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Politique - Zahid Nazurally : un Deputy Speaker qui tient tête au MSM et au ML

Zahid Nazurally s’est comporté en électron libre au sein du gouvernement.

Zahid Nazurally, Deputy Speaker de l’Assemblée nationale, a su se démarquer par une approche indépendante et souvent en désaccord avec les pratiques du MSM. Si son ex-supérieur, Sooroojdev Phokeer, est critiqué pour son style agressif, il a, lui, gagné le respect de l’opposition et du public. Cependant, ses relations avec le MSM se sont détériorées, culminant récemment avec son refus de céder à la pression.

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Contrairement à l’ex-Speaker de l’Assemblée nationale, Sooroojdev Phokeer, critiqué pour sa partialité et son « agressivité », le Deputy Speaker Zahid Nazurally a adopté une approche distincte, parfois en désaccord avec le Mouvement socialiste militant (MSM). Dès le début du mandat en 2019, le MSM avait nommé Sooroojdev Phokeer au poste de Speaker, malgré les réserves concernant son passé. Il a rapidement imposé un style agressif et partisan aux débats parlementaires. Zahid Nazurally, élu de la circonscription n°10 (Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est), a, lui, su se démarquer de cette ligne directrice, préférant une conduite plus indépendante.

Cela lui a permis de gagner le respect non seulement de l’opposition, mais aussi d’une large partie de l’opinion publique. Zahid Nazurally s’est ainsi forgé une réputation capable de transcender les clivages politiques à l’Assemblée nationale.

Dès ses débuts au sein de l’hémicycle, le Deputy Speaker a, selon des observateurs, adopté les principes parlementaires reconnus à travers le monde, favorisant notamment l’opposition face à la supériorité numérique du gouvernement. Contrairement à Sooroojdev Phokeer, souvent critiqué pour, entre autres, son refus de donner aux membres de l’opposition l’occasion de s’exprimer pleinement et de contextualiser les situations, Zahid Nazurally a emprunté une voie diamétralement opposée.

Unanimité

Zahid Nazurally a permis à l’opposition de s’exprimer sans être entravée par l’application rigide des Standing Orders, pratique courante sous la direction de Sooroojdev Phokeer. Cette approche a été tellement visible à l’Assemblée nationale que l’opposition parlementaire a, à plusieurs reprises, salué la performance du député du n°10. 

Si le Deputy Speaker faisait ainsi l’unanimité dans les rangs de l’opposition, au sein du gouvernement, sa méthode ne semblait pas en phase avec la ligne directrice du MSM. « Dès ses débuts, il est apparu au sein du MSM que Zahid Nazurally n’allait pas faire le jeu du parti », confie un élu de la majorité.

Au cours des cinq dernières années, plusieurs émissaires du gouvernement ont fait comprendre à Zahid Nazurally que son approche n’était pas bien perçue. Bien qu’il ait pris en compte ces critiques, sa manière de gérer les débats parlementaires est restée constante, indépendamment des sentiments des membres du MSM.
Du côté du MSM, le cas Nazurally a dû être traité avec tact, selon nos sources. Après la révocation d’Ivan Collendavelloo, leader du Muvman Liberater (ML), en tant que numéro deux du gouvernement, le MSM craignait d’accentuer les tensions avec le ML. Le parti redoutait qu’une ligne trop dure envers Nazurally puisse nuire à la cohésion gouvernementale. « C’est pourquoi la majorité des séances parlementaires étaient présidées par Sooroojdev Phokeer afin de maintenir le contrôle sur le déroulement des débats », explique une source proche du MSM.

Éviction déguisée

À travers cette éviction déguisée, le MSM a géré Zahid Nazurally durant ces cinq années, tout en l’excluant régulièrement des missions à l’étranger. Des sources proches du député de la circonscription n°10, ses rares déplacements à l’étranger étaient exclusivement financés par lui-même, contrairement aux fréquentes missions à l’étranger de Sooroojdev Phokeer.

Si Zahid Nazurally a fait profil bas en s’abstenant de dénoncer sa situation, des signes d’irritation sont cependant apparus chez lui à partir de 2023. Ses contacts réguliers avec des membres du Parti travailliste, notamment Ehsan Juman et Shakeel Mohamed, durant le Ramadan de 2023, ont été mal perçus par le gouvernement.

De leur côté, Shakeel Mohamed et Ehsan Juman étaient convaincus que Zahid Nazurally, dans un sursaut d’orgueil, manifestait de plus en plus son désaccord avec le gouvernement sur plusieurs dossiers. Malgré sa volonté de maintenir sa loyauté envers le gouvernement, les relations entre le MSM et lui se sont considérablement détériorées, réduisant sa participation aux séances parlementaires.

Aucune pression

Lundi dernier au Parlement, Zahid Nazurally a encore prouvé qu’il refuse de se laisser influencer par quiconque au sein du MSM, y compris par le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Ce dernier a exprimé son mécontentement à plusieurs reprises concernant l’incapacité du leader de l’opposition, Arvin Boolell, à étayer ses accusations contre le Speaker, Adrien Duval, lors des débats sur la motion de censure. Zahid Nazurally a non seulement rejeté la demande du PM de censurer les accusations d’Arvin Boolell, mais il a aussi affirmé haut et fort qu’il ne céderait à aucune pression et qu’il resterait indépendant jusqu’au bout.

Du côté du MSM et du ML, le cas de Zahid Nazurally semble désormais dépasser les membres. Malgré les critiques fréquentes de certains membres sur sa conduite, Zahid Nazurally continue de résister à toute tentative d’influence. Il sera intéressant de voir quelle position il adoptera une fois le Parlement dissous.
 

 

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