Les partis politiques traditionnels à Maurice privilégient les augmentations plutôt que les réformes, une tendance préoccupante qui favorise la dépendance et néglige les problèmes fondamentaux du pays.
«C’est devenu plus facile de proposer des augmentations au peuple que de présenter des plans de réforme », déclare Faizal Jeerooburkhan, membre de Think Mauritius. Cette réflexion témoigne de la tendance croissante des partis politiques traditionnels à verser dans le populisme plutôt que de proposer des mesures visant à réformer différents secteurs du pays ou à créer de nouveaux piliers économiques.
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L’observateur exprime des inquiétudes quant à cette « orientation politique » qui encourage une « culture de dépendance » à Maurice, tandis que les problèmes fondamentaux du pays sont complètement négligés. Faizal Jeerooburkhan souligne que les réformes du système judiciaire et des forces de l’ordre sont mises de côté par plusieurs gouvernements simplement parce que de tels projets ne rapportent pas de votes.
« Il est préoccupant de voir la classe politique adopter une approche aussi facile. Par exemple, dans le domaine de l’économie bleue, bien que nous soyons tous d’accord sur son importance, nous n’avons eu que des discours sans actions concrètes », poursuit-il. C’est un constat déplorable, surtout en période de mauvaise conjoncture économique où « il est crucial d’avoir le courage politique d’améliorer la productivité du pays ».
L’économiste Takesh Luckho estime, quant à lui, que le pays a souffert ces dernières années d’un manque de plan stratégique visant à créer une vision économique gouvernementale. Il souligne que le dernier plan stratégique économique présenté à la nation mauricienne remonte à 2015 avec le document intitulé « Maurice Vision 2030 » présenté par l’ancien Premier ministre, feu sir Anerood Jugnauth. « Bien que ce document exposait de bonnes intentions du gouvernement, l’économiste affirme que les attentes ont été déçues. »
Il plaide pour que le gouvernement fasse davantage d’efforts pour présenter à l’avenir une vision économique éclairée à la population. « Ces dernières années, les partis politiques se sont contentés de présenter leurs programmes électoraux, qui ne sont finalement que des intentions superficielles sans détails sur la mise en œuvre des promesses », regrette-t-il.
Surenchère
Takesh Luckho constate également que le système politique de Maurice contraint un gouvernement à privilégier le populisme. « Souvent, lorsqu’un parti prend les rênes du pays, il a tendance à prendre des mesures courageuses pour imposer son style de gestion, mais au bout de trois ans de mandat, ce même gouvernement a tendance à changer de cap pour plaire à la population. Il sait que les élections approchent, et à partir de ce moment-là, sa seule priorité est d’être réélu, quel que soit l’état économique », déclare-t-il.
L’économiste note de plus qu’au cours des dernières années, il y a eu une « surenchère » en ce qui concerne les pensions accordées aux personnes âgées, aux handicapés et aux veuves, « alors que le système de pension devient de plus en plus insoutenable. Bien que des efforts aient été faits avec la mise en place de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) pour réformer le système de pension, les fonds de la CSG sont finalement réaffectés aux fonds consolidés pour financer d’autres allocations à la population », constate-t-il.
Le négociateur syndical et ancien député, Jack Bizlall, souligne, quant à lui, que le populisme est une tendance de plus en plus répandue dans le monde, que ce soit dans le courant politique de gauche ou de droite. « Finalement, le populisme reflète ce que veut le peuple. Aujourd’hui, nous en sommes arrivés à une situation où si le pays était confronté à une série de crimes horribles et qu’un politicien proposait la réintroduction de la peine de mort, il pourrait être élu. Voilà le danger du populisme », conclut-il.
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