Politique : réunion ce lundi autour d’une grande alliance LPM-Reform Party

Cette rencontre se fera-t-elle sans Nando Bodha, leader du Rassemblement Mauricien ? Il déclare ne pas avoir été informé de la tenue de cette réunion. 

Après la concrétisation de l’alliance des partis de l’opposition parlementaire, se dirige-t-on vers une grande alliance des partis de l’opposition non parlementaire ? Ce lundi soir, Roshi Bhadain et quelques membres de sa formation, le Reform Party, ainsi que son partenaire Patrick Belcourt, d’En Avant Moris, rencontrent Rama Valayden, Dev Sunnasy et d’autres membres de l’équipe dirigeante de Linion Pep Morisien (LPM). À samedi après-midi, il n’était pas encore clair si Nando Bodha, le leader du Rassemblement Mauricien (RM), serait aussi de la partie.

Le but de cette rencontre est de parvenir à un accord autour d’une alliance entre ces différentes formations politiques. « Nous sommes d’accord sur le fait que nous devons travailler ensemble. La question est de savoir comment le faire », affirme Dev Sunnasy, co-leader de LPM. Si les deux camps ont pour ambition de changer de fond en comble le système en place à Maurice depuis l’Indépendance, avec notamment une refonte de la Constitution, il y a plusieurs points sur lesquels ils ne sont pas encore tombés d’accord.

Vendredi, durant l’émission Au Cœur de l’Info, sur Radio Plus, Roshi Bhadain s’était prononcé en faveur d’une coopération. « L’équipe de Rama Valayden doit venir avec nous », avait-il affirmé. Rama Valayden est co-leader de LPM. 
Jusqu’à récemment, Roshi Bhadain s’était prononcé contre une séparation du poste de Premier ministre (PM) et du ministre de l’Intérieur. Mais depuis, il a mis de l’eau dans son vin. « Le LPM nous avait dit qu’il fallait enlever un peu du pouvoir au Premier ministre pour créer un ministre de l’Intérieur qui s’occuperait du maintien de l’ordre et du problème de la drogue, entre autres. Un Premier ministre ne peut pas faire cent choses, sinon cela devient un one-man show, comme le fait Pravind Jugnauth. Je leur avais dit au départ que je n’étais pas de leur avis, mais après discussions et concertation avec En Avant Moris, on est d’accord pour faire des concessions », soutient Roshi Bhadain.

Il se voit comme candidat au poste de PM pour une durée de cinq ans, avec Rama Valayden comme ministre de l’Intérieur. « Il a toute sa connaissance à apporter à ce poste. On n’a rien finalisé, mais il ferait un très bon ministre de l’Intérieur », dit le leader du Reform Party.

En revanche, il est contre un partage du mandat de PM avec Nando Bodha. « Je ne suis pas d’accord, car on ne gagnera pas les élections si on met Bodha comme éventuel Premier ministre dans le cadre d’un partage de mandat. Initialement, j’étais d’accord pour trois ans/deux ans, mais Nando Bodha n’était pas d’accord. Il voulait les cinq ans », dit Roshi Bhadain. Ensuite, Nando Bodha s’est prononcé en faveur d’un partage. Toutefois, le leader du Reform Party affirme : « on a fait un sondage sur ma page Facebook. Sur les 5 350 participants, seuls 71 ont dit être d’accord pour avoir Bodha comme Premier ministre. »

Roshi Bhadain verrait bien le leader du RM à la présidence de la République : « Nando Bodha veut aussi un changement profond. Dans la Constitution, on voit que le président de la République est chef de toutes les institutions. Le Constitutional Appointment Committee, que nous voulons mettre en place, ferait les nominations aux postes importants sous la présidence du président de la République. »

Mais que pense-t-on au niveau du LPM de cette proposition de Roshi Bhadain comme candidat au poste de PM pour un mandat plein, Rama Valayden au ministère de l’Intérieur et Nando Bodha au château du Réduit ? « Nous n’avons pas encore discuté de sa proposition, soutient Dev Sunnasy. On n’a pas encore d’opinion dessus. On doit analyser sa proposition dans son ensemble. Puis, ce n’est pas qu’une question de poste. Ce qui est très important, c’est que Roshi Bhadain a accepté que le poste de ministre de l’Intérieur soit séparé de celui de Premier ministre. C’est ce que je dis non-stop depuis le début de l’année. Il est important que les Mauriciens comprennent que le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur ne doivent pas être la même personne. Il en est ainsi en Inde, en France, en Afrique du Sud, en Nouvelle-Zélande, en Australie, à Singapour et tous les autres pays ».

Quant à Nando Bodha, pour l’instant, il affirme : « Je ne vais pas commenter. » Il précise aussi ne pas avoir été informé de la réunion de lundi. Pour l’heure, Rezistans ek Alternativ, qui souhaite une grande alliance de l’opposition parlementaire et non parlementaire, ne fait pas partie des pourparlers.