C’est un véritable bras de fer entre le ministre de la Santé et les travailleurs sociaux. Son affirmation devant la commission d’enquête sur la drogue, le mercredi 29 juin, a en effet soulevé un tollé dans certains milieux.
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L’Association des travailleurs sociaux de l’île Maurice (ATSM) s’est réunie en urgence le samedi 2 juillet pour établir un plan de travail à la suite des affirmations d’Anil Gayan. Le collectif invite le ministre de la Santé à un débat public. « Nous allons lui démontrer, preuves à l’appui, que la situation concernant les drogues synthétiques est bel et bien inquiétante. Il est triste que les officiels du ministère de la Santé restent dans leur tour d’ivoire et préfèrent se voiler la face au lieu d’agir. Pour moi, c’est tout simplement appliquer la politique de l’autruche », souligne Ally Lazer, président de l’ATSM. Et d’ajouter que les affirmations du ministre « amplifient la souffrance des familles dont les enfants ont été tués par les drogues synthétiques ». Toutefois, malgré le fait que les travailleurs sociaux soient montés au créneau, le ministre de la Santé ne compte pas revenir sur ses propos. Sollicité par le Défi Quotidien, il affirme qu’il assume totalement sa déclaration. « Je maintiens mon opinion. La situation n’est pas alarmante et je me base sur des chiffres et des données scientifiques du ministère pour l’affirmer. Je ne suis pas du genre à faire des affirmations qui ne sont pas fondées sur des chiffres. Je suis prêt à participer à un débat public, mais à une seule condition. Que ceux qui disent être en possession de données pouvant contredire mon affirmation fassent d’abord une déposition à l’Anti Drug and Smuggling Unit », insiste-t-il. Devant la commission d’enquête sur la drogue, Anil Gayan avait soutenu, le mercredi 29 juin, que la situation concernant la prolifération des drogues synthétiques à Maurice « n’est pas alarmante ». Selon lui, il y a un manque d’information sur ce sujet. Sur les réseaux sociaux, les commentaires abondent. De nombreux internautes montrent du doigt la gestion de ce fléau par les autorités. Concernant le décès de Bryan Juste, âgé de 19 ans, mort d’une overdose, Anil Gayan soutient qu’il faut attendre la fin de l’enquête avant de tirer des conclusions. « Il est encore trop tôt pour réagir», affirme-t-il. Le corps du jeune homme avait été retrouvé dans les toilettes de l’ancien bureau de la Sécurité sociale de Bambous. Or, le Dr Valentina Sheik Hassam, surintendant à l’hôpital psychiatrique Brown Séquard, avait affirmé, la semaine dernière, lors de sa déposition devant la commission d’enquête sur la drogue, que la consommation de drogues de synthèses devient de plus en plus fréquente. Selon elle, 54 patients ont été admis à Brown-Séquard à la suite d’overdose causée par des drogues synthétiques. De janvier à mai 2016, 21 personnes ont été internées. Huit d’entre elles ont moins de 18 ans, huit ont entre 18 et 30 ans, et cinq entre 30 et 40 ans.
Autres réactions sur les drogues synthétiques
La ministre de l’Égalité des genres, Aurore Perraud, et le vice-président de la République, Paramasivum Pillay Vyapoory, participaient, ce dimanche 3 juillet, au lancement de l’Académie des parents à Roche-Bois. Ces derniers ont réagi sur la situation des drogues synthétiques à Maurice. Pour la ministre Perraud, il s’agit d’une sérieuse menace pour la société mauricienne. « Plusieurs mesures ont été prises par mon ministère pour tenter de venir à bout de ce fléau. Nous avons tenu plusieurs ateliers de travail. Nous avons aussi lancé des campagnes de sensibilisation sur le sujet. Par ailleurs, l’atelier de partage destiné aux parents, que nous avons lancé la semaine dernière, comporte un module étoffé sur les drogues synthétiques», dit-elle. Pour sa part, le vice-président de la République qualifie les drogues synthétiques de « fléau qui empoisonne la jeunesse mauricienne». Selon lui, ces drogues réduisent de nombreuses personnes en esclavage. « La situation est inquiétante. Une personne qui meurt à la suite d’une overdose est une déjà de trop. Il faut prendre conscience de la gravité de la situation et agir. La drogue détruit des familles et cela fait souffrir le pays dans son ensemble», dit-il.
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