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Port-Louis : Tornado Squad, la bête noire des marchands ambulants

Certains marchants ambulants continuent à opérer dans les rues de la capitale, faisant fi de l’interdiction des autorités. Pour faire respecter la loi, les membres de la Tornado Squad, des Casernes centrales, font régulièrement des descentes dans le centre-ville, interdisant aux marchands d’opérer dans un rayon de 500 mètres du marché central. Nous les avons suivis.

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«75sak pou 25 roupi, 75 sak plastik pou 25 roupi », scande un marchand aux abords du bureau de poste de la gare Victoria, à Port-Louis, avant de, subitement, changer de refrain. « Tornado, Tornado ! » Pour les habitués des rues de la capitale, ce marchand vient de donner l’alerte. Il a remarqué la présence des policiers affectés à la Tornado Squad. C’est le sauve-qui-peut. « Kan Tornado vini, nou pa kapav trase. Kouma dir enn la freyer trap nou, bizin ramas lartik ale. Ena marsan kit marsandiz lor sime sove », relate Ali, un marchand ambulant qui a déjà été inquiété par des membres de cette escouade.

Pour mieux comprendre leur modus operandi, le Défi Plus et Téléplus ont suivi leurs interventions discrètement dans le centre-ville. À Port-Louis, diverses zones ont été aménagées pour permettre aux marchands ambulants d’écouler leurs produits, à la suite du jugement de la Court suprême leur interdisant d’opérer dans un rayon de 500 mètres du marché central. Toutefois, certains marchands persistent à occuper le trottoir. C’est là qu’ils se heurtent à la Tornado Squad, composée de six policiers, dont une femme.

Avertissement et sensibilisation

« Notre mission sur le terrain est de faire respecter le jugement de la Cour suprême. Cela, avec la collaboration des marchands de rue », lance le caporal Raj Seewoopal, responsable des opérations de l’escouade. Le surintendant Feroz Paraouty, de la division de Port-Louis Sud, explique, pour sa part, le mode opératoire. « Nous leur donnons des avertissements ou encore les sensibilisons au respect de la loi. C’est en dernier recours que la police sévit. Toutefois, nous sommes là pour protéger les marchands ambulants et non les brutaliser. »

Dans certains cas, la tension monte. Surtout lorsque des marchands opposent une résistance. À la gare Victoria, un marchand de dholl puri a vu ses produits et son parapluie confisqués par l’escouade, qui circulait à bord d’une voiture banalisée de couleur grise. « Prosenn kout, to trisik pou ale ar mwa, to pran mwa pou to inbesil twa », lui lance, d’un ton dur, le caporal Seewoopal, qui compte 29 années de carrière au sein de la force policière. Le marchand de dholl puri est furieux. « Li pa bon. Fer diziem trisik zot pe rod pran, zot pran dalpouri zot ale, mo pay permi Rs 8 000 par banane », s’insurge l’homme.

Un peu plus loin, à la rue Farquhar, aux alentours du marché central, la Tornado Squad maintient une présence accrue. Un marchand de nouille qui occupe le trottoir est sommé de vider les lieux. « Ou pa travay dan bazar ou ? Dan tanto ou vin travay lor sime, ramase ale, pa zot mem ti fer komplint kont marsan anbilan ? » lui lance le responsable de cette unité. Une dame âgée, qui vend des légumes sur le trottoir, n’a également pas échappé aux remontrances du caporal. « Inn donn ou sans, ou persiste mem… »

Certains marchands de rue reprochent la Tornado Squad de brutalité. Akbar Ali Abdool Rajack en fait partie. « Bann la ti pe malmenn enn madam ek so misie. Lerla monn rant ladan pou defann zot. Zot inn gard venzans ar mwa. So semenn enswit, zot inn aret mwa zot inn amenn mwa Casernes ek zot inn bat mwa kalot kout pie », allègue ce marchand de fruits, qui a alors saisi la Commission des droits de l’homme.

Le président de la Street Vendors Association, Hyder Rahman, se plaint aussi des actions de la Tornado Squad et s’en est même remis au commissaire de police. « Je n’avais aucun endroit pour travailler. J’opérais dans l’illégalité et les membres de cette équipe m’ont emmené au poste de police et le chef a menacé de me gifler », affirme-t-il au Défi Plus.

Évoqué à l’Assemblée nationale

Le mode opératoire de la Tornado Squad a été soulevé à l’Assemblée nationale par le député du Parti travailliste, Osman Mahomed. « Des marchands m’ont raconté comment ils ont été agressés et insultés par cette équipe », a indiqué le parlementaire lors de son intervention.

Face à ces accusations, le surintendant Feroz Paraouty rappelle que les membres de cette escouade ont l’obligation d’opérer dans la légalité. « Nous leur avons donné des instructions formelles. S’ils doivent verbaliser des marchands qu’ils le fassent dans le respect de la loi. Je précise que cette équipe n’a pas le droit de faire usage de la force envers quiconque », lance notre interlocuteur. Même si l’escouade ne fait pas l’unanimité, elle a toutefois le soutien de plusieurs qui estiment qu’elle doit même être renforcée.

Rafick Bahadoor, président de la Taxi Proprietors Union, qui avait logé une action légale contre les marchands ambulants, dit bien accueillir les multiples interventions de la Tornado Squad. « Je soutiens cette équipe à 500 % car elle est en train de faire respecter la loi. Elle fait un travail formidable qui mérite d’être salué. » Il est rejoint dans ses propos par Raj Appadu, président du Front commun des commerçants, qui lance un appel aux Casernes centrales pour renforcer l’effectif de cette escouade. « Bann marsan zoue sove ar lapolis. Kan bann Tornado anba, bann seki laho resi sove. »

Un membre de la Tornado Squad : « Nou lavi an danze »

« Nou pa pe fer nanie de mal, nou pe zis fer respekte lalwa », déclare un policier de la Tornado Squad au Défi Plus. Il affirme que, certains marchands ambulants ne voient pas d’un bon œil les interventions de cette unité. « Nou lavi an danze. Mo pa kapav marse ek mo madam dan Porlwi, mo bisin fer li mars par devan », affirme notre interlocuteur.

Tension évitée à la rue Farquhar

Un affrontement entre les membres de la Tornado Squad et des marchands de rue a été évité de justesse le vendredi 14 octobre. Cela, lorsque les policiers ont tenté de procéder à la saisie des articles d’un marchand. Ce dernier ne s’est pas laissé faire et a tenté de résister.  D’autres marchands de rue présents n’ont également pas caché leur exaspération. La tension était palpable. Au bout de quelques minutes, le caporal Seewoopal au volant d’une fourgonnette de la police est arrivé sur place. Il a dû rappeler à l’ordre le policier qui était engagé dans la dispute pour calmer les esprits. Entre-temps, une foule avait encerclé le véhicule de la Tornado Squad. Avec l’aide de la police régulière, la situation est retournée à la normale.

 

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