Pour elle, l’obstacle est un tremplin qu’elle s’impose pour explorer ses limites. Le résultat est visible à travers les sept tableaux qu’expose Céline Le Vieux. Rencontre avec une jeune artiste pleine de promesses.
Sept œuvres de Céline Le Vieux tapissent les murs de la galerie d’art de l’hôtel Maradiva Villas Resort & Spa, aux côtés de celles de l’artiste italienne, Ilaria Arpino. Les toiles colorées et grand format de Céline Le Vieux y seront visibles jusqu’au 19 novembre sous une initiative conjointe de Adamah Fine Arts. Les sept œuvres de l’artiste dépeignent des paysages bien de chez nous, telle une continuité de sa première exposition solo ‘Up the Boohai’ qu’elle avait présentée l’an dernier avec The Third Dot.
« J’ai voulu continuer sur la même lancée que ‘Up the Boohai’. J’avais présenté 13 œuvres qui avaient bien plu aux amateurs d’art. D’ailleurs, c’est cela qui m’a donné de la motivation pour aller de l’avant avec ma carrière d’artiste », confie Céline Le Vieux qui a participé à plusieurs expositions collectives dans le passé.
Coup d’essai, coup de maître pour celle qui est née d’un père mauricien et d’une mère italienne. Elle avait réussi à vendre tous ses tableaux lors de cette première exposition en solo. Elle s’est alors dit qu’elle avait fait le bon choix de carrière. Même si le métier d’artiste n’est pas suffisamment valorisé à Maurice, elle ne se voyait pas faire autre chose. « Je me suis dit que si je m’investissais à 100%, j’allais réussir et faire mon chemin dans ce domaine que je chérissais. »
Une voie qui était une évidence pour cette ancienne étudiante au Lycée des Mascareignes. « Quand j’étais jeune, je dessinais tout le temps. Puis, durant mon adolescence je me suis essayée à l’acrylique et petit à petit, la peinture a pris sa place dans ma vie tout naturellement. Pour moi, c’était évident que j’allais en faire mon métier », confie Céline Le Vieux. Elle s’est envolée pour cinq ans d’études à Paris, où elle a décroché son Bachelor en Fine Arts, avant de rentrer dans son pays natal.
Émotions immortalisées, souvenirs traduits
Si jeune, Céline se passionnait pour la nature morte, aujourd’hui elle laisse aller son pinceau au gré des peintures tantôt figuratives, tantôt abstraites, se rapportant toujours aux paysages et à la nature. Tout comme disait Picasso, « Quand je peins, mon but est de montrer ce que j’ai trouvé et non ce que je cherche». Céline immortalise ses émotions sur toile en traduisant ses souvenirs.
« La nature est impressionnante et je m’en inspire. Aussitôt que quelque chose me tape à l’œil, je le garde en tête. Je ne fais ni de croquis, ni de photo mais j’essaie de transmettre cette beauté sur toile. C’est un mystère auquel il me faut répondre, c'est-à-dire, découvrir le pourquoi de cette beauté à ce court et éphémère instant », indique l’artiste.
Quand les ratés deviennent des bijoux…
C’est là que commence « sa bataille ». Céline se fait fort de reproduire sur toile cette image capturée à un moment précis qu’elle a conservée et toute l’émotion qui s’en dégage autour. « À chaque fois que je peins, c’est une bataille à laquelle je me livre», confie Céline. « Au début, ce n’est pas facile de transmettre cette beauté telle qu’elle. Je rate, je recommence. Parfois, il n’y a pas suffisamment de profondeur ou alors les compositions ne sont pas correctes. Puis, l’image prend forme, je me laisse aller, je me perds dans mon art. »
Le chemin parcouru avant d’atteindre son objectif est semé d’accidents, mais au lieu de s’en défaire en les couvrant, Céline les intègre à ses œuvres. « Ce qui revient tout le temps dans mes tableaux, ce sont les ratés que j’appelle les bijoux. Les erreurs que j’ai commises sur la toile avant que je n’arrive au résultat escompté, je les laisse délibérément. Elles font partie de l’œuvre tels des témoins d’une épaisseur de vie », ajoute l’artiste qui considère ses toiles comme des enfants sur lesquels on fonde de l’espoir, visualise leur avenir, qui grandissent, font du chemin et trouvent leur voie avant de s’en aller…
L’espoir se traduit ici par une grande palette de couleurs vives par l’artiste qui se voit mal dans le monochrome. « Mes derniers tableaux sont très enluminés et je me sens à l’aise dans cet univers rempli de couleurs. » Cependant, ce n’est pas pour autant que l’artiste compte dormir sur ses… pinceaux. Hors de question de tomber dans la facilité ! Pour ses prochaines toiles, elle optera pour des couleurs pastel.
« Je veux sortir de ma zone de confort. Je suis toujours en train de m’imposer des contraintes. C’est un moyen de pousser ma peinture au plus loin et de l’enrichir. Je veux explorer plusieurs univers tout en restant fidèle à mes émotions », dit Céline. D’ailleurs, elle les partage avec ses élèves qui sont initiés à la peinture et au dessin dans son atelier. « J’adore enseigner et avec mes élèves, il y a un partage qui s’opère. Ils apprennent de moi, idem pour moi, et il y a un échange constant qui m’enrichit au jour le jour. »
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