
Danny Philippe, de l’ONG Drip, estime que la légalisation du cannabis, avec des règles strictes, pourrait freiner l’économie parallèle et réduire l’impact des drogues synthétiques. Il insiste sur l’importance de l’éducation et d’une réglementation rigoureuse pour protéger les jeunes.
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«Il est temps d’aller vers la légalisation du cannabis, mais avec des restrictions sévères pour protéger les enfants », affirme Danny Philippe, de l’ONG Développement, Information, Rassemblement et Prévention (Drip). Dans les pays où le cannabis a été légalisé, l’accès est limité aux adultes d’au moins 21 ans sous peine de sanctions légales, souligne-t-il.
Dans un contexte où la drogue synthétique fait des ravages parmi les jeunes, il estime que le cannabis pourrait être utilisé comme alternative à moindre risque, à condition que son prix soit raisonnable. « Les drogues dures coûtent cher, poussant certains à se tourner vers les drogues synthétiques, un véritable piège infernal », explique-t-il.
Une légalisation encadrée, avec une réglementation stricte et un prix de vente accessible, pourrait freiner la propagation des drogues synthétiques. « Les vendeurs devront disposer d’un permis, et des règles très strictes devront s’appliquer, notamment en cas de vente à des mineurs », insiste Danny Philippe. Citant l’exemple de la Thaïlande, il rappelle que la consommation y est interdite aux moins de 20 ans ainsi qu’aux femmes enceintes. « Nous devons établir des règlements similaires, comme c’est déjà le cas pour l’alcool et la cigarette », ajoute-t-il.
Toutefois, il met en garde contre les failles des réglementations existantes. « Malgré les lois en place, des mineurs consomment encore de l’alcool et des cigarettes. Il faut des mesures plus sévères et une application plus rigoureuse des règlements », préconise-t-il. Il appelle également les parents à assumer leurs responsabilités en évitant d’acheter ces produits pour leurs enfants. « La vente au détail de cigarettes, bien que théoriquement interdite, persiste. Il faut une loi plus stricte à ce sujet », martèle-t-il.
Encadrer la consommation
Danny Philippe soutient que de nombreux pays légalisent le cannabis pour réduire les coûts engendrés par la répression et les sanctions pénales. Il cite le cas des Pays-Bas, où la réglementation du cannabis a contribué à limiter le nombre de consommateurs. Toutefois, il insiste sur la nécessité de prendre en compte plusieurs facteurs avant d’aller dans cette direction.
Danny Philippe évoque également les effets positifs observés dans certains pays ayant franchi le pas. « Même si la consommation de drogues dures ne disparaît pas totalement, certains ont réussi à abandonner des substances comme le ‘brown sugar’ pour mener une vie plus stable grâce au cannabis. » Toutefois, il insiste sur l’importance d’une consommation responsable. « Légaliser ne signifie pas que l’on doit en consommer à longueur de journée. Il faut un usage réfléchi, comme pour l’alcool et la cigarette », prévient-il.
Pour lui, c’est l’interdiction d’un produit qui crée souvent des problèmes. « Si l’alcool et la cigarette étaient interdits, leur qualité se détériorerait, exposant les consommateurs à des risques accrus », explique-t-il.
D’autre part, Danny Philippe estime que la légalisation du cannabis permettrait de mettre fin à une économie parallèle favorisant le blanchiment d’argent. Il évoque les saisies régulières de cannabis, qui témoignent d’une forte demande locale. Pourtant, aucune étude officielle ne permet de quantifier précisément le nombre de consommateurs dans le pays. Bien qu’il reconnaisse que la légalisation ne résoudrait pas entièrement le problème de la drogue, il estime qu’elle affaiblirait le marché noir. « L’argent généré par la vente légale du cannabis pourrait être réinvesti dans la prévention et la lutte contre la pauvreté », suggère-t-il.
Il rejette également l’idée que la légalisation banaliserait le cannabis chez les jeunes. « L’éducation et la sensibilisation doivent commencer dès la petite enfance pour informer sur les dangers des substances psychoactives », plaide-t-il. Il rappelle que le cerveau atteint sa maturité à 25 ans et qu’il est crucial de minimiser les risques avant cet âge. Plutôt que d’interdire, il prône des campagnes de dissuasion pour permettre aux jeunes de faire des choix éclairés.

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