Post-Batsirai - Prix des légumes et fruits locaux : la hausse varie entre 25 % et 30 %

Face à la forte augmentation des prix des légumes et fruits locaux, le consommateur a le choix entre acheter des produits locaux à un prix plus élevé ou opter pour des produits de substitution, notamment des surgelés. Combien ça coûte ? Le point. 

Coup dur pour les consommateurs. Les dégâts causés par le cyclone Batsirai auront un impact sur le coût des fruits et légumes locaux à partir de la semaine prochaine. Les Mauriciens devront  débourser plus pour acheter leurs légumes et fruits frais. 

Une hausse de 25 % à 30 % sur le prix des légumes et des fruits est en vigueur depuis le vendredi 4 février 2022. Selon nos intervenants, l’augmentation dépend de l'offre et de la demande. S’il y a moins de légumes locaux, il est clair que le prix va augmenter. « Aussi longtemps qu’il y aura de fortes pluies, ne permettant pas de nouvelles cultures, la situation ne va pas s'améliorer. Ces prix seront maintenus. Aussi, les prix des légumes dépendent des régions », souligne Kreepaloo Sunghoon, porte-parole de la Small Planters’ Association. « Plusieurs champs ont été ravagés. La production est en baisse et les prix ont déjà accusé une hausse cette semaine », dit-il. 

Raffick Chattaroo, président de la Mauritius Planters Association, qui réunit plus de 3500 membres à travers l’île, abonde dans le même sens. « Des planteurs de légumes sont découragés. Le coût de la production a augmenté depuis la pandémie et les récentes grosses pluies ont détruit les champs prêts pour la récolte. Une pénurie sur le marché est à prévoir », dit-il. 

« En raison d’un manque de financement, plusieurs planteurs vont abandonner leurs champs. Il sera difficile de travailler à perte. La faillite se profile à l’horizon », préviennent les associations. 

Plus de 80 % de champs ont été dévastés durant le cyclone Batsirai et le coût est énorme pour tout replanter. « Cela nécessitera du temps », fait-on comprendre. Selon les membres de ces deux associations, « le coût des fertilisants a aussi connu une majoration en raison de l’augmentation du coût du fret ». Ce sera pareil pour les prix des légumes importés. « Non seulement le coût du fret a pris l’ascenseur, il faut aussi considérer la dépréciation de la roupie ». 

« Dans une situation aussi difficile, il vaut mieux se concentrer sur la relance de la production locale pour répondre à la demande du marché, tout en réduisant notre dépendance sur l’importation », souligne-t-on. 
Plan d’aide pour les planteurs

Raffick Chattaroo estime que le gouvernement devrait fournir des incitations appropriées pour encourager les planteurs à se lancer dans l’agriculture protégée (sheltered farming), mais cela a un coût. Il juge aussi important « d’avoir une nouvelle assurance agricole pour aider les planteurs qui sont financièrement touchés par le changement climatique, les fortes pluies et le cyclone ». 

Au niveau du ministère de l’Agro-industrie, on nous informe que le Small Farmers Welfare Fund (SFWF) et le Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI) ont fait une évaluation des pertes encourues par les planteurs après le passage du cyclone Batsirai. Ces planteurs doivent remplir un formulaire de déclaration des pertes subies dans leurs champs ou structures abritées et le montant de la compensation leur sera communiqué ultérieurement, indique-t-on. 

Les surgelés ont la cote 

En raison des récentes fortes pluies, les légumes frais se font rares sur les étals. D’ores et déjà, les prix à la hausse poussent les consommateurs vers les rayons des produits alternatifs. C’est-à-dire des légumes surgelés. Uttam Sumaroo, secrétaire général de Masters Express, constate qu’il y a une augmentation dans la vente des légumes surgelés. Les légumes, pois, maïs, haricots, épinards et brocolis surgelés sont très prisés par les Mauriciens. Les consommateurs se tournent vers ces surgelés en raison des prix et de leur indisponibilité sur le marché. 

Pour sa part, Alain Saverettiar, directeur général de King Savers, explique que les produits surgelés ont la cote. « Cependant, nous ne sommes pas en mesure de quantifier l’augmentation de la demande, car nous attendons les nouveaux produits pour répondre à la demande des consommateurs. Mais de par les expériences du passé, après un cyclone, les prix des produits vont grimper. Du coup, les clients ont recours aux substituts disponibles, comme les produits surgelés. Toutefois, les données pourraient être différentes cette fois, car même les légumes frigorifiés ne sont pas actuellement disponibles », souligne-t-il.  

L'un des leaders dans l'approvisionnement en produits alimentaires, Innodis s’attend à une demande plus élevée de légumes surgelés, surtout après un cyclone. Un haut cadre fait valoir que l’enseigne importe ses légumes surgelés d'Europe (Emborg) et d'Égypte (Americana) pour répondre aux besoins du consommateur.

Les fruits plus chers dans les jours qui viennent

Le cyclone Batsirai ayant détruit les plantations de fruits locaux, les prix accuseront une augmentation de Rs 5 à Rs 20, dépendant du produit à partir de la semaine prochaine. Et certains fruits, comme les melons et les longanes se feront rares sur le marché, indique un planteur de fruits à Rose-Belle. Ses papayers et ses bananiers ont été déracinés, alors que certains de ses pitayas n'ont pas été touchés. « Nous ferons la récolte dans les jours qui viennent si le temps le permet », dit-il.