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Pour les fêtes de fin d’année : le cabri pourrait coûter jusqu’à Rs 500 le demi-kilo

Les autorités suivent de près la propagation de la fièvre aphteuse (FMD) en Afrique du Sud depuis mai 2025.

À deux mois des festivités de fin d’année, une ombre plane sur un pilier culinaire mauricien. Le cabri et le mouton pourraient se faire rares, voire absents, sur les étals… ou alors être vendus à prix d’or. En cause : les nouvelles mesures sanitaires strictes imposées par le ministère de l’Agro-industrie afin de contrer la menace de la fièvre aphteuse.

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Le Conseil des ministres du 10 octobre a pris note de la propagation de la fièvre aphteuse (FMD) en Afrique du Sud depuis mai 2025. Pour éviter toute contamination du cheptel mauricien et de la population de cerfs, le ministère de l’Agro-industrie a adopté une approche de précaution maximale : désormais, 100 % des animaux vivants importés d’Afrique du Sud – bœufs, moutons et cabris – doivent subir deux tests sanguins, contre seulement 10 % auparavant.

Jusqu’ici, seul le test NSP était requis. Mais cette année, les autorités mauriciennes exigent en plus le test SPCE, conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé animale (WOAH). L’objectif : garantir une traçabilité totale des animaux importés. Mais pour les opérateurs du secteur, cette décision a un impact économique majeur.

Lors d’une réunion tenue le 13 octobre, le ministre de l’Agro-industrie Arvin Boolell a été catégorique : « La santé animale et la sécurité de la population priment sur toute autre considération. Nous ne prendrons aucun risque avec la fièvre aphteuse ».

Le ministre a confirmé le maintien intégral du protocole à 100 %, tout en invitant les importateurs à explorer d’autres pistes régionales et à diversifier leurs sources d’approvisionnement. Dans le pire des cas, a-t-il ajouté, les consommateurs devront se tourner vers d’autres types de viande, notamment le poulet.

Coût insoutenable

Pour Socovia Ltd, principal importateur mauricien de bétail sud-africain, cette mesure équivaut à un véritable coup d’arrêt commercial. 

« Nos cargaisons proviennent exclusivement de zones certifiées FMD disease-free par les autorités sud-africaines, notamment le Northern Cape et le Western Cape. Jusqu’à présent, seuls 10 % des animaux faisaient l’objet d’un test sanguin », explique Sheik Fadil Surally, directeur de la société.

Sur une cargaison moyenne de 6 000 têtes, seuls 600 animaux étaient testés auparavant, pour un coût d’environ Rs 672 600. Avec la nouvelle exigence d’un dépistage intégral, la facture bondirait à Rs 34,6 millions. « Ce coût astronomique se répercuterait directement sur les prix. Le kilo de cabri sur patte augmenterait d’environ Rs 144, soit Rs 5 766 supplémentaires par tête. Ce serait tout simplement inabordable pour la majorité des consommateurs », déplore-t-il. Face à cette impasse, Socovia a décidé de suspendre temporairement ses importations.

L’entreprise plaide pour un retour au système précédent, avec des tests limités à 10 % de la cargaison. « Trouver d’autres sources d’approvisionnement en si peu de temps est irréaliste. Nous avons entamé des démarches auprès d’autres pays africains, mais les contraintes logistiques et sanitaires sont trop lourdes. Nous redoutons une pénurie et une flambée des prix à l’approche des fêtes », prévient Sheik Fadil Surally.

Il avance également une proposition alternative : prolonger la quarantaine totale à 38 jours – soit 14 jours en Afrique du Sud, 10 jours en mer et 14 jours à Maurice – afin de renforcer la sécurité sanitaire sans multiplier les tests coûteux.

La balle est désormais dans le camp du ministère de l’Agro-industrie. Entre impératif sanitaire et pression économique, la question s’annonce délicate. Car priver les Mauriciens de cabri et de mouton en période festive est une « patate chaude » politique qui risque de très mal passer. « Le cabri, ce n’est pas qu’un plat, c’est une tradition », rappelle un boucher du marché central. Cette année, pourtant, la tradition risque fort de laisser un goût amer.

Rappelons que lors du Qurbani de juin 2025, le ministère avait initialement imposé le test NSP sur 100 % de la cargaison, avant de revenir à 10 % après négociations avec l’importateur. Reste à savoir si cette flexibilité sera, une nouvelle fois, accordée.

 

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