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Pravind Jugnauth comme Premier ministre : Succession logique ou escroquerie électorale ?

Pravind Jugnauth, au poste de Premier ministre sans passer par des élections générales : logique ou escroquerie électorale ? Le député MSM Maneesh Gobin et Patrick Assirvaden, président du PTr, se sont affrontés sur la question dans l’émission « Au cœur de l’info ».

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Maneesh Gobin: «On avait dit que Pravind Jugnauth serait PM durant la campagne électorale»

Se basant sur l’article 59 (3) de la Constitution, le parlementaire a sou­tenu que Pravind Jugnauth peut remplacer sir Anerood Jugnauth au poste de Premier ministre, car il est à la tête d’une majorité au Parlement. Il estime que le leader du MSM dispose de cette majorité, non seulement parce que son parti a une majorité de sièges, mais aussi en raison du soutien de ses partenaires en alliance, notamment le PMSD de Xavier-Luc Duval et le Muvman Liberater d’Ivan Collendavelloo.

Selon Maneesh Gobin, les leaders des différentes compo­santes de l’alliance gouverne­mentale auraient convenu, avant les dernières élections, que dans l’éven­tualité d’un départ de SAJ, ce serait son fils Pravind qui le remplacerait. Il avance que les dirigeants y auraient fait allusion durant la campagne électorale de 2014. « A oken moman pa ti kasiet sa », dit-il. Il évoque les enregis­trements qu’on peut écouter sur des réseaux sociaux, dont YouTube. « Tou ti klerman prezante a lelektora dan miting e interview. Tou sala ‘on record’ », laisse-t-il entendre.

Maneesh Gobin réfute les arguments selon lesquels sir Anerood Jugnauth va céder son poste de Premier ministre à son fils. « Suivant la Cons­titution, le Premier ministre demande à la Présidente de nommer, au poste suprême, la personne disposant d’une majorité. Et c’est Pravind Jugnauth qui dispose de cette majorité. Nou pe respekte la konstitision », souligne le député.

Maneesh Gobin pense qu’après le passage du témoin, sir Anerood Jugnauth pourrait continuer à servir le pays, soit en tant que backbencher, étant donné sa grande expérience.

Le parlementaire rappelle que notre Assemblée nationale s’inspire du système west­minstérien, selon lequel celui qui dirige une majorité de parlementaires est choisi comme Premier ministre. Ce qui fait dire à Maneesh Gobin que Pravind Jugnauth peut légalement occuper ce poste sans passer par des élections. À cet effet, il cite John Major, Gordon Brown et Theresa May, qui ont succédé respectivement à Margaret Thatcher, Tony Blair et David Cameron au poste de Premier ministre en Angle­terre sans passer par les urnes.

En ce qui concerne, le cas MedPoint, où le Directeur des poursuites publiques conteste le jugement de la Cour suprême en faveur de Pravind Jugnauth et a fait « une application for leave » pour que cette affaire soit entendue devant le Privy Council, Maneesh Gobin explique que, pour le moment, il se contente du jugement de la Cour suprême. « Zisman dir ki Pravind Jugnauth pa koupab. » Il attire aussi l’attention sur le fait que l’application for leave n’a pas encore été entendue.

Patrick Assirvaden: «Le poste de Premier ministre n’est pas un héritage»

Pour le président du Parti travailliste, en décembre 2014, l’électorat a choisi sir Anerood Jugnauth comme Premier ministre, et aujourd’hui, on ne peut aller contre le vœu du peuple en confiant ce poste à son fils. « Pos Premie minis pa enn leritaz », dit Patrick Assirvaden, qui ajoute : « Si Premie minis pa kapav tini so langazman, li bizin swazir donn eleksion zeneral. »

Le président du PTr a mis au défi Maneesh Gobin de montrer la bande sur laquelle on dit que Pravind Jugnauth sera Premier ministre en cas de désistement de son père. « Se premie fwa dan zistwar Maurice ki pe al met enn Premie minis ki pa  finn pass par veu lelektora », s’insurge-t-il.

Patrick Assirvaden affirme qu’en 2000, avec l’accord MedPoint entre le MSM et le MMM, selon lequel Paul Bérenger allait succéder à sir Anerood Jugnauth au poste de Premier ministre après trois ans, l’électorat avait eu son mot à dire. Selon lui, si l’Alliance Lepep avait dit qu’au cours du présent mandat, Pravind Jugnauth deviendrait Premier ministre, les résultats auraient été différents, l’électorat ayant fait confiance au duo SAJ/Lutchmee­naraidoo pour relancer l’économie du pays et créer des emplois.  

Le président du Parti travailliste se demande ce qui va se passer si le jugement du Privy Council est défavorable à Pravind Jugnauth, alors que celui-ci est déjà PM. « Li pou bizin ale, ki pou vinn Premie minist après ? »

Sir Anerood Jugnauth pourrait-il servir le pays comme simple député ? Pour Patrick Assirvaden, c’est la preuve que le chef du gouvernement peut encore servir le pays, mais qu’il se désiste pour donner son poste « en héritage » à son fils. Il est d’avis qu’on ne peut se cacher derrière la Constitution pour « offrir le poste de Premier ministre à Pravind Jugnauth ».

 

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