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Pravind Jugnauth : «Il nous faut une bonne majorité au Parlement»

Le PM dit prôner la transparence et la bonne gouvernance.

Le Political Financing Bill requiert une majorité de trois quarts au Parlement. Majorité que le gouvernement n’a pas. D’où l’appel de Pravind Jugnauth pour qu’aux élections générales à venir, la population lui accorde une majorité plus importante lui permettant de « mettre de l’ordre dans le pays ».

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Le Premier ministre et leader du Mouvement socialiste militant (MSM), Pravind Jugnauth, appelle la population à lui donner une majorité plus importante aux prochaines élections générales. Cela, afin de « continuer à nettoyer le pays ». Il intervenait, le samedi 6 juillet 2024, lors de la réunion du comité central élargi du parti soleil, au bâtiment du Sun Trust à Port-Louis.

Le leader du parti orange défend fermement le projet de loi sur le financement des partis politiques, débattu en ce moment au Parlement pour la seconde fois avec quelques amendements, après une première tentative en juillet 2019. Il rappelle les efforts déployés pour parvenir à cette proposition législative. 

« La dernière fois que nous l’avons présenté, nous avons fait une série de consultations. L’opposition avait participé aux débats et exprimé certaines objections. Cette fois-ci, nous avons refait l’exercice. Le comité ministériel que j’ai présidé a discuté à fond. Nous avons pris certains points que nous considérons valables et les avons inclus dans le projet de loi que nous avons rendu public par la suite pour que tout le monde puisse donner son point de vue », explique le Premier ministre.

Il souligne l’importance de la transparence et de la lutte contre la corruption dans le financement des partis politiques. « Tout le monde comprend que nous avons besoin d’une réglementation du financement politique. J’aurais pu, en tant que leader d’un parti, prôner le statu quo, mais je veux de la transparence et que les élections se fassent de façon correcte, et je veux surtout combattre la corruption », affirme-t-il.

Le Premier ministre critique l’opposition pour son manque de contributions constructives aux débats parlementaires sur le projet de loi, citant notamment Paul Bérenger, leader du MMM. « Il n’a parlé que cinq minutes. Il n’a fait aucune proposition et a dit qu’il allait proposer une bonne loi s’il revenait au pouvoir. Est-ce lui qui va amener une bonne loi avec Navinchandra Ramgoolam ? Bérenger est noyé dans la boue aujourd’hui et après, il dit que nous jetons de la boue sur l’opposition ? Tout le monde a vu le fameux coffre contenant des millions de roupies et dollars », fustige-t-il.

Pravind Jugnauth assure vouloir une grande transparence : « Je suis moi-même leader, je reçois du financement. Nous le mettons dans un registre. Nous notons tout. Nous avons un compte en banque. Nous avons un registre de nos dépenses. »

Insistant sur l’importance d’une réglementation pour un pays moderne, il dénonce les pratiques de financement politique douteuses : « Contributions en dollars américains et plastifiés et qui sortent d’une banque étrangère ? Les gens l’aiment tellement ? Est-ce que les Mauriciens vont continuer à accepter cela ? Dans un pays moderne, on a besoin d’une réglementation. » Référence est ici faite au leader du PTr et ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam.

Projet à Agaléga

Évoquant la question d’Agaléga, le leader du MSM réfute les critiques de l’opposition. « Le peuple a eu l’information sur Agaléga, une réponse que j’ai donnée au Parlement. Quelles accusations n’avons-nous pas entendues sur Agaléga, alors qu’un pays ami a offert de donner en cadeau un nouveau quai et une piste d’atterrissage. Cela nous permet d’ouvrir la voie pour amener encore plus de développement et améliorer la qualité de vie des Agaléens. Mais Monsieur Bérenger, quand il est devenu Premier ministre, il a rencontré (NdlR, il cite ici le nom d’un homme d’affaires) et lui a dit : ‘Je te donne 25 arpents pour un hôtel, 87 arpents pour planter et faire du landscaping’. Là, il n’y a pas d’expression of interest ? Aucun appel d’offres ? Fait en catimini ! » Le projet, jamais concrétisé, mentionné par Pravind Jugnauth, date de 20 ans environ et a fait l’objet d’une question posée par le député MSM Salim Abbas Mamode, mardi dernier au Parlement.

Le Premier ministre conclut en réaffirmant la nécessité de cette loi pour assurer des élections justes et transparentes, tout en dénonçant les pratiques passées de l’opposition : « Pour que cette loi puisse être adoptée, il faut une majorité de ¾ et nous ne sommes pas assez nombreux. Peut-être que cela peut servir de leçon. Quand je reviens, je dois avoir une bonne majorité pour pouvoir continuer à mettre de l’ordre dans le pays. »

Il critique l’instabilité au sein de l’opposition, montrant du doigt les fréquents changements de leadership et les échecs des initiatives parlementaires : « Quatre leaders de l’opposition en cinq ans. Voilà leur stabilité. De vrais comiques ! Les PNQ d’Arvin Boolell et de Shakeel Mohamed ont été des fiascos. Leur stratégie consiste à jeter de la boue sur nous. » Pravind Jugnauth ne mentionne cependant pas Xavier-Luc Duval, qui a été le leader de l’opposition pour la plus grande partie du mandat de 2019 à 2024.

Le Premier ministre aborde également les critiques concernant la hausse des prix, expliquant que l’inflation est un phénomène mondial : « Ils font campagne sur les prix qui augmentent. Vous connaissez notre langage de vérité. Nous n’avons jamais dit le contraire. C’est le cas à travers le monde. Tous les pays connaissent l’inflation. Il y a des facteurs qui sont hors de notre contrôle. »

Il rappelle les performances économiques passées de l’opposition : « Qu’ont-ils fait de 2005 à 2014 pour compenser la population face à l’inflation ? Ils ont cassé des records. Il n’y avait jamais de population classée dans la pauvreté absolue, mais il a fallu créer cette catégorie sous le mandat du PTr. La dette publique et le chômage avaient augmenté. Il n’y avait des réserves en devises que pour six mois. Ce sont des faits. Les chiffres ont été publiés à l’époque par Statistics Mauritius et la Banque de Maurice. Voilà le bilan du PTr. Maintenant dans l’opposition, ils ont oublié cela et viennent vendre du rêve à la population. Ils rabâchent n’importe quoi et viennent avec des mesures farfelues. »

Political Financing Bill : suite et fin des débats ce mardi 

L’issue du vote semble déjà acquise, les députés de l’opposition ayant clairement dit leur opposition au Political Financing Bill, et à l’amendement constitutionnel qui va avec. Pourtant, ce mardi 9 juillet, au Parlement, les débats se poursuivront et prendront fin avec les interventions de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, et du Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme et du Logement, Steven Obeegadoo, avant le résumé du Premier ministre Pravind Jugnauth. Le texte de loi sera ensuite soumis au vote.

L’opposition dénonce le timing de la présentation du texte de loi, à quelques mois des élections générales, ainsi que l’absence de consultations élargies, entre autres. Les députés du Parti travailliste, du MMM, de Nouveaux Démocrates, du PMSD et Nando Bodha de Linion Moris ne voteront pas en faveur du texte sous sa présente forme. Conséquence : le projet de loi n’atteindra pas la majorité de ¾ requise pour son adoption.

On peut donc déjà entrevoir un scénario similaire à celui de juillet 2019, lorsqu’un texte de loi quasi-conforme avait été présenté à l’Assemblée nationale et n’avait pu obtenir la majorité nécessaire. Des débats, il ressort qu’après cinq ans, le nouveau projet de loi n’a pas pris en compte les propositions formulées par l’opposition de l’époque, avec très probablement le même résultat.

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