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Portrait : une influence dans l’ombre du pouvoir 

Cultivant un goût prononcé pour le luxe, Sanjiv Ramdenee assiste aux événements prestigieux au niveau international, dont le Royal Ascot et le Festival de Cannes.

Sanjiv Ramdanee, hôtelier–homme d’affaires et beau-frère de l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth, se retrouve une nouvelle fois sous les feux de l’actualité, après y avoir fait un petit passage en février dernier. Le 18 février, il a été entendu par la Financial Crimes Commission (FCC) dans le cadre d’une enquête sur la saisie de plus de 113 millions de roupies. Interrogé sur ses liens avec Josian Deelawon, figure centrale de l’affaire, Sanjiv Ramdanee a reconnu le connaître à la fois comme ami et partenaire en affaires. Depuis, il était retourné dans cette discrétion qu’il affectionne tant.

Âgé de 60 ans, marié et père de famille, Sanjiv Ramdanee incarne une élite mauricienne discrète mais influente. Frère de Kobita Jugnauth, épouse de l’ex-chef du gouvernement, il a cultivé une habitude effacée dans les cercles politiques, préférant une présence en coulisses durant les mandats de son beau-frère.

Son ascension professionnelle s’ancre dans une formation solide : un BSc en ingénierie électrique et électronique obtenu à la Swansea University, suivi d’un MBA en 1990 à l’University of Exeter. Dès juillet 2005, il accède au poste de Chief Executive Officer (CEO) de Dyanavartam Ltd, anciennement Mauriplage Beach Resort Ltd, dont il est l’un des principaux actionnaires aux côtés de sa sœur. Ce groupe détient un joyau du tourisme de luxe local, le Maradiva Villas Resort & Spa, ainsi que The Sands Resort & Spa, qu’il dirige avec une exigence qualifiée de perfectionniste par ses collaborateurs.

Sous sa houlette, le Maradiva s’est imposé comme une destination prisée, alliant excellence opérationnelle et souci du détail. S’il est plutôt discret sur le plan politique, où il avait pourtant une certaine influence lorsque son beau-frère était au pouvoir, il n’en reste pas moins passionné par l’élégance, affichant un penchant assumé pour les symboles de raffinement : Rolls-Royce, montres Rolex et fréquentations mondaines. On le voit aux festivals de Cannes ou au Royal Ascot, événement qu’il décrivait en 2018 au magazine français Point de Vue comme « le rendez-vous incontournable de la gentry », où « il est bon de voir et surtout d’être vu ».

Durant les années au pouvoir de Pravind Jugnauth, il exposait ce mode de vie sur les réseaux sociaux – Facebook, Instagram, Threads –, multipliant les clichés de ses voyages et rencontres avec les élites.

Controverses 

Ce vernis sophistiqué masque toutefois des ombres persistantes. En 2019, Sanjiv Ramdanee est impliqué dans le Film Rebate Scheme, programme de subventions pour productions cinématographiques étrangères tournées à Maurice. Des documents suggèrent son rôle dans l’augmentation controversée du taux de remboursement de 30 % à 40 %, au bénéfice notamment du film hollywoodien Serenity, dont une partie de l’équipe a résidé au Maradiva. L’avocat Akil Bissessur, proche du Parti travailliste, saisit alors l’Independent Commission against Corruption (remplacée depuis par la Financial Crimes Commission) le 14 octobre 2019, dénonçant des irrégularités à hauteur de 214 millions de roupies. Bien que sans suite, cette plainte ravive les allégations de favoritisme.

En 2022, une nouvelle polémique éclate : la Mauritius Investment Corporation, filiale de la Banque de Maurice, accorde Rs 650 millions à Mauriplage Beach Resort Ltd, alors que Pravind Jugnauth dirige le gouvernement.

En juillet dernier, lors d’une séance parlementaire, Patrick Assirvaden, suppléant au ministère du Tourisme, révèle une relation « très étroite, voire exclusive » entre la MTPA et les hôtels Maradiva et Mauriplage Beach Resort Ltd, ayant conduit à des avantages indus et un possible favoritisme. L’affaire sera référée à la FCC pour enquête.

Patrick Assirvaden explique qu’entre 2016 et 2024, la MTPA a dépensé Rs 5,6 millions pour participer au prestigieux Royal Ascot (Royaume-Uni) aux côtés de Maradiva, mais les paiements étaient versés directement à Mauriplage sans preuve que l’argent ait atteint les organisateurs. En 2024, Rs 1,47 million (25 000 £) ont transité par le représentant britannique de la MTPA avant d’atterrir chez Maradiva, sans justification claire.

Autres points relevés : engagement non autorisé (par l’ex-directeur Arvind Bundhun) pour la Coupe du monde de Snow Polo 2024 en Suisse, finalement annulé, exposant la MTPA à une poursuite de Rs 2,7 millions; paiement non autorisé de plus de Rs 360 000 avec la carte de la MTPA pour la conférence Financial Times 2020 (Bundhun et Ramdanee) ; financement en 2021 de billets d’avion pour un voyage de presse au profit exclusif de Maradiva.

Une autre affaire révélée ce jour-là concerne la « Maradiva White Party » d’octobre 2024 (veille des élections) : Rs 450 000 de fonds publics auraient servi à faire venir quatre danseuses d’Europe de l’Est, présentées sous de fausses identités d’« influenceuses » ou « journalistes». Toutefois, jusqu’ici, Sanjiv Ramdanee n’a souffert d’aucune condamnation.
 

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