Les ingénieurs de la Road Development Authority envisagent de construire un pont sur pilotis sur un tronçon de 300 mètres de Ripailles à Valton, où une rivière vient d’être découverte sur le ‘bedrock’ (substrat rocheux).
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Des analyses sont en train d’être effectués par les ingénieurs de la RDA. Ils sont à pied d’œuvre depuis que cette rivière a été découverte sur le ‘bedrock’(NdlR : une fouille du sol en profondeur jusqu'à ce qu'on atteigne la base faite de rochers durs sur lesquels reposeront des pilotis), indique un proche du dossier. Et de souligner : « Une des solutions qu’ils comptent entreprendre, c’est de construire un pont sur pilotis sur le tronçon pour éviter tout débordement. Les structures (pilotis) seront installées sur le ‘bedrock’ afin que l’eau ne soit plus stagnante. Il faut impérativement que l’eau suive son cours normal sans être stoppée par des obstacles, comme la terre. »
Notre source affirme également que si l’eau est stagnante alors la terre restera humide et le risque qu’il y ait un glissement est bien réel. « Tous ces travaux seront faits avec la construction de ce tronçon de 300 mètres. Actuellement, l'entrepreneur qui effectue les travaux a creusé cette route et, quand le remplissage sera fait, tout sera aux normes afin qu’on ait une route sûre. »
Concernant le glissement qui vient d’avoir lieu, les mardi 9 et mercredi 10 janvier et, compte tenu du risque de glissement de terrain dû à la pente, l'instabilité dans cette zone est très probable. « Du coup, une solution permanente sera mise en place avec l’approvisionnement d'urgence avec l’entrepreneur. Cela consistera à fournir des mesures supplémentaires telles que le ‘shotcrete’, qui est un béton à pression lors du coulage, afin de créer des drains horizontaux pour l'évacuation des eaux souterraines pour améliorer la stabilité de la pente dans les pires conditions. Ces travaux seront effectués en direction du Nord à environ 400 m du rond-point de Ripailles. Les mêmes travaux seront faits à environ 475 m du rond-point de Ripailles où d’autres glissements se sont produits », nous dit notre source.
De Rs 2 milliards à Rs 4,3 milliards… pour rien !
On n’en finit plus de débourser pour la l'autoroute Terre-Rouge / Verdun. Le tout pour des résultats catastrophiques. Au départ, le projet Terre-Rouge / Verdun ne devait coûter que Rs 2 milliards. Finalement, il aura coûté Rs 4,3 milliards, sans compter les sommes qu’il faudra éventuellement investir dans les futurs travaux.
Pour les origines du projet, il faut remonter à 2005. L’idée alors est de construire une route qui contourne Port-Louis en reliant le Sud et l’Est du pays au Nord. À cette étape initiale, elle s’appelle encore Malenga /Crève Coeur Road, avec un tracé qui traversait Montagne-Longue sur 4 km, entre autres. Par la suite, le gouvernement travailliste, qui prendra la relève du MSM/MMM, décide d’apporter sa touche. Le consultant Luxconsult conseille de prendre en considération les développements futurs dans la région d’Ébène et de Moka. Le nouvel alignement, celui de Terre-Rouge /Verdun, est alors proposé.
Du coût initial qui devait être de Rs 2 milliards, le gouvernement s’est en fait retrouvé à payer Rs 3 milliards au constructeur Colas. Le consultant pour le projet, EGIS BCEOM, a, pour sa part, empoché Rs 120 millions. Il faut ajouter à cela le paiement de Rs 93,3 millions fait à Colas après des réclamations de Rs 500 millions de la firme. C’est un arbitre indépendant qui a finalement tranché pour la somme de Rs 93 millions.
En 2013, surviennent les glissements de terrain contraignant la Road Development Authority (RDA) à en faire un projet en deux phases, la deuxième étant dédiée à la section menacée par les éboulements. C’est la firme chinoise qui décroche le contrat de Rs 800 millions pour sécuriser un tronçon long de 2,5 km en direction du Sud de la nouvelle autoroute. Mais les travaux seront stoppés momentanément en janvier 2015. Un plus gros morceau attend les autorités : l’effondrement de la route.
La réparation de la route, avant sa réouverture complète, a coûté Rs 300 millions. Les rapports d’experts rédigés au préalable ont aussi coûté de l’argent. La firme GETS a touché Rs 7 millions, alors qu'ARQ Ltd, de l’Afrique du Sud, a déboursé Rs 1,6 million. Au total, le gouvernement aura décaissé Rs 4,3 milliards, sans réussir à résoudre le problème.
Prem Saddul, géomorphologue avait prévenu des risques : le tronçon connu pour ses ruissellements souterrains
Les ruissellements souterrains entre Ripailles et Valton étaient connus depuis plus de huit ans. C'est le Professeur Prem Saddul, géomorphologue, qui avait averti l'ancien gouvernement des risques d'effondrement sur ce tronçon à cause de la nature du terrain.
En 2010, le géomorphologue avait adressé une lettre au ministère des Infrastructures publiques avec copie au ministre d'alors. Cette correspondance faisait état de colluvial soil, un phénomène qui surgit sur des domaines de cendres volcaniques.
En effet, une étude poussée du scientifique dans cette zone établie qu'une irruption volcanique pyroclastique a déposé des cendres dans cette région. Le Professeur Prem Saddul souligne que le terrain entre Ripailles et Valton est comme du pain rassis.
« C'est dur, mais une fois qu'on y rajoute de l'eau, le terrain gonfle et s'effrite. Dans cette région, il en est de même », nous confie le scientifique.
En outre, les ruissellements souterrains, ce que notre intervenant appelle « coluvion » et « solifuxion », sont un phénomène habituel dans cette zone. L'eau ruisselle entre les couches perméable et imperméable du sol lors d'averses. Ce qui rend le terrain instable. « Toute construction y est interdite à moins de bien sécuriser le terrain. » Des cendres volcaniques ont été déposées dans la région de Valton, Ripailles, Les Mariannes et Crève-Cœur, selon le scientifique.
Or, la lettre et des schémas avaient été envoyés au ministère des Infrastructures publiques à l'époque, affirme le Professeur Prem Saddul. Ce dernier avait recommandé que la route ne passe pas par cette zone, mais par La Laura, en longeant la chaîne de montagnes de Moka. Toutefois, les avis du scientifique n'auraient pas été retenus.
« Je ne me souviens pas de cette lettre », souligne Anil Bachoo, ancien ministre des Infrastructures publiques. Et d'ajouter que des travaux de renforcement des parois de la route avaient été entrepris. Toutefois, le Professeur Prem Saddul estime que les voies en direction de Verdun sont sécurisées à la suite des travaux menés depuis 2015.
« . Si cela ne tenait qu'à moi, j'aurais condamné cette route », affirme le Professeur Prem Saddul. En mai 2016, ce dernier a remis un rapport complet à la Road Development Authority (RDA) sur le tronçon entre Ripailles et Valton. L'organisme avait commandité une étude et le scientifique avait soumis des recommandations à la RDA. « Je ne peux toutefois pas révéler la teneur de ce rapport », affirme le géomorphologue.
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