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Poulet frais : vers un retour à la normale à la fin de septembre 

A partir du mois prochain, le poulet frais devrait être disponible en quantité suffisante pour répondre à la hausse de la demande. Entre-temps, le ministère de l’Agro-industrie a engagé des pourparlers avec plusieurs pays avant d’autoriser l’importation de poulet.

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Le contexte

Depuis plusieurs semaines, le poulet frais a commencé à se faire rare au marché central. Cette pénurie s’est étendue à d’autres points de vente. Ce qui a causé une certaine panique auprès des consommateurs car cette situation est intervenue juste après la pénurie d’œufs.

La cause derrière cette situation 

Tout serait lié à la consommation du poulet. La consommation mensuelle de poulet (frais /surgelé) est de 3 000 tonnes à Maurice. Ce qui représente 2 millions d’unités (poulet). Or, ces dernières semaines, il y a eu une demande supplémentaire pour environ 300 tonnes. La consommation est donc passé de 3 000 tonnes à 3 300 tonnes par mois. Au niveau de l’Association of Mauritian Manufacturers, on parle plus de « déséquilibre du marché » que de « pénurie ». « Tout indique que nous sommes dans un épisode temporaire de déséquilibre du marché, sur le poulet frais uniquement…  Il ne s’agit pas d’une pénurie, mais bien d’un déséquilibre du marché causé par une hausse dans la consommation », affirme Shirin Gunny, CEO de l’Association of Mauritian Manufacturers.

Une dizaine de demandes d’importation

Face à la situation, les autorités ont donné leur aval pour importer du poulet. Il y a eu une dizaine de demandes d’importation pour le poulet à ce jour, indique Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-Industrie. Ces opérateurs, pour la plupart des revendeurs de poulet, envisagent d’importer 300 tonnes de poulet. « La plupart de ces demandes concernent l’importation dans des pays tels que la Turquie ou encore l’Afrique du Sud. Ces pays ne figurent pas dans la liste des pays où nous autorisons l’importation de poulet notamment la France, la Belgique, la Hollande et le Brésil », avance le ministre.  Et d’ajouter : « Nous devons nous assurer que les normes sanitaires de ces pays soient aux normes afin d’éviter des maladies en vue de protéger notre production locale. Nous avons entamé des échanges avec ces pays pour avoir de plus amples informations. Les procédures d’importation sont donc en cours jusqu’à qu’on ait tous les documents en main. »

Les 5 raisons derrière la demande supplémentaire 

  • Un pic dans la consommation du poulet de manière globale. 
  • Un « shift » des consommateurs vers le poulet frais. 
  • Une baisse de production chez certains éleveurs au cours du dernier mois, notamment sur les poussins mis en ferme. 
  • Face à l’augmentation généralisée des prix, les consommateurs se tournent de plus en plus vers le poulet, une option plus abordable.
  • L’essor du tourisme, avec une hausse de près de 10 % des arrivées entre juin et juillet, a également alimenté la demande (Ndlr : 82 208 touristes en juin 2023 vs 88 416 touristes en juin 2024 ; 107 832 touristes en juillet 2023 vs 117 224 touristes en juillet 2024). 

IL A DIT 

Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-Industrie : «La situation commence à se normaliser»

mahenMahen Seeruttun a été au marché ce dimanche pour constater de visu si les revendeurs avaient suffisamment de poulet sur les étals pour satisfaire la demande. « C’était le cas ! La situation commence à se normaliser. D’ailleurs, les gros producteurs de poulet ont pris des actions pour qu’on ait le volume nécessaire. Ils ont assuré que tout retournera à la normale dans les deux semaines qui suivent », avance le ministre de l’Agro-Industrie. Il met cependant en garde les revendeurs qui « voudraient profiter de la situation pour augmenter les prix. 

Questions à Shirin Gunny, CEO de l’Association of Mauritian Manufacturers : «L’offre entre le poulet frais et le surgelé sera bientôt rééquilibrée» 

shirinQuelle est la situation actuelle sur le marché du poulet ? À quand la fin de la pénurie de poulet ?
Il n’y a pas de problème d’approvisionnement du poulet surgelé. Nous disposons d’un stock de sécurité suffisant pour le surgelé. Les producteurs, au sein de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM), à savoir Inicia, Avipro et Innodis, soit trois des quatre principaux producteurs de la filière avicole, mettent tout en œuvre pour combler le déficit en poulet frais. En augmentant la production et en améliorant la distribution, ils s’attendent à rééquilibrer l’offre entre le poulet frais et le surgelé dans les points de vente d’ici la fin de septembre. 

Quelles sont les dispositions prises par les producteurs pour palier tout manque sur le marché local ?
Notre priorité est de rétablir l’équilibre du marché. Depuis deux semaines, nous augmentons la cadence de production et de distribution de poulet frais, surtout pour que les petits éleveurs puissent continuer à approvisionner leurs clients, dans les bazars, les foires etc. Par exemple, certains producteurs ont augmenté la fourniture de poussins par plus de 30 % pour les petits éleveurs.  Nos producteurs ont également mis en place une distribution adéquate pour l’ensemble des secteurs qui forment l’univers du poulet à Maurice. Ils livrent à l’ensemble des détaillants, y compris les commerces traditionnels. Nos membres ont augmenté leur capacité de production et revu les cycles de production pour répondre à cette hausse dans la demande. Toutes leurs ressources sont mobilisées. Ils encouragent aussi certains grands clients à acheter du poulet surgelé afin de converger un volume plus grand de poulet frais dans le secteur traditionnel.

L’importation de poulet surgelé pose deux types de risques : sanitaire et économique.» 

Que pensent les producteurs de l’intention des autorités d’importer du poulet surgelé d’autant plus que le ministère a reçu à ce jour une dizaine de demandes ?
Suite à une réunion le 19 août dernier entre le ministre de l’Agro-industrie, l’AMM, et les principaux producteurs avicoles mauriciens, un plan d’action a été mis en place pour rétablir l’équilibre du marché. Les producteurs au sein de l’AMM - Inicia, Avipro et Innodis - se sont engagés à augmenter leur production afin de répondre à la demande croissante. Parallèlement, le ministère a annoncé qu’il se tournera d’abord vers l’AMM et ses producteurs, avant d’envisager des importations. Depuis cette réunion, l’AMM et le ministère échangent régulièrement pour suivre l’évolution de la situation et ajuster l’offre en fonction de la demande.

L’importation de poulet surgelé pose deux types de risques : sanitaire et économique. Nous avons une filière sûre du point de vue sanitaire. Nos producteurs respectent des normes extrêmement élevées de sécurité alimentaire comme l’ISO 22000 ou le HACCP, entre autres.  

La filière avicole mauricienne met en œuvre un protocole de biosécurité exemplaire, comprenant un nettoyage et une désinfection réguliers des bâtiments d’élevage, un contrôle strict des accès, des mesures d’hygiène rigoureuses pour le personnel et les visiteurs, et une vaccination systématique des volailles contre les maladies aviaires les plus courantes. En outre, notre pays a fait le choix de bannir l’utilisation d’antibiotiques dans l’élevage, assurant ainsi une viande sans résidus médicamenteux et répondant aux attentes des consommateurs en matière de santé et de bien-être animal. Ces pratiques rigoureuses, associées à une surveillance sanitaire renforcée, font de la production avicole mauricienne une référence en matière de qualité alimentaire. 

Du point de vue économique, une telle concurrence déloyale risque d’entraîner la destruction d’un tissu économique local souvent ancré dans les régions rurales à Maurice. Ce sont surtout les petites exploitations dans les villages mauriciens qui seront les plus perdantes. Au-delà des pertes d’emplois directs et indirects, c’est toute une filière, de l’amont à l’aval, qui pourrait être fragilisée, avec des conséquences négatives sur la biodiversité, la qualité de l’alimentation et la souveraineté alimentaire.

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