Politique : les «règlements de comptes» de Navin Ramgoolam

Outre les mesures qu’il a annoncées au meeting du 1er-Mai mercredi, Navin Ramgoolam a également réglé ses comptes avec la famille Jugnauth lors de son intervention. 

Safe City : «Ki manyer inn aste enn kamera pou Rs 5 M ?»

Le projet Safe City sur lequel s’attelle Mauritius Telecom (MT) a été vilipendé par Navin Ramgoolam. Ce dernier dit ne pas comprendre comment MT est parvenue à débourser Rs 19 milliards pour l’acquisition de 4 000 caméras. « Lorsqu’une personne achète une caméra pour sa maison pour des raisons de sécurité, cela coûte entre Rs 15 000 et Rs 20 000. Be ki manyer inn aste enn kamera pou Rs 5 millions ? » s’est demandé l’ancien Premier ministre. « Nous entendons dire qu’il y a eu des commissions par milliards. Il y aura une commission d’enquête quand le Parti travailliste (PTr) retournera au pouvoir », a promis le leader des rouges.

Sherry Singh : «Des allégations sans fondement» 

Sollicité, Sherry Singh, Chief Executive Officer de MT, a fait ressortir qu’il se trouve à l’étranger et qu’il a pris connaissance « des allégations sans fondement » formulées à son encontre. « Je trouve cela très irresponsable de la part d’un leader politique comme Navin Ramgoolam. Je l’invite à se tourner vers les autorités compétentes et même la presse s’il détient des preuves de ce qu’il avance. Je rappelle que Safe City est un projet d’intérêt national confié à Mauritius Telecom qui, en tant qu’opérateur de télécommunications, a toujours œuvré pour le développement socio-économique durable du pays. Ce projet n’est pas qu’une question de caméras. C’est tout un écosystème qui se met en place », a-t-il déclaré.

SBM : «Bizin ena komisyon danket lor kas kinn disparet» 

L’ex-Premier ministre s’est attardé sur l’affaire SBM dans laquelle trois entreprises ont obtenu des prêts sans garanties. Pour lui, la situation dans la State Bank of Mauritius (SBM) est catastrophique. Il a décrié le fait qu’il y ait eu quatre Chief Executive Officers en quatre ans et que la banque ait perdu 61 % de sa valeur. Il a aussi parlé de dettes de Rs 14 milliards en quatre ans. « Ounn tann dir donn loan san garanti ou ? Zot inn donn par milliards dan Kenya e dan Dubayy. Pa kone kot kas-la inn ale. » Navin Ramgoolam a annoncé qu’il instituera une commission d’enquête sur cette transaction. 

Nayen Koomar Ballah : «Aucun commentaire»

Le président du conseil d’administration de la SBM n’a pas souhaité réagir aux propos de Navin Ramgoolam. « Je ne ferai aucun commentaire », a-t-il simplement déclaré.

Rakesh Gooljaury : «So zistwar pou pir ki Judas»

Navin Ramgoolam n’a certes pas cité le nom de son ancien ami Rakesh Gooljaury mais il a vraisemblablement fait référence à lui comme Judas. « Si li kontinie amerd Parti travayis, ena enn prix a paye. Personne ne pourra m’en empêcher. Je ferai ce qu’il y a à faire. » 

Rakesh Gooljaury : «Je reviendrai vers vous plus tard» 

Nous avons sollicité Rakesh Gooljaury le jeudi 2 mai pour un commentaire sur les propos tenus à son encontre par Navin Ramgoolam. L’homme d’affaires nous a dit qu’il reviendrait vers nous ultérieurement. Nous l’avons rappelé une nouvelle fois dans la soirée du lundi 6 mai. Il a répondu : « Pli tar mo sonn ou. »

Yodhun Bissessur dans l’affaire medpoint : «Li pou kone… les eleksyon vini» 

Yodhun Bissessur a lui aussi été pris pour cible par le leader des rouges. L’ancien Chief Government Valuer était soupçonné d’avoir abusé de son autorité pour surévaluer le terrain et le bâtiment de la clinique MedPoint, en faisant passer la valeur initiale de Rs 75 millions à Rs 125 millions. Durant son interrogatoire par l’Independent Commission against Corruption, a précisé Navin Ramgoolam, « il avait dit qu’il ne se rappelait de rien et qu’il avait perdu la mémoire ». Le leader du PTr a souligné le fait que Yodhun Bissessur ait retrouvé la mémoire après la victoire de l’Alliance Lepep. « Li pou kone… les eleksyon vini. Mo pou fer twa reperdi memwar ankor. »

Yodhun Bissessur : «Je ne ferai aucun commentaire»

Sollicité pour une réaction, Yodhun Bissessur n’a pas souhaité réagir. « Je ne ferai aucun commentaire à ce sujet », a-t-il dit. Dans son entourage, on laisse entendre que l’affaire MedPoint est définitivement close. « Il y avait eu une enquête. Le dossier a été référé devant le tribunal. Puis la justice a rendu son verdict. De ce fait, cette affaire est terminée », explique-t-on.

L’ancien PM : «Donn eleksyon ki to pe peur»

Navin Ramgoolam a relevé une déclaration faite par Pravind Jugnauth le 26 juin 2018 à l’Assemblée nationale à l’effet que les élections villageoises se tiendraient dans le courant de la même année. Or, le gouvernement a par la suite décidé de repousser l’échéance. « Limpos ti dir pou fer eleksyon vilazwaz. Kote ? » s’est demandé le leader du Parti travailliste. « To pou kone kouma nou pou touf twa dan sirkonskripsyon to papa », a-t-il ajouté en partant de l’hypothèse que le gouvernement décide de tenir une élection partielle au no 7 (Piton/Rivière-du-Rempart).

Ramgoolam : «Nous sommes en état d’urgence économique»

L’ancien Premier ministre s’en est pris au tandem sir Anerood Jugnauth/Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui avait promis de réaliser le deuxième miracle économique. « Les deux ont disparu de la scène politique. Vishnu Lutchmeenaraidoo est venu dire devant le président malgache en tant que ministre des Affaires étrangères qu’il a honte pour l’économie mauricienne… Nous sommes en état d’urgence économique. Si nous ne faisons pas attention, ce pays finira comme la Grèce », a-t-il déclaré. Il a également attaqué ses adversaires sur les engagements pris par le gouvernement. « Ils avaient promis une croissance de 7 % mais elle est de seulement 3,7 %. Ils avaient promis la création de 100 000 emplois. Il y en a eu moins de 20 000 », a-t-il dit.

Le Sun Trust «le plus grand coffre-fort», selon l’ex-PM

Navin Ramgoolam a également fait l’historique du quartier général du Mouvement socialiste militant (MSM) : le bâtiment du Sun Trust. « Pravind Jugnauth demande à la population de le juger sur son comportement. Mais nous connaissons son comportement par rapport à l’argent, le clan familial et vis-à-vis des institutions », a-t-il fulminé. Navin Ramgoolam a qualifié le bâtiment du Sun Trust de « plus grand coffre-fort ». « Papa lwe batiment Sun Trust ek minister ledikasyon. Gouvernnma donn li chek e li donn piti. Est-ce cela la moralité ? » s’est demandé Navin Ramgoolam.