Politique : comment une opposition fragmentée joue en faveur du GM

L’opposition parlementaire est fragmentée. La pomme de la discorde ? La tenue de la marche de protestation qui devait avoir lieu ce vendredi 12 août. Le Reform party ainsi que le Rassemblement Mauricien (RM) pourraient être évincés de l’équation de la plateforme de l’Espoir. Le MMM, le PTr et le PMSD sont en pourparlers pour un éventuel rapprochement, tandis que Bruneau Laurette a claqué la porte de Linion Pep Morisien. Pendant ce temps, le gouvernement se frotte les mains.

L’observateur politique et membre du groupe de réflexion « Think Mauritius », Faizal Jeerooburkhan, fait ressortir qu’il est important de « comprendre le rapport de force du moment ». « Nous constatons que le gouvernement est pourvu d’une assise garantie dans les régions rurales du pays. Le gouvernement, qui a le pouvoir de décider du moment propice pour la tenue des élections municipales ou générales, dispose également des machineries de l’État et a tous les moyens de contrôler un bon nombre d’institutions du pays en sa faveur. C’est sûr que les mesures sociales, et autres ‘money politics’ seront mises en avant lors de la prochaine joute électorale », souligne l’observateur politique.

L’opposition, poursuit Faizal Jeerooburkhan, doit cependant capitaliser sur les votes des régions urbaines. Il n’y a que le Parti travailliste, précise-t-il, qui peut contrôler les votes des régions rurales du pays. « C’est un fait. Une opposition fragmentée aura moins de crédibilité aux yeux des électeurs. Le rapport de force est tel que le défi du gouvernement sera d’affronter un seul bloc politique. Surtout avec le système électoral actuel qu’est le First Past The Post (FPTP). Si le défi se disperse, automatiquement, le FPTP sera en faveur du gouvernement », estime Faizal Jeerooburkhan.

Confusion 

L’observateur politique et ancien ministre Dharam Gokhool, fait ressortir que « la population est dans l’attente d’une opposition unie et avec des projets de société ». « Mais à condition que l’opposition effectue son travail comme il se doit en présentant un véritable projet de société et d’avenir à la population mauricienne. C’est ce qui manque au sein de l’opposition. Les leaders des partis politiques de l’opposition disent qu’ils sont en train de discuter. Mais ils discutent de quoi ? » demande-t-il.

« Je ne sais quel parti politique va bénéficier de l’opposition décousue. Mais la situation actuelle a tendance à créer une confusion dans la tête de la population. Les gens ont tendance à se demander ce que l’opposition peut et veut faire. Je pense que le plus grand perdant c’est la population », souligne pour sa part la professeure associée en médias et systèmes politiques de l’Université de Maurice, Roukaya Kasenally.

L’ancien ministre Vasant Bunwaree estime quant à lui qu’il faut voir ce qu’il ressort de ces discussions. Et d’ajouter qu’il faut attendre que tout le monde se fasse connaître et que toutes les intentions soient connues. 

Cristalliser une alliance

« Je pense que si le MMM, le PTr et le PMSD tombent d’accord, ils pourront cristalliser une plateforme pour ensuite mobiliser leurs troupes », indique Dharam Gokhool. La population, dit-il, percevra cette alliance comme étant une alternative lors des prochains scrutins. N’oublions pas, termine Dharam Gokhool, que les trois partis politiques ont déjà leur ‘vote bank’.