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Post-Assises de l’Environnement : entre les bonnes intentions de Kavi Ramano et la dure réalité

Plus question de fermer les yeux sur des constructions sauvages qui créent des inondations.
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La protection de l’environnement face au changement climatique a pris une nouvelle dimension depuis la tenue des Assisses de l’Environnement, la semaine dernière. Kavi Ramano, le ministre de l’Environnement, de la Gestion des déchets solides et du Changement climatique, a annoncé le recours à « une politique forte et de mesures impopulaires pour sortir de l’urgence climatique ». La préparation, la mise en application et les faire respecter sont une autre paire de manches.

Lors des Assisses de l’Environnement, tenues la semaine dernière, plusieurs mesures et projets ont été annoncées par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et le ministre de l’Environnement, Kavi Ramano. Dont des amendes très sévères contre tout contrevenant à partir de janvier 2020, une politique de zéro plastique d’ici 2030, la création de trois forêts endémiques sur 200 à 300 hectares, le tri de déchets à la source et le remplacement des autobus traditionnels par des autobus électriques, un Climate Change Bill sera présenté au Parlement, des amendements seront apportés à l’Environment Protection Act, la mise sur pied de villes et villages écologiques sera encouragée, le projet d’enfouissement des déchets, le combat contre la pollution avec la collaboration du secteur privé… 

Politique forte

Autant de bonnes intentions, car « nous sommes en urgence climatique », selon le ministre de l’Environnement. Kavi Ramano reconnaît que l’heure n’est pas au « damage control », mais à «une politique forte et des mesures impopulaires » pour changer la mentalité des Mauriciens par rapport à l’environnement. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, qui est sur la même longueur d’onde, a tiré à boulets rouges sur le « manque de civisme. » Pour le Premier ministre, ces Assisses jettent les jalons pour un plan-directeur.

C’est un fait indéniable que la classe politique est grandement responsable du problème des inondations dans certaines parties de l’île.»

Pour le « manque de civisme », il ne faut pas pointer du doigt que le public. L’incivisme a gagné du terrain en l’absence « d’une politique forte » continue de gouvernement à gouvernement. « Une politique forte » à l’égard de tout le monde. Du petit peuple au gros capital, en passant par des industries et des commerces. Les autorités ne peuvent être intransigeantes contre le simple citoyen pour, en même temps, fermer les yeux sur les industries qui polluent l’environnement, sur des protégés politiques qui construisent n’importe où, même sur les « wetlands. » 

Damage Control

kavi
Le ministre veut frapper fort sur l’incivisme.

C’est un fait indéniable que la classe politique est grandement responsable du problème des inondations dans certaines parties de l’île. En l’absence d’une « politique forte », les Collectivités locales ont toléré des constructions sauvages qui ont obstrué les évacuations d’eau vitales de toute une région. Dans certains cas, certains politiciens irresponsables, lorsqu’ils étaient dans l’Opposition dans un passé pas trop lointain, avaient encouragé des gens à construire n’importe où, « car le gouvernement ne parvient pas à leur accorder un toit. » S’il y avait eu une « politique forte » dans la lignée de la continuité de l’État, on n’aurait pas dû faire du « damage control. » 

Mesures impopulaires

Le moins que l’on puisse souhaiter, c’est que Kavi Ramano a le soutien total du gouvernement lors de la finalisation des « mesures impopulaires et surtout durant sa mise en application. Que certains membres du gouvernement ne se désolidarisent pas en privé au nom du clientélisme politique, car nous sommes effectivement en ‘urgence climatique’ ». Comme cela a été tout le temps le cas, que certains ne fassent pas pression sur les autorités pour ne pas sanctionner des proches, des agents politiques et surtout des gros bailleurs de fonds lors des élections générales. Dans ce cas précis, c’est la Police de l’Environnement qui est plus concernée. Ce n’est un secret de polichinelle que la grosse majorité des fonctionnaires préfèrent obtempérer pour ne pas avoir maille à partir avec les politiciens au pouvoir. Ils sont impuissants contre la dictature du pouvoir. « L’État, c’est nous », aiment dire les politiciens au pouvoir. Et c’est pour cette raison qu’après les élections de 2014, quelques hauts fonctionnaires étaient inquiétés par des enquêtes policières.

Sans compromis

Certes, ces Assises ne sont que le début d’un long parcours pour protéger notre environnement face au changement climatique. Dès son installation à ce ministère, Kavi Ramano a joué gros en conscientisant la population dans son ensemble. Mais le plus difficile reste à venir pour lui. C’est surtout de traduire en réalité ses bonnes intentions sans avoir à mettre de l’eau dans son vin pour plaire à certains collègues du Conseil des ministres qui ont de gros intérêts à défendre. Sinon, le ministre de l’Environnement, de la Gestion des déchets solides et du Changement climatique va donner raison à l’avenir à Michel Chiffonne, Kreepalloo Sunghoon, Clency Bibi, Rashid Imrith, Judex Ramphul, Keswar Ghujadhur, Alain Tolbize, Veena Dholah et David Sauvage qui ont, dans une lettre ouverte adressée à lui, se sont élevés contre « ces consultations technocratiques, de façade et sélectives ».

 

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