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Politique monétaire : vers un taux d’inflation de 4 % d’ici décembre 

Harvesh Seegolam, au milieu de Mardayah Kona Yerukunondu et Hemlata Sadhna Sewraj-Gopal, les deux sous-gouverneurs de la BoM.
  • Première baisse du Key Rate après deux ans

La Banque de Maurice table sur un taux d’inflation de 4 % pour cette année. Selon Harvesh Seegolam, l'économie mauricienne est fermement engagée sur la voie de la désinflation. De ce fait, le comité de politique monétaire a décidé à l'unanimité de réduire le taux directeur de 50 points de base, le ramenant de 4,50 % à 4 % par an.

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La Banque de Maurice (BoM) honore-t-elle haut la main son mandat de combattre l’inflation ? Le gouverneur de la BoM est apparu convaincu que le processus de désinflation en cours est bien ancré en 2024 et devrait permettre d'atteindre l'objectif à moyen terme de 3,5 %. Harvesh Seegolam s’est exprimé à la presse le 20 septembre à l’issue de la 72ème réunion du Comité de politique monétaire (CPM). L’inflation à Maurice a continué à baisser. Le taux global est passé d'un pic de 11,3 % en février 2023 à 4 % en août 2024. Harvesh Seegolam a précisé que cela marque 18 mois de baisse consécutive. Le taux d’inflation est resté dans la fourchette cible de 2 à 5 % depuis les quatre derniers mois. Les mesures de base de l'inflation sont également restées engagées sur une tendance ferme à la baisse, s'établissant à 2,3 % en août.

Pour le gouverneur de la BoM, la dynamique récente des prix confirme que l'économie mauricienne est fermement engagée sur la voie de la désinflation. Ainsi, en l'absence de tout choc, l'inflation globale devrait se situer aux alentours de 4 % à la fin de 2024, ce qui la maintiendrait dans la fourchette cible. « Nous avons explicitement adopté un objectif d'inflation de 2 à 5 % depuis janvier de l'année dernière. C'est le résultat du nouveau cadre de politique monétaire. Si l'on compare la situation d'il y a deux ans en termes d'inflation et celle d'aujourd'hui, on constate que nous nous situons bien à l'intérieur de notre fourchette cible », a fait comprendre Harvesh Seegolam. L'objectif à moyen terme est d'atteindre le point médian. La tendance à la baisse se poursuit. Ce qui explique également la raison pour laquelle le comité de politique monétaire a décidé de réduire le taux d'intérêt.  

Première baisse du Key Rate après deux ans

En effet, le Key Rate connaît sa première baisse après deux années de statu quo. Lors de sa troisième réunion de 2024 tenue le 20 septembre, le comité de politique monétaire a décidé à l'unanimité de réduire le taux directeur de 50 points de base, le ramenant de 4,50 % à 4 % par an.

Impact sur la roupie

Le taux directeur passe de 4,5 % à 4 %, soit une baisse de 50 points de base. Il existe un différentiel de taux d'intérêt entre le dollar américain et la roupie. Selon Harvesh Seegolam, le marché s'y était déjà habitué. « Il n'y a pas d'augmentation du différentiel de taux d'intérêt car nous nous alignons sur les États-Unis en abaissant nos taux. Le marché continuera à fonctionner comme il le fait parce qu'il n'y a pas d'augmentation de l'écart entre la roupie et le dollar américain », poursuit le gouverneur de la BoM. Au cours des deux derniers mois, la roupie se serait appréciée de près de 2 % par rapport au dollar américain.

La BoM continue de gérer ses réserves

Depuis la pandémie, la Banque centrale est intervenue à hauteur de 4,4 milliards de dollars sur le marché intérieur des changes. D’où proviennent ses devises ? Harvesh Seegolam affirme que la Banque de Maurice gère ses réserves. « Nous décidons de ce que nous devons faire. Nous achetons sur le marché de temps à autre, lorsque nous le jugeons opportun, mais ce n'est certainement pas ce que nous considérons pour nos interventions », fait-il ressortir. Les réserves du pays se chiffrent à huit milliards de dollars environ.   

L'afflux de devises dans le pays augmente régulièrement selon le gouverneur de la BoM. Cependant, l'écart entre la situation actuelle et celle qui prévalait avant la pandémie est encore faible. « Nous n'intervenons qu'une fois par semaine sur le marché des changes depuis le début du mois de juillet. Nous avons décidé de le faire parce que nous surveillons et évaluons le marché quotidiennement », ajoute-t-il. La hausse de la demande en devises en raison des fêtes de fin d'année influence le marché. Sans cet élément, argue Harvesh Seegolam, le marché aurait été suffisant.  

Pénurie des Devises 

La Banque centrale intervient uniquement en dollar américain sur le marché. Néanmoins, la situation du marché reste très tendue dans de nombreuses régions du monde. Le régulateur bancaire continue de surveiller la situation et à vendre lorsque le besoin se fait sentir. « En même temps, nous sommes conscients de ce que la presse a rapporté dernièrement concernant une certaine pénurie de devises. Nous verrons avec toutes les banques s'il y a des problèmes pour le bon fonctionnement du marché », rassure Harvesh Seegolam. 

Ce dernier rappelle que l’année dernière, la BoM n'a pas hésité à prendre des sanctions et des mesures sévères à l'encontre des banques lorsqu'elle estimait qu'elles ne respectaient pas les règles du jeu du marché des changes. En tant que chien de garde, la BoM se tient prête à prendre les décisions qui s'imposent si elle estime qu'il est nécessaire de prendre des sanctions. Cela peut aller jusqu'à l'imposition d'une amende aux banques. « Je peux vous dire que nous examinons quelques cas. En définitive, nous veillons à ce qu'il y ait une collaboration très étroite entre notre équipe et toutes les équipes de trésorerie des différentes banques afin que le marché n'en pâtisse pas », précise Harvesh Seegolam. 

Par ailleurs, la Banque centrale a également mis en place un bureau spécial pour traiter les plaintes des opérateurs qui avaient des difficultés à accéder au marché des changes. Quelques cas ont d’ailleurs été reçus et résolus.

key rate

Une croissance de 6,5 % attendue en 2024

L'économie mauricienne devrait conserver sa dynamique robuste selon Harvesh Seegolam. La solidité du secteur touristique devrait se poursuivre. Le secteur bénéficiera d'une demande accrue de voyages et de tourisme, d'une meilleure connectivité, de la diversification de la base touristique, l'objectif de 1,4 million de touristes étant maintenu pour 2024. Du côté du secteur de la construction, il sera soutenu par de grands projets d'infrastructures publiques tels que la construction de logements sociaux et l'amélioration des réseaux routiers. Quid du secteur financier, il devrait soutenir la croissance en s'appuyant sur la remarquable réputation du centre financier international mauricien. D’où le maintien de la prévision de croissance du PIB réel à 6,5 % pour 2024 par la Banque centrale.

Prêt bancaire à zéro intérêt pour les 18 à 35 ans

À une question de la presse concernant la mesure annoncée du Premier ministre en cas de victoire aux prochaines élections, Harvesh Seegolam avance qu’il ne peut pas vraiment se prononcer sur le sujet. Pour cause, dit-il, il n’y a pas encore de détails. « Mais je suis sûr que cette mesure, si elle est mise en œuvre, le sera en étroite collaboration avec les banques commerciales. Elle donnera un bon coup de pouce, en particulier au segment du logement. Je suis sûr qu'il y aura des discussions entre les parties concernées », souligne-t-il.

 

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