Dépit, colère, résignation… Autant de sentiments qui animent des commerçants de la capitale, notamment des rues Sir William Newton et Farquhar, à la suite des inondations provoquées par les pluies torrentielles lundi. Les pertes sont conséquentes, disent-ils.
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13 h 30 en ce mardi 7 mars. Au lendemain des grosses pluies, la frustration se fait sentir dans la capitale. Des mares de boue sur le sol des magasins, des marchandises complètement endommagées... En levant les volets, des commerçants des rues Farquhar et Sir William Newton sont tombés des nues.
Pour Shabneez (prénom d’emprunt), 45 ans, propriétaire d’un magasin de souvenirs à la rue Sir William Newton, la journée a été consacrée au grand nettoyage. « D’habitude, on commence à travailler à 9 heures. Et aujourd’hui (NdlR, hier), c’est à 13 h 15 que nous avons ouvert nos portes aux clients. Cela équivaut à une journée et demie de travail perdue depuis hier (NdlR, lundi). Nous n’avions d’autre choix que de fermer le matin pour nettoyer la boue du magasin », relate la commerçante, dépitée.
Chez ces commerces répétitivement affectés par la montée des eaux, la peur de perdre leur investissement est réelle. « La dernière fois, nous avons dû ramener les vêtements salis par l’eau boueuse pour les laver à la maison. Depuis, nous n’exposons plus nos produits aux endroits où le niveau d’eau pourrait les endommager. Cette situation provoque un stress constant chez nous », dit-elle.
Reaz, commerçant de 40 ans, montre du doigt les failles dans le système de drainage. Il affirme que ces épisodes de montée des eaux se seraient aggravés depuis quelques années. « Aujourd’hui, il ne faut que quelques heures de pluies pour que nous soyons victimes des accumulations d’eau. Et le problème de la montée des eaux provenant du Caudan Waterfront s’est aggravé depuis les nouvelles constructions liées au métro et au passage souterrain, car il n’y a pas de système d’évacuation », fustige-t-il.
Il dit avoir vécu un cauchemar avec la montée des eaux du lundi 6 mars. « Nous avons été obligés de fermer nos magasins. Les clients avaient peur d’entrer. Et nous avions nous-mêmes peur de ne pas en sortir vivants. »
Devant l’ampleur des pertes, le commerçant parle d’un « nouveau coup de massue ». « Encore une fois, une partie de mes vêtements ont été endommagés par les eaux usées qui ont envahi mon magasin. Je n’ai d’autre choix que de m’en débarrasser. D’ailleurs, même après avoir nettoyé le magasin ce matin (NdlR, hier), on sent encore cette odeur nauséabonde et l’air est humide. Sinon, comme vous pouvez le constater, j’en ai mis quelques-uns à sécher au soleil », nous indique-t-il en désignant du doigt quelques vêtements exposés sur une chaise au milieu de la rue.
Constat accablant également pour Abdul Cader Dilmohamed, 70 ans, dont le magasin se trouve en face de celui de Reaz. Il confie avoir été surpris par la montée des eaux qui ont envahi son magasin en un clin d’œil. « On a dû tout laisser et fermer le magasin. L’eau était au niveau de nos genoux. C’était effrayant ! »
S’il n’a pas encore fait une estimation de ses pertes, celles-ci seraient conséquentes, déclare-t-il.
« On peut déjà constater à l’œil nu qu’une partie considérable de nos marchandises sera irrécupérable. C’est une situation pesante pour nous, d’autant que nous avons perdu deux journées de travail. Pour nous, le temps est désormais synonyme d’inquiétude. »
Plus loin, Kumar (prénom d’emprunt), 50 ans, qui tient un magasin de souvenirs, n’est pas mieux loti. C’est vers 14 h 15 qu’il a terminé le grand nettoyage de son magasin. Cependant, il n’a pu sauver grand-chose. « Tous mes meubles et mon ordinateur ont été complètement endommagés. En sus, perdre deux jours de travail n’est pas bon pour les affaires. »
Ces commerçants affichent tous leur ras-le-bol face à « l’inaction » des autorités concernées. Et déplorent, dans la foulée, un manque d’assistance. « Nous aurions pu éviter les dégâts causés aux magasins dans les alentours. Ce n’est pas acceptable ! » tonnent-ils. « Il faut faire appel à des ingénieurs qualifiés », suggère Kumar.
Pravind Jugnauth : « Nous continuons de construire des drains »
Il n’a pas manqué d’être interrogé sur la montée des eaux dans la capitale, lundi. « Nous continuons de construire des drains », a répondu le Premier ministre, hier, à l’issue de la cérémonie d’inauguration de la phase 2 de la Link Road qui reliera La Vigie, La Brasserie et Beaux-Songes.
Pravind Jugnauth a toutefois précisé qu’il faut se montrer patient. « Cela prend du temps de concevoir les drains car il y a des spécificités à prendre en considération. Les exercices de ‘procurement’ prennent du temps. Nous devons aussi faire face à des problèmes liés à l’acquisition des terrains », a-t-il dit.
Le chef du gouvernement a évoqué le changement climatique qui n’épargne pas Maurice, lequel reçoit beaucoup de pluie en très peu de temps. « En une heure, nous voyons la quantité de pluie enregistrée », a-t-il ajouté avant de demander : « Ki grander drin ki kapav konstrir osi pou evakie delo ? »
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