- Patrick Assirvaden : « C’est le lancement de notre campagne électorale »
- Jean-Claude de l’Estrac : « Cette première sortie prend l’allure d’un baromètre politique »
- Yvan Martial : « L’affaire des coffres-forts plane toujours »
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Le congrès de l’alliance PTr/MMM/PMSD qui se tiendra à Mare d’Albert, ce vendredi 28 juillet, comporte des enjeux significatifs au-delà de la simple galvanisation de la foule.
Pour la première fois de leur histoire politique, Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval vont partager la même tribune. Au-delà de cette anecdote historique, le congrès, qui se tient dans la circonscription Mahébourg/Plaine-Magnien (12) comporte multiples enjeux.
L’alliance entre le Parti travailliste (PTr), le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) se pose désormais en véritable challenger face au Mouvement socialiste militant (MSM) en vue des prochaines élections générales. Même si celles-ci sont officiellement prévues pour 2024, les membres des trois partis considèrent ce congrès comme « le coup d’envoi » de leur campagne électorale. « Avec ce congrès, nous lançons officiellement notre campagne électorale. L’objectif de cet événement est de libérer le pays du joug du MSM et de Pravind Jugnauth. Nous aspirons à insuffler un vent de fraîcheur au sein de la nation », explique le président du PTr, Patrick Assirvaden. L’enjeu est de taille pour cette nouvelle alliance, qui ne peut se permettre aucune erreur lors de cette mobilisation. « Nous sommes pleinement confiants quant au succès de ce congrès. Le message a été clairement transmis », ajoute le député de La Caverne/Phœnix (15), démontrant ainsi l’optimisme ambiant au sein de cette coalition.
En l’absence d’outils précis pour mesurer avec certitude le pouls politique à Maurice, l’observateur politique et ancien ministre Jean Claude de l’Estrac considère que cette première sortie de l’Alliance prend « l’allure d’un baromètre politique. « En l’absence d’autres moyens de mesure, elle sera scrutée attentivement tant par les acteurs politiques que par les électeurs », explique-t-il.
L’affluence et la composition de la foule sont, selon lui, les principaux enjeux de ce congrès. « Personne n’attend des dirigeants de la nouvelle alliance des discours remarquables, mais chacun scrutera le degré de mobilisation de leurs partisans et la composition de la foule. Si leur mobilisation est incontestable, ce sera un tournant. Une partie grandissante de l’électorat est opportuniste. Elle attend de voir la direction du vent. Si elle sent que le vent commence à tourner en faveur de l’Alliance, elle s’alignera. En revanche, si la mobilisation est médiocre, Pravind Jugnauth fera le dos rond », estime l’intervenant.
Interrogé sur la possibilité que le succès de cette première mobilisation mette la pression sur le Premier ministre et son gouvernement, Jean-Claude de l’Estrac estime que cela n’est pas probable. « Aucunement. Jugnauth ne sera pas inquiété, d’autant plus qu’il espère deux ou trois événements qui lui apporteront du vent dans ses voiles », dit-il
Les Rs 220 M de Ramgoolam
L’ancien éditorialiste et observateur politique, Yvan Martial, adopte, lui, une perspective distincte concernant le congrès de Mare d’Albert. Tenant compte du récent revers subi par le leader du PTr, Navin Ramgoolam, qui est présenté comme le chef de file de l’alliance PTr/MMM/PMSD, suite à l’affaire des coffres-forts contenant Rs 220 millions découverts en 2015 et qui dure depuis huit ans, Yvan Martial se demande si l’ancien Premier ministre compte faire preuve d’« acte d’honnêteté intellectuelle » sur cette affaire.
Quant à l’importance pour les dirigeants des trois partis de rassembler une foule imposante afin de créer un impact psychologique, Yvan Martial estime que cela n’a « aucune pertinence ». « C’est tellement facile pour un parti politique de rassembler une foule avec les moyens financiers dont ils disposent, sans compter qu’ils peuvent également compter sur le soutien des Bangladeshis », souligne-t-il.
En ce qui concerne spécifiquement la pertinence de l’alliance PTr/MMM/PMSD, Yvan Martial explique qu’une alliance politique se forme généralement après une défaite électorale, dans le but de disposer de cinq années complètes pour élaborer un programme électoral solide. « Et pour accomplir cela, il faut prendre le temps de rencontrer les électeurs à travers le pays afin de bien comprendre leurs attentes. Je doute fort qu’ils auront le temps de mener un tel exercice en seulement un an ». Yvan Martial se demande aussi si l’alliance PTr/MMM/PMSD a pris le temps de bien sonder l’électorat des circonscriptions 11 et 12 afin de bien cerner leurs attentes et leurs difficultés.
Jack Bizlall insiste, lui, sur la nécessité de ne pas dévier du principal enjeu. « L’objectif premier est de mettre fin au règne de la famille Jugnauth, car la politique menée par les Jugnauth et le MSM porte atteinte à la liberté du peuple mauricien », déclare-t-il. En tant que négociateur syndical et ancien député, il considère que le pays est désormais dans une « monarchie constitutionnelle » sous Pravind Jugnauth, car « nous avons un président de la République qui se soumet à toutes les injonctions du Premier ministre. Notre Constitution présente des faiblesses, et ce sont ces faiblesses qui sont exploitées par le régime politique en place », explique-t-il.
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