« Après le défilé de protestation contre les amendements votés à l’IBA Act, il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin pour que la liberté d’expression prime ». Selon des observateurs, « il est important de maintenir la pression et alerter l’opinion internationale sur ce qu’on qualifie d’atteinte à la démocratie et d’acte anticonstitutionnel ».
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L’avocat Dev Ramano fait partie de ceux qui ont exprimé des réserves contre la nouvelle loi sur l’IBA. Il était présent au défilé organisé par la Plateforme pour la liberté d’expression. Selon lui, « il faut continuer à maintenir la pression en attendant d’avoir recours à une bataille juridique ». « Il faut que les journalistes se mobilisent avec d’autres forces citoyennes par la voix de la rue pour créer le rapport de force nécessaire pour faire reculer l’appétit gargantuesque pour l’autoritarisme du pouvoir en place », dit l’homme de loi.
Dev Ramano poursuit que cela fait des décennies qu’il y a « constamment des attaques sur la liberté d’expression et les journalistes ». Il cite l’exemple de 1984 où sir Anerood Jugnauth imposait la Newspapers and Periodicals Act, exigeant une garantie financière de Rs 500 000 aux journaux pour pouvoir opérer. « Cela avait soulevé un tollé populaire à l’époque par les journalistes, par l’entremise de l’Association des Journalistes de Maurice, comme fer de lance. Quarante-quatre journalistes et autres citoyens étaient arrêtés, dont le père Souchon. La voix de la rue avait réussi à pousser le Premier ministre d’alors à jeter cette loi arbitraire aux orties », se rappelle Me Ramano.
L’avocat, aussi observateur social et politique, dira que dans l’histoire de notre pays, « tous les partis traditionnels sur l’échiquier politique local sont des champions de la liberté d’expression quand ils sont dans l’opposition, mais deviennent des carpes agréées quand ils jouissent des maroquins du pouvoir et s'y sont opposés ». « Il faut alors, dit Me Ramano, insister que dans cette lutte citoyenne contre les amendements de l’IBA Act, les journalistes doivent être à l’avant-garde. Il ne faut pas courber l’échine et reculer. Il faut qu’ils soient le fer de lance de ce combat appuyé par les autres forces citoyennes ».
Continuer la lutte
Me Lovania Pertab, présidente de Transparency Mauritius, souligne qu’une fois une loi votée, « nous voyons mal un gouvernement y amenant tout de suite des amendements ou demander de l'abroger. « Cette loi va être qualifiée comme une loi anti-démocratique et risque d'avoir des effets néfastes dans les classements internationaux », est-elle d’avis.
Me Pertab soutient que, « pour le principe, oui, il faut maintenir la pression et faire comprendre leur action. Toutefois, Transparency Mauritius est apolitique et donc parfois marche seule dans sa démarche », précise la présidente de l’instance.
L’activiste du Forum Citoyens Libres, Georges Ah Yan connu ses luttes sans relâche contre les injustices, a eu la chance de présider le défilé, samedi dernier. S’il s’est engagé à militer contre cette nouvelle loi, c’est parce que c’est « anticonstitutionnel ». « On est venu avec cette loi, alors que ce n’est pas une priorité. On a exprimé nos réserves qui n’ont pas été prises en compte », dénonce-t-il.
L’activiste explique que la Plateforme pour la liberté ne compte pas s’arrêter là. « Une rencontre est prévue cette semaine. On va faire le bilan du défilé et décider des autres actions à prendre. Une chose est sûre, on va continuer cette lutte », conclut-il.
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