française d’origine mauricienne, le foot est sacré. Et Tottenham encore plus ! « Ma femme est Française, mais je l’ai convertie au foot anglais. Quant à mes enfants, ils n’ont pas trop le choix, mais je suspecte que ma fille supporte Manchester United… », confie Govin Vythelingum, un expert-comptable de 43 ans, qui vit à Enfield.

Alors que Govin est persuadé d’avoir converti sa femme au foot anglais, Droussila, son épouse, n’abonde pas dans le même sens. Elle partage cette anecdote. « Il n’y a pas eu de choix, il ne me l’a pas demandé ! C’était acquis. Lorsqu’il m’a offert un maillot de Tottenham, je lui ai dit “qui t’a dit que je supporte Tottenham ?” Il m’a regardé et il a éclaté de rire en me disant : ‘t’es marrante, tu m’as épousé et Tottenham est un lot à prendre avec’ ! »

Passionné du foot oui, mais jamais en solo. Govin a transmis l’amour du foot anglais à sa famille. « Comme il est fan de Tottenham, il reçoit des “seasons tickets”, il nous conduit avec lui et c’est une bonne expérience », raconte Droussila.

Il n’y a pas de disputes conjugales, fort heureusement. « Mon équipe joue une fois par semaine, je travaille toute la semaine et donc quand c’est l’heure du foot, c’est mon heure. Je pense que je suis raisonnable, car je ne regarde que les matchs de Tottenham. » C’est Tottenham ou rien… Pas de compromis, c’est ce que fait comprendre le comptable.

« Une fois, j’ai fait un gâteau au symbole d’Arsenal pour l’anniversaire de son père, car ce dernier est fan des Gunners, mais Govin a refusé d’en manger ! », raille Droussila.

Alors que l’épouse de Govin trouve qu’un match par semaine « c’est gérable en général », elle se dit quelquefois frustrée de la situation. « Il y a des fois quand on ne peut faire des sorties ensemble. Lui, il regarde son foot et moi, je sors avec les enfants. »

Dilemme proposé à Govin : sortir en famille pour assister à un mariage ou une soirée foot. « Ça dépend qui se marie ! Si c’est un ou une proche, je vais y aller, mais entre-temps je vais regarder le score. Si c’est le mariage d’un ami, je vais y aller aussi, mais après le match ou après la 1re mi-temps ».

Anwar Elahee : « On s’adapte »

Les Elahee au complet. De g. à dr. (debout) Fahiz Elahee, Housna Elahee, Anwar Elahee et Zainad Elahee. Assis : Salman Elahee et l’aînée des enfants, Dr Suhaylah Elahee.
Les Elahee au complet. De g. à dr. (debout) Fahiz Elahee, Housna Elahee, Anwar Elahee et Zainad Elahee. Assis : Salman Elahee et l’aînée des enfants, Dr Suhaylah Elahee.

Il est né avec un ballon de foot au berceau... Il ne pouvait en être autrement pour le fils de Mamade Elahee, ancien entraîneur de la sélection nationale de football. Anwar Elahee, habitant de la capitale, est président de l’ASPL 2000. Il explique comment il concilie les sorties familiales et son premier amour, le foot, en pleine saison de la Premier League.   

Comment ne pas être un mordu du ballon rond quand on est le fils de Mamade Elahee ? « Comment ne pas l’être ayant été engagé depuis très jeune dans le foot ? J’ai débuté comme joueur avant de devenir entraîneur. Par la suite, j’ai été dirigeant et ensuite président de l’ASPL 2000. »

On sait que le foot ne fait pas souvent bon ménage avec la vie de famille. Pourtant, Anwar semble avoir trouvé la solution qui satisfait tout le monde. « Dans notre cas, il n’y a pas vraiment de disputes. Soit l’une des deux parties cède et regarde le match ou une autre émission à la télé, soit chacun regarde son émission ou son match séparément sur une deuxième télé ou une tablette. »

Même si l’épouse et les deux filles d’Anwar ne sont pas fans de ballon rond, elles essayent plus ou moins de faire plaisir au chef du clan.

Le mariage n’a rien changé à la passion d’Anwar. « Avant qu’on se marie, mon épouse savait que j’étais très engagé dans la sphère du foot. Je dois reconnaître qu’elle nous accompagne pour nous faire plaisir. On s’adapte », confie-t-il.

Par moments, la situation peut s’avérer frustrante pour Housna, l’épouse d’Anwar, fan, mais pas trop...

« La température monte d’un cran, lorsque mon mari doit assister à une réunion de foot, regarder un match de championnat local et ensuite suivre un match à la télé dans la soirée. Dans ce cas, je m’occupe ou je fais des sorties avec mes filles pour changer d’air », explique-t-elle.

Néanmoins, lorsqu’il s’agit de choisir entre sa famille et le foot, Anwar affirme : « Même si je suis un passionné du football, la famille est importante. J’essaie de m’organiser pour la satisfaire autant que possible, mais parfois, cela dépend de l’affiche du match de la Premier League et de l’importance de la sortie familiale. »

Amar Chand : « Parfois, il faut faire des concessions »

La famille Chand. De g. à dr. : Chayaka, Amar, le chef de famille, Indira et Kevisha.
La famille Chand. De g. à dr. : Chayaka, Amar, le chef de famille, Indira et Kevisha.

Amar Chand, 60 ans, est un inconditionnel fan de Manchester United. Cet habitant de Floréal, comme de nombreux Mauriciens, suit de très près le championnat britannique. Il ne rate aucun match des Red Devils, mais il ne se limite pas qu’aux rencontres de Manchester United, car il aime le foot en général.

Amar affirme qu’il fait tout ce qui est possible pour éviter les petites querelles familiales à cause de la retransmission d’un match à la télé. « Pour éviter des disputes dans mon couple, j’essaye tout au mieux de convaincre ma femme de me laisser devant la télé lors d’un grand match, mais si c’est moins important, je n’insiste pas. Parfois, il faut faire des concessions. »

Il partage sa passion pour le foot avec la cadette de ses deux filles, Chayanka, 17 ans. Comme son père, elle est fan de Manchester depuis son enfance. Père et fille regardent les matchs chez les Chand. Loin des stéréotypes père et fils.

Pour Amar qui travaille à son compte, les horaires du travail sont souvent irréguliers. Malgré son emploi du temps, il se débrouille pour suivre les matchs de la Premier League. « Si le match est diffusé le soir, je fais en sorte de terminer tous mes travaux en avance dans la journée. Puis, je me repose après avoir mis une alarme de façon à me réveiller en forme juste avant le match. »

Amar aurait bien voulu partager ses moments foot avec sa femme tout comme lors de la Coupe du monde. « J’aurai aimé vivre la même ambiance. C’était vraiment formidable de regarder la finale avec ma femme, mes enfants, mes nièces et mes sœurs », relate-t-il.

Pour Indira, l’épouse d’Amar, c’est une autre histoire. Elle dit faire des concessions pour son mari et n’avoir aucune objection à sa passion. « Je n’ai aucun intérêt pour le foot, mais je regarde quelques matchs pour lui faire plaisir. Parfois, quand je veux regarder mes séries à la télé et qu’il vient changer de chaîne pour le foot, ça m’agace ! », marmonne-t-elle.

Bien que le foot occupe une place spéciale dans le cœur du fan des Red Devils, voici sa réponse au dilemme proposé. « Si c’est le mariage d’une famille proche, je demanderai à regarder la première partie du match chez eux ou je consulterai les “live scores” sur mon téléphone de temps en temps, puis j’assisterai au mariage. »


Jonathan Bru, ex-joueur professionnel : « La famille est le socle de la vie »

Jonathan Bru (2e à partir de la g.) en compagnie de sa famille.
Jonathan Bru (2e à partir de la g.) en compagnie de sa famille.

Vous êtes un ancien footballeur professionnel et ex-joueur du Club M. La Premier League a débuté la semaine dernière. Êtes-vous friand du championnat britannique ?
Définitivement. C’est l’un des championnats les plus suivis au monde. Le football ne fait pas seulement partie de ma vie. Je vis, je respire le foot 24 sur 24. Je suis donc tout ce qui se fait, surtout à ce niveau qu’est la Premier League.

Quelle est votre équipe préférée ?
Voulez-vous que je me fasse quelques ennemis ? (rires) Plus sérieusement, je n’ai pas d’équipe préférée. J’aime le beau jeu, avec une bonne maîtrise de possession du ballon. J’apprécie aussi un football où il y a beaucoup de mouvements.

Lors de la dernière saison, j’ai été séduit par deux équipes en particulier : Manchester City et Tottenham. Ces deux équipes prônent une philosophie de jeu que j’admire. Cela dit, il est difficile de ne pas être ébloui par ce que Klopp a construit à Liverpool. Mais au-delà de mon expérience, je suis comme n’importe quel fan du ballon rond, j’aime quand le foot me procure de fortes émotions. 

Suivez-vous tous les matchs de la Premier League, diffusés à la télé ou choisissez-vous les rencontres ?
Même si c’est mon objectif, ce n’est pas toujours évident de pouvoir tout suivre en temps réel. Si je rate des matchs, je me fais un devoir de me tenir informé des résultats. Je peux heureusement me rattraper avec les rediffusions, grâce à Internet. Je peux alors faire mes petites analyses.

Que représente la famille pour vous ?
La famille est le socle de la vie et elle reste l’élément le plus important, car c’est elle qui m’aide à me renouveler. C’est un repère.

Jonathan Bru avec des jeunes footballeurs.
Jonathan Bru avec des jeunes footballeurs.

Quelle est votre situation familiale ?
J’ai 33 ans et j’ai toujours pensé que moins on en dit sur sa vie privée, mieux on se porte. Pour l’heure, je n’ai pas encore eu la joie de devenir père, mais c’est définitivement un objectif.

Les matchs coïncident souvent avec des sorties familiales. Comment arrivez-vous à organiser vos week-ends avec le début du championnat britannique ?
Puisque les matchs se jouent les après-midi ou en soirée, j’arrive à m’organiser pour les regarder tout en passant du temps avec mon entourage. En ce moment, mes week-ends sont pris avec des visites dans plusieurs écoles de foot et des tournois de jeunes. Je dois dire que c’est très encourageant de voir tous ces jeunes qui s’enflamment pour le ballon rond. Je me retrouve en eux.

Habitez-vous loin de votre famille ?
Je vis dans le centre de Maurice. J’ai de la famille à Mahébourg et à Curepipe, mais mes proches sont en France. Comme je fais actuellement mon Master en management général au Centre de droit et d’économie du sport de Limoges, j’essaie de les voir à chaque fois que je me rends en France.

Combien de frères et de sœurs avez-vous ?
Je suis l’aîné d’une fratrie de quatre frères. À Maurice, on connaît surtout mon frère Kevin qui joue actuellement à Apollon Limassol, à Chypre. Mes deux autres frères sont Kilijon et Enoha.  

Y a-t-il déjà eu des petites disputes quand vous n’arrivez pas à faire plaisir à votre famille à cause de la retransmission d’un match à la télé ? Êtes-vous prêt à sacrifier une affiche Liverpool/Manchester United au nom de la famille ?
Je joue au foot depuis l’enfance et ma famille en est tout aussi passionnée que moi. C’est une chance. Malgré tout, je pense que les moments en famille sont sacrés et que nous ne devons nullement les sacrifier. Notre monde va très vite et on devrait privilégier les instants mémorables. Surtout qu’avec Internet, nous pouvons continuer à nous tenir informés n’importe où.

Regardez-vous les matchs à la maison ou dans des pubs entre amis ?
Je préfère regarder les matchs tranquillement chez moi. Je suis plus décontracté et cela me permet d’avoir du recul et d’analyser les matchs. Toutefois, je ne dis jamais non quand des potes m’invitent. C’est une occasion d’échanger, de rire ou même de s’énerver. C’est ça le foot. C’est la vie. Et la vie nous procure une abondance d’émotions !

 

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