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Portrait : Sylvie Jean, cheville ouvrière de Mieux Vivre Senior Association

Sylvie Jean préside aux destinées de ‘Mieux Vivre’ depuis 2019.
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Depuis début 2019, Sylvie Jean préside aux destinées de ‘Mieux Vivre’, une des quatre associations de Seniors que compte le village de l’Escalier. ‘Mieux Vivre’, créée en 2013, est une des plus jeunes de l’île, et connaît une belle dynamique, multipliant les activités en dépit de ses moyens limités. 

L’association a vu le jour dans la salle d’œuvre de l’église adventiste de L’Escalier, en 2013, avant d’emménager dans l’Elderly Day Care Centre de la localité, lui-même situé dans la cour du centre social. La mise sur pied du centre répondait aux attentes d’une dizaine de seniors de L’Escalier, parmi une majorité de femmes. Si l’initiative en revient à Sylvie Jean pour donner corps au projet, celle-ci a fait appel à Gaëtan Virasamy, figure sociale connue de la région. Sylvie Jean s’en souviendra toujours : 

«Gaëtan Virasamy, qui était déjà membre d’une association de seniors, nous a expliqué les procédures à entreprendre afin de devenir membre du Senior Citizen Council, l’organisme-ombrelle des associations de seniors de Maurice.» 

Aujourd’hui, avec ses 58 membres, l’association compte parmi les plus dynamiques de l’île, avec surtout le soutien du jeune Viraj Bhageeruth, le responsable de l’Elderly Day-Care Centre et de Chandranee Horille, l’‘attendant’. « Avec eux, explique Sylvie Jean, nous formons une bonne équipe. Ils nous aident à mener à bon port des projets. » C’est au centre que l’association réunit son exécutif au début de chaque année afin de mettre au point ses principales activités, parmi celles qui sont régulières, d’autres qui sont organisées de manière spontanée. Mais comme les autres associations regroupant les seniors, ‘Mieux Vivre’ souffre d’un manque cruel de fonds pour pouvoir organiser des sorties d’envergure. 

«Les membres puisent de leurs poches pour toutes les activités, les Rs 1 200 du ministère la Sécurité sociale ne suffisant pas», fait-elle observer. Mais, grâce aux efforts de certains membres, à leur sens d’initiative et leur débrouillardise, l’association arrive à réaliser l’essentiel de ses projets sans trop se plaindre des problèmes financiers. 

Deux sorties : Oxenham et Le Grand Bleu

Sylvie Jean
Concours d’art culinaire organisé par l’association en juillet 2019.

Cette année, en juin et en juillet, les membres de l’association ont effectué deux sorties qui ont comblé ses membres. D’abord une première visite les a conduits à l’usine Oxenham pour se rendre compte des étapes de fabrication du vin. 

«On avait déjà prévu cette visite auparavant, mais il y avait eu une mortalité dans la famille Oxenham. Cette fois-ci, notre demande a abouti et la direction de l’entreprise a voulu se rattraper en nous réservant un accueil royal», raconte Sylvie Jean. La deuxième sortie a, elle, dépassé toutes leurs attentes. 

Le 27 juin, à bord du même bus qui les a emmenés chez Oxenham, ils ont mis le cap sur le littoral nord pour passer une journée à l’hôtel Le Grand Bleu. À leur arrivée, la direction leur a offert un cocktail, plus tard le déjeuner et dessert, et vers 15 heures des gâteaux et des boissons chaudes dans une bonne ambiance musicale. Coût de cette sortie : Rs 650. Emue, Sylvie le justifie : « Nous avons été traités comme des touristes et surtout compte tenu du tarif dérisoire », se réjouit-elle encore. Mais certaines sorties ont parfois un goût amer, comme ce déjeuner dans un resto de Flic-en-Flac, où la déception a été totale. 

« Le repas a été exécrable et le service dégoûtant, à la maison on aurait mangé mieux », précise-t-elle en voulant oublier au plus vite 
« cette mauvaise expérience ». 

PETITES ÉCONOMIES 

Chaque grande sortie est minutieusement pensée, afin d’obtenir le consensus de tous les membres, car ce sont leurs petites économies dont il est question. « Il faut qu’on s’accorde sur le choix de la destination et ses coûts », fait valoir Sylvie Jean. Puis, les contacts sont pris. « Il faut, ici, fournir les détails sur notre association, indiquer son affiliation au Senior Citizen Council et donner toutes les coordonnées pour montrer notre 
crédibilité », explique-t-elle. Une fois la demande acceptée, il faut encore souhaiter que tout le monde soit ponctuel pour prendre le bus dans la cour du Village Council. « Il arrive que certains sont en retard, et ce sont toujours les mêmes », dit-elle, contrariée. Mais Sylvie Jean sait faire preuve de patience, aidée en cela par sa fidèle assistante Jeannette Palakasing et Viraj Bhageeruth. 

En septembre prochain, l’association accueillera sa consœur de Plein-Bois pour une journée d’activités et un déjeuner. Une expérience qu’elle maîtrise pour avoir déjà accueilli des associations de Roche-Bois et Trois-Boutiques. « Nous organisons ces rencontres pour partager nos témoignages, expériences et les problèmes des seniors. Cela permet de mieux appréhender la réalité des retraités », souligne-t-elle. 

Dans une localité qui a toujours vécu au rythme de la sucrerie de Savannah, devenue Omnicane, les seniors se rappellent encore de leurs petites maisons en bois et tôle, des routes en terre serpentant à travers les champs de cannes et dépourvues de lampes.  « C’est un autre temps, reconnaît Sylvie Jean. Aujourd’hui, on vit mieux, surtout les personnes âgées sont mieux traitées. Grâce au transport gratuit, on ne vit plus cloîtré, mais il faut veiller à ne pas détruire les espaces verts pour mettre du béton partout. » 


Fleuriste-généraliste et concours de chant 

Au rez-de-chaussée de son domicile, Sylvie Jean opère un modeste commerce en tout genre. On y trouve pêle-mêle des vêtements, serviettes, parapluies, mais surtout des bouquets avec des fleurs artificielles qu’elle a confectionnées. « J’importe les fleurs de Chine, puis je fabrique les bouquets à l’aide de noix de cocos décorées. C’est un véritable travail qui exige concentration et cela prend du temps », fait-elle comprendre. Mais depuis son accession à la présidence de ‘Mieux Vivre’, elle se plie en quatre pour consacrer du temps à sa boutique et à sa famille. Un de ses deux fils, marié, vit à l’étage de l’immeuble familial, qui en compte deux. « Avec mon époux, ancien artisan à Savannah, et la famille de mon fils qui a trois enfants, ça fait huit personnes. Pour certains déjeuners, c’est un bonheur d’avoir une grande famille », confie-t-elle. C’est sur eux qu’elle compte pour sa participation au concours de chansons ‘Oldies’, qui sera organisé par le Senior Citizen Council dans les prochains mois. Son choix s’est porté sur un tube de Sheila des années 60, intitulé « Adios Amor ». « Toute petite déjà, j’aimais cette chanson, je vais me préparer pour ce concours, peut-être pas pour remporter le premier prix, mais sûrement pour faire honneur à l’association », annonce-t-elle avec un sourire.

 Au concours d’art floral organisé cette année,  Sylvie Jean (au centre) avait remporté le premier prix.
 Au concours d’art floral organisé cette année, Sylvie Jean (au centre) avait remporté le premier prix.

Un ministère pour les seniors

La proposition, formulée par un parti politique la semaine dernière, ne laisse aucun senior indifférent. Pourquoi pas un ministère pour les seniors de 
Maurice ? La proposition rencontre un écho favorable auprès de Sylvie Jean, qui y voit un développement majeur en faveur de la reconnaissance des droits des personnes âgées, ainsi qu’une prise en charge officielle. 

« Avec un ministre, un budget approprié, des cadres, un ministère qui se consacrerait à plein temps aux seniors, en apportant des législations pour conforter leurs droits, les seniors en sortiraient gagnants », soutient-elle.

 

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