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Policiers tortionnaires - Cardinal Maurice Piat : «Il y a bien plus que quelques brebis galeuses»

Le cardinal Maurice Piat était l’invité de l’émission Au Cœur de l’Info, vendredi.

Le cardinal Maurice Piat était l’invité de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus, vendredi, animée par Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul. Le chef de l’église catholique à Maurice s’est longuement appesanti sur les actes de torture perpétrés par des policiers sur des suspects. Il a aussi commenté d’autres thèmes d’actualité.

Pour le cardinal Maurice  Piat, il semblerait qu’il y ait une culture d’impunité au sein de la police entourant les tortures perpétrées sur des suspects. « Lorsque nous constatons le nombre de cas qui sont mis en lumière et qui datent pour certains de plusieurs années, on se dit que pendant tout ce temps-là, rien n’a été fait », déplore-t-il. 

Mais avant de s’appesantir sur le sort des policiers tortionnaires, le cardinal Piat pense qu’il faut se focaliser en premier lieu sur les victimes. « Il faut que nous manifestions une empathie, une solidarité, voir une amitié envers ces personnes-là et nous montrer disponibles pour les écouter et les encourager », dit-il. Le cardial Piat considère qu’on a porté atteinte  à la dignité de ces personnes, mis à part les blessures sur leur corps qu’il estime tout aussi « terribles ». 

Il est d’avis qu’il faut une institution indépendante pour enquêter sur ces cas. « La police ne peut enquêter sur la police. Il faut une institution indépendante pour cela, tant c’est grave et sérieux », indique-t-il. 

S’il concède qu’il y a des policiers « très honnêtes, qui font leur travail consciencieusement avec un bon esprit », le cardial Maurice Piat croit néanmoins que le public a peur de s’adresser à la police de nos jours. « Ce qui signifie qu’il y a une perte de confiance dans la police et lorsque cela se produit dans un État de droit, c’est grave. Il semble qu’il y ait bien plus que quelques brebis galeuses. Ils seraient plusieurs et ces pratiques-là se transmettent, parce que les auteurs de ces actes savaient qu’ils étaient filmés », avance-t-il. Le cardinal Piat juge la situation d’autant plus dangereuse qu’une section de la population commence à approuver ce genre de pratique de la police. 

Pour l’évêque de Port-Louis, l’État devrait revoir le processus de recrutement et la formation des policiers, car, dit-il, ce genre de pratique serait trop répandu. En ce qui concerne les policiers qui ont participé à ces actes de torture, le cardinal Piat fait comprendre qu’ils ne doivent pas « s’en tirer avec un simple transfert, comme c’est généralement le cas ».

Manifestations

Les récentes manifestations ont aussi été commentées par le cardinal Piat. Il s’agirait, selon lui, d’un cri de détresse. « Si nou ferm labous ek nene enn dimounn, li pou kapav tini pou enn ti moman, me si kontinie, li pou donn koudpie », explique-t-il, tout en précisant qu’il ne cautionne pas les actes de violence. Il faut, selon lui, privilégier l’écoute. Il estime « malheureux » que des partis de l’opposition profitent de ces moments pour tenter de « redorer leur blason ». 

Double crise

Le chef de l’église catholique à Maurice souligne que les difficultés que rencontre le monde entier aujourd’hui seraient les conséquences d’une guerre entre des pays producteurs de denrées importantes. « Ainsi, lorsqu’ils sont frappés d’une guerre, c’est le monde entier qui souffre », fait-il comprendre. Il se désole que ça soit toujours les plus démunis qui souffrent davantage, même si les répercussions touchent tout le monde. 

Budget 2022-2023

Un geste fort de l’État. C’est ce que dit attendre le cardinal Piat du discours budgétaire qui sera lu ce mardi 7 juin. Ce geste doit surtout, selon lui, montrer une certaine sympathie envers les plus pauvres. Il préconise aussi un partage équitable de la richesse. Le cardinal Piat demande que le Budget puisse encourager la production locale, les Petites et moyennes entreprises (PME) et une plus grande exploitation des ressources marines. La hausse de la pension et du salaire minimum est aussi souhaitée. « Je ne sais pas par combien on peut les augmenter, la pension et le salaire minimum, mais il y a aussi des alternatives, à travers des plans d’aide. Il faut réinventer la solidarité », exhorte l’évêque de Port-Louis. 

Censure

Le cardinal Maurice Piat est revenu sur la censure de son message à la nation dans le cadre de la Noël. S’il conçoit que quelqu’un à la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) a été sanctionné pour cela, il entend bien, cependant, savoir pourquoi il a été censuré. « Surtout la partie où j’abordais la souffrance des Mauriciens dans un moment difficile (…). Nous voulons savoir si c’est légal de faire ça ou si la MBC était dans son droit », lance-t-il, précisant qu’il n’a pas été tellement touché par cela, tant c’est « ridicule ». 
 

 

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