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Preety, 14 ans : Aveugle, mais battante...

Preety Daby Preety Daby veut reprendre le chemin de l'école.

C’est l’histoire d’une jeune aveugle qui se bat depuis décembre pour obtenir un collège de son choix. En attendant, Preety Daby reste à la maison, impatiente de reprendre le chemin de l’école. Elle partage ses appréhensions, ses rêves et ceux de son père Dhanpersad.

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Pour Preety Daby la vie est loin d’être un long fleuve tranquille. Mais elle ne s’en plaint pas ! Au contraire, elle ne cesse d’exprimer son désir d’accroître son savoir-faire et d’aller à l’école. Certes, Preety est quelque peu timide mais elle sait très bien ce qu’elle veut dans la vie.

Depuis toute petite déjà, elle se donne à fond dans ses études. Elève au Centre Loïs-Lagesse, elle apprend le braille dès l’âge de cinq ans. Elle est fière d’avoir pu obtenir 11 unités aux examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC) l’année dernière. Elle veut maintenant aller au collège. Le hic, c’est qu’elle en a obtenu un qui ne lui convient pas. Elle souhaite être admise à la Mohun Parsad Sharma Jugdambi SSS de Goodlands du fait qu’il est plus proche de sa maison.

Papa courage

Dhanpersad Daby, 53 ans, est laboureur à Beau-Bassin. Il s’occupe seul de sa fille depuis que son épouse, diabétique, est décédée en 2014. « Quand je ne suis pas à la maison, je dois payer quelqu’un pour s’occuper de Preety. En ce moment, elle s’ennuie à la maison. Mo tousel konn mo problem ek ki kalite kriz ena dan mo lakaz. Certains pensent que mon combat est ridicule car le ministère a déjà octroyé deux collèges à mon enfant mais cela ne convient pas. L’un d’eux est mixte et l’autre est trop loin pour qu’elle y aille seule. Elle ne s’y adapte pas et je ne pourrai travailler tranquillement en sachant qu’elle doit faire un si long chemin. » Il crie haut et fort qu’il se battra jusqu’au bout pour sa fille unique. « Je ne serai pas toujours là et c’est maintenant que je dois faire de mon mieux pour elle. »

Professeur de braille

Apprendre à lire pour Preety est synonyme de voyager.

Pour Preety, aller au collège est l’occasion de réaliser son rêve. « Pour les aveugles comme moi, avoir l’occasion d’apprendre est une chance de pouvoir rêver. Lorsque nous apprenons à lire, nous voyageons. On ne peut pas voir avec nos yeux mais on peut imaginer. Depuis toute petite, j’ai été fascinée par l’univers du braille. La personne qui l’a créée est un génie. Moi aussi, je voudrais pouvoir utiliser cet outil et devenir professeur de braille », dit-elle. Son sujet préféré est l’anglais et quand elle n’a pas le nez dans ses bouquins, Preety se plonge dans la musique. « Mes chanteuses préférées sont Jane Constance et Céline Dion. Sinon, quand j’ai du temps libre, j’aime écouter la télé et j’arrive à bien comprendre ce qui se passe. »

«Madame la ministre, aidez-moi !»

Elle lance un appel à la ministre de l’Éducation pour que celle-ci intervienne et la fasse intégrer le collège de son choix le plus vite possible : « Madame, j’aime l’école et je veux réussir dans la vie. Aidez-moi. »

Sollicité, le responsable de communication au ministère de l’Éducation, Deenesh Seeharry, a fait ressortir que les autorités n'étaient pas restées les bras croisés. Il a énuméré les, mesures prises en faveur de l’élève, depuis la grande rentrée, dont l’attribution d’une place en Grade 7. « D'abord au Friendship College, ensuite au BPS Fatima, qui ne sont pas loin de sa résidence. Preety a bénéficié de la même considération que les autres enfants en situation de handicap. »

Il a aussi fait mention de la logistique mise à la disposition de l’élève par la Special Education Needs Unit du ministère, d’un service de carer et des facilités de transport au quotidien pour aller au collège. Dans la foulée, il invite le père de Preety à reprendre contact avec le ministère pour toute aide ou autre éclaircissement, si nécessaire. Il a aussi souligné  que tout parent devait s’assurer de la scolarité de son enfant, selon les dispositions légales.


Prof. Armoogum Parsuramen : «C’est un droit fondamental»

Le président de la Global Rainbow Foundation, le professeur Armoogum Parsuramen, offre un encadrement à Preety Daby depuis trois ans. Il est aussi à ses côtés pour qu’elle aille à l’école le plus vite possible. « Ses résultats sont brillants malgré les circonstances, et il faut faire ressortir que le MES ne lui avait pas alloué de collège à l’annonce des résultats à cause de son âge. C’est son père qui est allé faire des démarches dans ce sens au ministère de l’Education. » Selon Armoogum Parsuramen, il est important de respecter son choix. Et d'ajouter : « De notre côté, nous avons déjà préparé tous les équipements appropriés pour qu’elle puisse être admise dans ce collège. En tant que président de la GRF, ancien ministre et directeur de l’UNESCO, j’ai écrit une lettre au ministère de l’Éducation avec copie aux ministères de la Sécurité sociale, de la Justice, de l’Intégration sociale et de l’Equal Opportunities Commission. Je n’ai même pas reçu un accusé de réception. C’est aberrant. »


Le bureau de l’Ombudsperson for children enquête

Réagissant au cas de Preety Daby, Rita Venkatasawmy, qui défend les droits de l’enfant explique : « Il est important qu’un enfant en situation de handicap ait un collège de son choix. Preety a droit à l’éducation et nous maintenons qu’il faut respecter son choix. Il faut comprendre ce qu’est la discrimination positive. Dans ce cas précis, ni son âge, ni ses résultats (surtout après l’introduction du Nine Year Schooling) ne doivent être une raison pour lui refuser l’admission dans le collège qu’elle souhaite. Lors de notre enquête, nous avons constaté que ce collège convenait à cet enfant et je suis contente de savoir que la direction de l’établissement ne semble pas être contre son admission. »

Toutefois, selon Rita Venkatasawmy, l’enquête suit son cours. « Il y a certains points à éclaircir sur le refus du père de Preety concernant les collèges qui lui ont été attribués. Cependant, je précise que nous allons nous assurer que son droit à l’éducation soit respecté. »

 

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