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Pradeep Dursun, COO de Business Mauritius : «Il faut un quantum réaliste, certains ne pourront pas suivre» 

La compensation salariale doit tenir compte des réalités économiques de chaque secteur, insiste Business Mauritius. Pradeep Dursun, son Chief Operating Officer, souligne que plusieurs secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, comme l’industrie manufacturière, le bâtiment, le BPO ou encore les PME, peinent déjà à supporter le poids grandissant de leur masse salariale. Il appelle à la prudence et plaide pour un montant réaliste.

Qu’est-ce qui ressort de cette première réunion sur la compensation salariale ? 
C’était une réunion technique. Statistics Mauritius a partagé le chiffre de l’inflation pour l’année. Maintenant que ce chiffre est connu, nous allons poursuivre les consultations avec nos membres, et par la suite, affiner nos positions. La rencontre de ce jour a été très animée. Chaque partenaire a eu l’occasion de s’exprimer, de présenter sa position, ses défis, ainsi que les points saillants qu’il juge importants. 

Justement, quelle est la position de Business Mauritius ? 
Au niveau de Business Mauritius, nous avons fait ressortir que sur les deux à trois dernières années, l’enveloppe salariale des entreprises a fortement augmenté. Cela est principalement dû à la révision conséquente du salaire minimum, ainsi qu’au paiement « one off » du 14e mois. Nous avons aussi mentionné que les autorités doivent prendre en compte les différentes analyses et rapports du gouvernement, notamment sur le mécanisme de fixation des salaires, afin qu’il soit aligné sur le nouveau modèle économique. 

Nous avons également souligné que les pratiques et réalités varient selon les secteurs. Par exemple, le secteur manufacturier, celui du bâtiment et des travaux publics, le BPO ou encore les PME sont des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre. Le coût de la masse salariale y a considérablement augmenté, et aujourd’hui, beaucoup d’entreprises ne sont plus en mesure d’absorber des augmentations conséquentes. 

Quel est l’avis de Business Mauritius sur le taux d’inflation de 3,7 % annoncé par Statistics Mauritius et contesté par les syndicats ?
Business Mauritius est respectueuse des institutions. Statistics Mauritius est une institution avec un mandat clair : la collecte de données et la production de statistiques officielles. Que ce soit au niveau de la méthodologie utilisée, des guidelines suivies ou des normes internationales appliquées, nous nous alignons toujours sur les données présentées par Statistics Mauritius. 

Pour plus de compréhension et de confiance dans les chiffres communiqués, il faudrait que Statistics Mauritius lance un literacy programme pour tous les stakeholders. 

Sur la base du taux d’inflation de 3,7 % annoncé par Statistics Mauritius, quelle serait votre estimation du coût total de la compensation salariale pour le secteur privé ? 
Selon une première estimation, en prenant comme base le taux d’inflation de 3,7 % et en appliquant la compensation « across the board », soit de manière uniforme à tous les salariés du secteur privé, le coût total de la compensation salariale s’élèverait à environ Rs 9,2 milliards.

La question du financement de la compensation salariale a aussi été abordée lors de la réunion. Dites-nous en plus…  
Nous avons posé des questions sur le financement de la compensation salariale, sur les formules possibles et sur l’impact global pour l’économie. Je dois dire que le ministre Reza Uteem a été très sensible à ces points-là et a bien pris en compte nos remarques. 

Il faut aussi reconnaître que, selon les secteurs, certains ont une marge de manœuvre et peuvent absorber ce coût additionnel. Mais d’autres auront à faire face à des problèmes sérieux : des soucis de trésorerie, des besoins de restructuration, ou encore seront dans le rouge.

Nous avons donc demandé qu’on soit prudent et qu’on puisse trouver un quantum réaliste, qui tienne compte de la capacité réelle de paiement des entreprises. Certains secteurs sont en souffrance et ne pourront tout simplement pas suivre. Nous sommes animés par un sentiment d’appréhension, mais aussi de vigilance. Il faut rester attentifs à ce qui peut être mis en place pour tenir compte de la capacité de payer des entreprises, leur efficience, et pour les rendre viables sur le long terme. 

Les fédérations syndicales avancent des propositions de compensation allant de Rs 855 à Rs 1 694, invoquant une forte érosion du pouvoir d’achat. Quelle est la position de Business Mauritius face à ces revendications et à leur impact potentiel sur les entreprises ?
Les syndicats ont fait leurs demandes sur leurs propres suppositions et calculs. Personne parmi eux n’a avancé de chiffres fondés sur des documents concrets. Ils ont leurs propres méthodes qui ne rejoignent pas la méthodologie que nous utilisons. Ils n’ont présenté aucun impact assessment. Ils ont avancé des généralités et ont souligné que le chiffre de l’inflation ne reflète pas la réalité. Nous ne remettons pas en question leurs chiffres, mais en ce qui concerne les montants qu’ils avancent, laissons les syndicats expliquer eux-mêmes comment ils sont arrivés à ces quantums. 

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