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Premier anniversaire du gouvernement du Changement : la désillusion face à la vie chère

La mère de famille espère que la situation s’améliorera.
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Un an après l’alternance, la promesse de « souffle » face à la vie chère tient-elle la route ? Entre mesures publiques et réalités de caisse, familles, salariés et retraités racontent ce qui a réellement changé dans leur quotidien.

Nooriena Yacoob : « Je vis un peu moins bien… »

Comme beaucoup de Mauriciens, Nooriena Yacoob, Administrative Officer, explique qu’elle tente de gérer au mieux le coût de la vie. Le constat de la mère de famille est sans appel : ses dépenses mensuelles ont clairement augmenté. 

« Par rapport à l’année dernière, mes dépenses ont nettement augmenté, surtout pour l’alimentation, le transport et l’électricité. Les produits de base coûtent beaucoup plus cher, même en achetant en gros. Le plein d’essence et la facture du CEB pèsent également davantage sur le budget. Les revenus, eux, n’ont pas évolué à la même vitesse, donc il faut être plus attentif à chaque sou dépensé », précise-t-elle.

En ce qui concerne les coûts liés aux enfants, elle note également une hausse significative. 

« Les dépenses pour les enfants, incluant fournitures, uniformes, cantine et transport scolaire, ont aussi augmenté. Chaque rentrée scolaire devient plus coûteuse, et même les petits extras comme les sorties ou les activités sont devenus un luxe qu’il faut planifier à l’avance », déclare-t-elle.

Pour tenir le budget, elle a dû réduire certaines dépenses. « Par exemple, nous achetons moins de viande et de poisson, nous privilégions les marques locales ou en promotion, et nous limitons les sorties au restaurant ou les loisirs. Je compare les prix plus souvent et je fais mes courses dans différents magasins pour trouver les meilleures offres », confie-t-elle.

Parlant d’épargne, la mère de famille soutient qu’il devient difficile d’épargner régulièrement. « Avant, je pouvais mettre un petit montant de côté chaque mois, mais aujourd’hui c’est rare. Heureusement, je n’ai pas eu recours à des crédits importants, mais il m’arrive parfois d’avoir un petit retard de paiement quand plusieurs factures tombent en même temps », ajoute-t-elle.

Selon elle, son niveau de vie a globalement été affecté. « Je dirais que je vis un peu moins bien qu’il y a un an, surtout à cause du pouvoir d’achat qui diminue. On s’adapte, on reste positif et on fait de notre mieux, mais la réalité est que tout augmente sauf le salaire. J’espère que la situation s’améliorera, car beaucoup de familles ressentent la même pression financière au quotidien », conclut-elle.

Swaraj Ram : « Mes dépenses ont flambé »

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Le jeune homme confie avoir reporté certains projets personnels.

Âgé de 34 ans, Swaraj Ram travaille dans le domaine informatique. Le jeune homme affirme que ses dépenses ont considérablement augmenté. « Mon revenu mensuel n’a pratiquement pas changé depuis un an, mais mes dépenses ont flambé. Les postes de dépenses qui ont le plus augmenté sont l’alimentation et le transport, notamment à cause de la hausse du prix du carburant et des produits importés. L’électricité et l’eau ont également légèrement augmenté, ce qui pèse davantage sur mon budget », explique-t-il.

Pour réussir à tenir le mois, Swaraj a réduit certaines dépenses. « J’ai notamment limité les dépenses non essentielles, comme les sorties, les restaurants et les achats impulsifs. Côté alimentation, j’opte désormais pour des marques locales ou des produits en promotion. Certains projets personnels, comme l’achat de nouveaux équipements informatiques, ont été reportés », ajoute-t-il.

Afin de soutenir ses dépenses, il offer ses services en freelance. « J’ai accepté quelques petits contrats en freelance pour compléter mes revenus. Cela me permet de couvrir les dépenses imprévues et de maintenir un certain équilibre financier », précise-t-il.

Concernant l’épargne, le jeune homme concède qu’il réussit difficilement à mettre de l’argent de côté. « L’épargne est devenue très difficile. J’arrive à mettre de côté une petite somme certains mois, mais elle sert souvent à combler des dépenses urgentes », confie-t-il.

Il assure vivre moins confortablement qu’il y a un an. « Le coût de la vie a augmenté beaucoup plus vite que les salaires. Malgré tous mes efforts de gestion, le pouvoir d’achat diminue, et il devient difficile de planifier à long terme. J’espère que la situation économique s’améliorera et que les revenus suivront l’évolution du coût de la vie dans les mois à venir », conclut-il.

Un an après, l’heure du premier bilan pour l’Alliance du Changement

60-0. Le 11 novembre 2024, l’Alliance du Changement, menée par Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, signait une victoire historique contre l’Alliance Lepep de Pravind Jugnauth et Xavier-Luc Duval. Douze mois plus tard, quel bilan ? Dès cette semaine, suivez notre série d’articles qui retrace cette première année au pouvoir. Le point d’orgue : un supplément spécial dans l’édition du Défi Quotidien du mardi 11 novembre 2025.

Aboo Samad Aullybux : « On vivait mieux il y a un an »

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Le retraité explique qu’il a dû diminuer l’achat de produits alimentaires.

Aboo Samad Aullybux, 69 ans, est retraité. Son épouse, femme au foyer, vient d’avoir 60 ans. Ancien officier à la Mauritius Revenue Authory, il constate une nette dégradation de son pouvoir d’achat. « Côté revenus, rien n’a changé. En revanche, mon budget mensuel a augmenté d’environ 15 % par rapport à l’an dernier. Les hausses les plus marquées concernent l’alimentation et la santé », confie-t-il.

Sa pension couvre « plus ou moins » ses charges fixes. Pour les soins, « les consultations et certains services sont pris en charge par mon assurance santé. Quand il y a des dépassements, ce sont mes enfants qui les assument ». Pour tenir jusqu’à la fin du mois, la famille a dû réduire la voilure : « Nous achetons moins de produits alimentaires, et moins de viande, de poisson et de fruits. Nous avons aussi diminué certains médicaments. »

Aucune économie

Côté épargne, Samad admet qu’il ne parvient pas à mettre de côté. « Je n’ai aucune économie. Je ne peux planifier ni vacances locales ni voyages à l’étranger, et j’ai encore des remboursements en cours auprès du Mutual Aid et de CIM. »

Selon lui, un problème majeur touche aujourd’hui les pensionnés : l’imposition de la Basic Retirement Pension (BRP). « La BRP est considérée comme un revenu imposable, sans retenue à la source (PAYE). Au moment de la déclaration, on doit verser immédiatement environ Rs 29 000. Sans épargne, comment payer ? » interroge-t-il.

Il rappelle avoir « déjà évoqué ce sujet à la radio, écrit à plusieurs autorités et sollicité une réunion à la MRA », sans résultat à ce jour. « Avant les élections, l’Alliance du Changement avait annoncé qu’aucun impôt ne serait prélevé sur les pensions. Or, nous en sommes là. Plus de 70 000 pensionnés sont concernés », soutient-il.

Gilbert Koon : Le pouvoir d’achat s’est affaibli »

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Pour Gilbert Koon, les perspectives pour les familles mauriciennes restent préoccupantes.

Marié et père de deux enfants, Gilbert Koon constate que ses revenus, tout comme ses dépenses, ont fortement évolué au cours de la dernière année. « En général, les salaires ont été revus à la hausse, ce qui, à première vue, pouvait sembler une bonne nouvelle. Mais cette augmentation a eu un effet pervers : elle s’est accompagnée d’une flambée générale des prix. Le pouvoir d’achat, au lieu de s’améliorer, s’est affaibli. Tout coûte plus cher, et même les foyers de la classe moyenne, qui parvenaient autrefois à s’en sortir confortablement, peinent aujourd’hui à maintenir leur niveau de vie », regrette-t-il.

Bien que son épouse et lui soient tous deux salariés, la fin de mois pèse désormais davantage sur leur budget. « Un caddie de courses qui me revenait à un certain prix il y a quelques années me coûte aujourd’hui beaucoup plus. Les produits de base, les repas… tout a pris de la valeur. Les prix dans les commerces augmentent constamment, et cela se ressent directement dans notre budget familial », affirme-t-il.

En tant que parent, Gilbert souligne également la hausse des coûts liés aux enfants. « Je remarque une forte augmentation des dépenses quotidiennes : factures, repas, et même frais scolaires, qui ne cessent d’augmenter d’année en année. Fournitures, uniformes, activités… tout devient plus coûteux. »

À ses yeux, les perspectives pour les familles mauriciennes restent préoccupantes. « Les constructions ont aussi flambé. Ceux qui rêvent de bâtir leur propre maison doivent désormais faire face à des coûts très élevés. »

Pour tenir le mois, la famille a dû revoir ses choix. « Nous avons dû modifier nos habitudes de consommation, faire des choix plus raisonnables et parfois opter pour des marques moins chères ou des alternatives locales. Aujourd’hui, nous ne cherchons plus seulement à nous faire plaisir, mais surtout à équilibrer le budget », dit-il.

Romy Mootoosawmy : « Si j’étais plus jeune, j'irais vivre ailleurs »

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Le retraité se dit soulagé de ne pas avoir de dette.

Retraité depuis peu, Romy Mootoosawmy raconte qu’il doit désormais « faire durer le mois » avec sa seule pension de vieillesse. « Quand je travaillais, je gagnais un peu plus de Rs 40 000. Aujourd’hui, à la retraite, ma pension s’élève à environ Rs 14 000. Tout a augmenté, surtout le coût de l’alimentation. Faire les courses me revient nettement plus cher qu’avant », dit-il. Le contraste entre son revenu d’hier et celui d’aujourd’hui illustre à lui seul la pression qui pèse sur son budget.

À 64 ans, il explique que cette pension ne suffit pas à couvrir toutes ses charges incompressibles : factures, alimentation, petits frais du quotidien. « Ma pension ne couvre pas toutes mes dépenses fixes. Selon les mois, les montants varient et je dois jongler », précise-t-il. Côté santé, un point le rassure partiellement : « Pour mes consultations médicales et autres frais de santé, je bénéficie d’une assurance. »

Pour tenir jusqu’à la fin du mois, Romy a dû revoir son train de vie et renoncer à certains plaisirs. « J’ai réduit au maximum mes dépenses : moins d’achats de vêtements, moins de loisirs et très peu de sorties au restaurant. » Ces renoncements, dit-il, ne sont pas anecdotiques : ils traduisent le passage d’une retraite imaginée sereine à une réalité faite de calculs et d’arbitrages.

Il se dit toutefois « chanceux » de n’avoir ni crédit ni dette à rembourser, un soulagement dans un contexte où chaque roupie compte. Mais cette absence d’endettement ne suffit pas à dégager une marge d’épargne. « Je n’ai ni crédit ni dette à rembourser, et c’est une chance. Mais malgré cela, je n’arrive pratiquement pas à mettre de l’argent de côté. Comme je dépends uniquement de ma pension, je ne peux pas épargner pour l’avenir. »

Romy confie enfin un sentiment plus intime, celui d’une île devenue trop chère pour ses moyens. « Si j’étais plus jeune, je partirais vivre ailleurs : la vie est devenue trop chère ici. Heureusement que je n’ai pas de dettes, donc je n’ai pas de ‘trauma’ de ce côté-là. Je suis libre et je vis avec ce que j’ai, mais avec beaucoup de restrictions aujourd’hui. Voilà un peu la réalité pour beaucoup de personnes âgées. » 

Un témoignage sobre, qui met en lumière la fragilité du pouvoir d’achat à la retraite, malgré une gestion prudente et l’absence de dettes.

 

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