C’est une jeune femme résolument ancrée dans son temps, tant en ambition qu’en respect des valeurs morales et de justice. Depuis 2018, Shweta Jugganadum dirige son agence de concept-design, Sweta Design, spécialisé en conception vestimentaire et bijoux.
« J’ai voulu apprendre avant de me jeter à l’eau, comment monter un business-plan, les erreurs à éviter et aussi me créer un carnet d’adresses », explique Shweta Jugganadum, rencontrée à Bagatelle.
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Domiciliée à Route Bassin, Quatre-Bornes, la jeune femme est issue d’une famille d’entrepreneurs, son père étant lui-même dans le design vestimentaire et sa mère ayant exercé comme créatrice de bijoux artisanaux. « J’ai bercé dans cette atmosphère d’artisanat et de création », confie-t-elle. Après ses études secondaires au collège St Andrews, elle travaille dans une boutique de produits touristiques à Flic-en-Flac. Une première expérience empirique de marketing et de communication qu’elle complète en initiation à la comptabilité à la firme Grant Thornton. « Il me fallait me familiariser aux arcanes des chiffres, à la rédaction d’un business plan, comprendre la fiscalité, la Contribution sociale générale, balancer des comptes, mais aussi à la rigueur, à savoir comment s’organiser. Il fallait apprendre à garder la tête sur les épaules », se souvient-elle. Ainsi armée, elle commence à louer ses services à quelques petites boîtes qu’elle connaît, dont des PME.
Pièces « vintage »
En 2018, elle élargit ses compétences en se lançant dans la photographie en relation avec les entreprises. « J’ai créé ma propre société, Shweta Design. Je me suis créé un carnet d’adresses, en engageant un photographe et des mannequins. L’idée étant de s’en servir pour mettre en valeur tout type de business. C’est là que mon travail dans la comptabilité m’a aidée afin de travailler sur les coûts et de les rationaliser », explique-t-elle. Le choix des pièces qu’elle souhaite créer, la confection et la manière de s’en servir sont un legs de sa mère. « Ce sont des pièces ‘vintage’ comme elle savait en confectionner pour les foires artisanales », fait-elle ressortir. Pour les séances photo, elle n’hésite pas à y aller de sa poche pour engager un photographe. « Je me souviens d’une commande d’un restaurateur pour laquelle il fallait les services d’un mannequin », confie-t-elle.
Mannequins
Pour les mannequins, elle concède que les Mauriciennes ne sont pas toutes prêtes à s’y aventurer. « Il faut établir la confiance afin de les motiver. Il faut un projet sérieux et une bonne communication, trouver les mots justes et surtout ne pas bluffer. On est une petite île, on finit toujours par se recroiser, aussi faut-il veiller à sa réputation », fait-elle ressortir. Pour notre interlocutrice, à l’ère du règne des médias sociaux et d’une société où tout est mis en image, il est important de projeter celle d’une personnalité propre sur soi.
« Il faut se garder de tout excès et cela en tout genre, dit-elle. Je pense que lorsque nous sommes dans la communication, il faut être exemplaire. Moi-même, j’essaie d’avoir une vie saine, en contrôlant mon alimentation et en pratiquant des petits exercices au lever. Même à la télé, je privilégie les documentaires sur la nature et les animaux et l’actualité. »
Évènementiel
Très concernée par le tourisme, car c’est aussi un secteur qui est pourvoyeur en événementiel, Shweta Jugganadum note que la pandémie avait presque mis à genoux cette industrie. « Il faut redonner confiance aux personnes employées dans nos hôtels. À cause de la fermeture de nos frontières, il y a eu beaucoup de reprogrammation de leurs activités », explique-t-elle. « C’est un secteur qui peut attirer des compétences locales. Nos hôtels peuvent être les lieux privilégiés pour le tournage de séries pour la télévision. Il faut se rappeler que dans le passé, beaucoup d’équipes de tournage de films de Bollywood venaient régulièrement dans nos hôtels et sur nos plages pour tourner certaines scènes. Il faut redynamiser cette activité. »
Secteur du « showbiz »
À l’heure où certains jeunes et moins jeunes sont tentés par l’émigration au Canada, Shweta Jugganadum fait valoir que le tourisme local peut engendrer un véritable secteur du « showbiz », en favorisant des métiers tels que les metteurs en scène, photographes, mannequins, coiffeurs et cuisiniers, concepteurs en intelligence artificielle ou encore créateurs-stylistes. « Il suffit d’une stratégie et d’une vision cohérente de développement soutenues par l’État et le secteur privé. Nous avons à Maurice des matériaux culturels les plus variés pour créer des activités liées à l’industrie du spectacle, car notre pays est le creuset de presque toutes les cultures du monde. Je crois qu’il faut sortir des zones de confort et laisser la place à l’imagination », poursuit-elle. Quant aux petites entreprises où exercent beaucoup de femmes pas forcément formées en études universitaires, elle est confiante qu’un marketing soutenu de leurs produits leur offrirait plus de visibilité. « Je peux exposer les plus jolis bijoux de ma création, mais sans marketing ou sponsor, personne ne les verra. Aujourd’hui, il faut aussi que ces femmes apprennent à communiquer, c’est à elles de faire connaître leurs créations. Il faut que les personnes expertes en communication leur montrent comment y arriver. Il y a toute une science qu’il leur faut apprendre en termes de communication », dit-elle.
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