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Pré-primaire - Gratuité : des attentes élevées en termes de qualité

La vice-première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun Luchoomun, participant au Policy dialogue, en marge du budget 2023-2024.

La gratuité des écoles pré-primaires à partir de 2024 à Maurice suscite des attentes d'amélioration pour le secteur public, tandis que les établissements privés continuent d'offrir des services de qualité. Le point sur la situation. 

Le 12 mars dernier, le Premier ministre Pravind Jugnauth a annoncé que les écoles pré-primaires seront gratuites à partir de janvier 2024. Cette mesure, considérée comme une priorité gouvernementale, s'inscrit dans la continuité de la réforme éducative entamée en 2016. Pour évoquer ce projet, la vice-première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun Luchoomun a rencontré dans l’après-midi du mercredi 3 mai, Renganaden Padayachy, le ministre des Finances. C’était lors de la rencontre du Policy dialogue, en marge du budget 2023-2024. 

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Ces deux ministères travaillent de concert avec l’Early Childhood Care and Education Authority (ECCEA) pour concrétiser la prise en charge par l’État. Celle-ci comprend le salaire du personnel (enseignants comme non-enseignants), des ressources pédagogiques nécessaires, le coût d’opération de l’école basé sur certains critères établis et le nombre d’élèves. Pour information, cette année, 18 900 enfants âgés de 3 à 5 ans ont été inscrits dans 685 écoles pré-primaires réparties dans les diverses régions de l’île. Parmi ces établissements, on dénombre 188 écoles publiques et 43 sous la responsabilité des municipalités et des conseils de district.

Leela Devi Dookun Luchoomun encourage vivement les partenaires du secteur privé à se joindre à la mise en place de la gratuité de l'éducation au pré-primaire. Selon elle, cette mesure permettra de finaliser le cycle de l'éducation gratuite à Maurice, allant du préscolaire jusqu'à l'enseignement supérieur. Elle souligne que la mise en œuvre de ce projet nécessitera un budget conséquent, mais elle est convaincue que cet investissement en vaut la peine. L'objectif est d'offrir à tous les enfants mauriciens des chances égales dès leur plus jeune âge, en leur garantissant l'accès à une éducation de qualité.

Des améliorations attendues

Certains parents peuvent être tentés de se tourner vers des écoles privées qui offrent des programmes plus élaborés et une attention plus individualisée pour leurs enfants, malgré les frais de scolarité élevés. D’autres parents peuvent préférer rester dans le système éducatif public, qui était déjà gratuit, en raison de la qualité de l'enseignement et de la proximité de l'école. Parmi, on retrouve Rashid. Ce père de famille, dont l'enfant fréquente une école pré-primaire dans le sud, explique les raisons qui l'ont incité à choisir cet établissement pour son fils. « Nous avons choisi cet établissement gouvernemental plutôt qu'une école privée, malgré leur abondance dans la région, pour une raison principale : nous sommes convaincus que notre enfant sera automatiquement admis en Grade 1, car cette école est très demandée. De plus, ma femme étant à la maison, nous n'avons pas à nous soucier de la garde de notre enfant après les heures de classe, il rentre donc directement à la maison ».

En revanche, Marie-France, une autre mère de famille, a opté pour une école privée qui offre un meilleur encadrement à sa fille. « J'estime qu'il y a une différence notable entre les écoles publiques et privées. Même si cela représente un coût important, soit Rs 6000, mon conjoint et moi sommes prêts à faire des sacrifices pour offrir à notre enfant une base solide, qui est essentielle pour son développement futur. Toutefois, nous sommes curieux de savoir ce que le gouvernement proposera ». 

D'autres parents, comme Marie-France, attendent avec impatience de découvrir ce que les autorités ont à offrir en matière d'éducation préscolaire gratuite, espérant que cela pourra répondre à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Le personnel des écoles maternelles publiques partage également cette attente. Sous le couvert de l’anonymat, une enseignante confie : « Le temps pluvieux pose souvent problème dans certaines écoles publiques, où les salles de classe ne sont pas toujours étanches. On doit s’organiser pour que les enfants ne soient pas trempés », indique-t-elle. Dans certains cas, nous avons également compris que la bureaucratie peut retarder la réparation ou le remplacement d'un objet cassé pendant plusieurs semaines. 

Une autre enseignante, qui travaille dans une école des Plaines-Wilhems, soulève une préoccupation importante concernant la garde d'enfants en dehors des heures de classe. « Il n'y a pas de service de garde dans les écoles publiques. Pour les parents qui travaillent, cela les oblige à se tourner vers les écoles privées qui offrent ces services moyennant paiement, mais également dans un environnement plus attractif pour l'enfant », indique-t-elle.

Programme d’études 

Artee Choytooa, présidente de l'Early Childhood Teacher's Union (ECTU) et forte de plus de 30 ans d'expérience dans le secteur, explique que les établissements publics suivent un programme d'études préparé par l'ECCEA. Elle explique que les enseignantes, au nombre de 200, travaillent dans l'intérêt des enfants selon les directives de l'autorité. Après la fin des classes, à 14h00, les puéricultrices restent à l'école jusqu'à 14h30 pour préparer le travail du lendemain. Dans certains cas, certains enfants restent à l'école jusqu'à ce que leurs parents ou les bus scolaires viennent les chercher.

Pré-primaire

Les atouts des écoles privées 

Les écoles du préscolaire privé sont très sollicitées par de nombreux parents. Ces derniers disent vouloir le meilleur pour leurs enfants. Ainsi, ils choisissent des écoles maternelles en fonction de leur service et de leur réputation. D’ailleurs, les derniers chiffres de l’ECCEA sont révélateurs, avec 13 816 enfants dans le privé, contre 5 084 dans les municipalités et les conseils de district.

Sana Mohung, responsable de l'école maternelle à Dukesbridge, le plus grand groupe d'écoles préscolaires privées à Maurice, souligne que les parents sollicitent le privé en raison de la qualité de service dispensée. « Les écoles publiques offrent une garantie d'emploi pour les enseignants indépendamment de la qualité de l'enseignement, tandis que les écoles privées sont soumises à une forte concurrence et doivent donc offrir un service de qualité pour attirer et retenir les enfants. Si la qualité de l'école baisse, les parents peuvent facilement transférer leurs enfants dans un autre établissement, ce qui crée une pression pour les écoles privées afin de maintenir un niveau de qualité élevé », fait-elle ressortir.

Ratio de 12 à 15 enfants

Notre interlocutrice explique que la recherche de qualité se reflète dans plusieurs domaines au sein des écoles maternelles privées. En effet, les responsables ont à cœur d’assurer la sécurité des enfants, ce qui se traduit souvent par des infrastructures et des équipements plus modernes. De plus, les classes sont généralement plus petites, ce qui permet une attention plus individualisée envers les enfants. Enfin, le matériel pédagogique est souvent plus moderne dans les écoles privées. 

« À Dukesbridge, notre ratio est de 12 à 15 enfants par éducateur. Avec des classes plus petites, les enseignants peuvent identifier et résoudre rapidement les difficultés d'apprentissage et les problèmes de comportement, créant ainsi un environnement sain », soutient Sana Mohung. 

La responsable ajoute que les écoles maternelles privées attirent généralement de bons enseignants. « Certains ont une expérience internationale et apportent des stratégies pédagogiques innovantes. Les écoles privées investissent généralement dans la formation de leur personnel. À Dukesbridge, nous avons une responsable de l'apprentissage, Mme Fayd'herbe, qui passe du temps dans les salles de classe, observe les enseignants, les évalue et leur donne ensuite un retour d'information approprié », ajoute-t-elle.

En outre, les enseignants des écoles privées bénéficient d'évaluations de performance régulières deux fois par an, ainsi que de formations continues pour répondre aux besoins éducatifs des enfants. De nombreux établissements privés ont également adopté la philosophie Montessori en tant que méthode d'enseignement. De plus, ils offrent souvent des services supplémentaires tels que la fourniture de repas pour les enfants, ainsi que des activités extrascolaires comme la natation, le ballet et le karaté pour une éducation plus complète.

 

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