
Au Parlement, vendredi, le Premier ministre a indiqué avoir fait appel à des enquêteurs étrangers, notamment de Scotland Yard, pour rouvrir l’enquête sur la mort de Soopramanien Kistnen. Navin Ramgoolam a aussi annoncé l’introduction d’une législation encadrant leur intervention dans des cas d’intérêt public. Une mesure accueillie avec prudence. Des questions portent également sur les modalités concrètes de cette collaboration inédite.
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Dans le monde policier et juridique, cette collaboration est une opportunité de renforcer les capacités d’investigation. Pour l’ex-Assistant Superintendant of Police (ASP) Roshan Kokil, cette collaboration pourrait aider la police mauricienne à mieux aborder non seulement l’enquête Kistnen en particulier, mais aussi d’autres cas non élucidés. Selon lui, les policiers étrangers pourront conseiller et guider leurs confrères des Casernes centrales. « Nou abitie avoy nou bann polisie swiv kour a letranze. La zot pou gagn knowledge ki vinn ver nou isi mem », précise-t-il.
Même son de cloche du côté de l’ancien inspecteur Ranjit Jokhoo, qui a eu un long passage au sein de la Major Crime Investigation Team. Il estime que cette collaboration permettra aux enquêteurs mauriciens de bénéficier de l’expertise de leurs confrères étrangers, grâce à leur expérience acquise dans leurs pays respectifs. Il salue l’annonce d’un cadre légal pour une meilleure structuration de cette collaboration éventuelle.
« Des skilled investigators étrangers peuvent être définitivement bénéfiques comme assistance à la police mauricienne », renchérit l’avocat Siddhartha Hawoldar. Cette initiative, estime-t-il, apportera plus de transparence dans les enquêtes criminelles. Toutefois, il s’interroge sur la structure de la loi : Scotland Yard dépêchera-t-il des enquêteurs à Maurice, ou s’agira-t-il d’une formule de Mutual Assistance, dans laquelle les enquêteurs de Scotland Yard seront employés par l’État ?
Au-delà de l’accueil favorable, une préoccupation centrale traverse l’ensemble des réactions : la préservation du leadership de la police mauricienne. Roshan Kokil est catégorique : il ne faut pas que les Casernes centrales aient affaire à des « super-cops » venant dicter la conduite de la police mauricienne. Il privilégie plutôt une approche basée sur le partage d’expertises avancées dans certains domaines.
« Le leadership doit rester à la police mauricienne avec l’appui solide des étrangers », insiste Roshan Kokil, qui réitère l’importance de définir des Terms of Reference dès le départ, en faisant ressortir clairement les Do’s and Don’ts. L’enquête doit toujours être menée par les policiers mauriciens, soutient-il.
Cette question du leadership rejoint une autre préoccupation essentielle : la connaissance du terrain. Ranjit Jokhoo évoque l’importance d’une coopération étroite entre les policiers étrangers et les enquêteurs mauriciens. « Bann-la pa pou konn terin ni realite Moris. Pou bizin ena polisie morisien pou kolabore », affirme-t-il.
L’ex-ASP Hector Tuyau va encore plus loin : « Zot pa pou konn sistem nou pei roule e kouma krim ete dan Moris. Zot pou pran boukou letan pou konpran sa. »
Il ne cache pas son scepticisme face à la décision d’adopter une législation permettant aux limiers étrangers d’enquêter sur des cas non résolus. Il soutient que la police mauricienne est déjà efficace. Du reste, s’interroge-t-il, ces experts étrangers affichent-ils réellement un taux de réussite de 100 % ? « Anketer morisien pe finn montre e pe montre zot konpetans », martèle-t-il.
Dans la foulée, il met en garde contre un risque d’amalgame concernant certains policiers « pouritir ki pe opere » au sein de la force. « Il est important de ne pas faire d’amalgame entre quelques ‘pouritir’ au sein de la force et la compétence générale de la police mauricienne. » Hector Tuyau insiste : « La police mauricienne est très compétente. »

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