Polémique sur fond de trafic de drogue inter- îles : la police locale rappelle à l’ordre la Justice réunionnaise

Le chef de la police et le patron de l'Adsu rejettent les reproches des juges du tribunal de Saint-Denis. Reproches selon lesquels ils ne sont jamais intéressés au trafic de drogue sur l'axe Maurice-Madagascar-Réunion.

« Il y a eu une demande officielle de notre part pour aider les autorités réunionnaises dans cette enquête... en vain ». C'est ce que martèle l'adjoint au commissaire de police, Choolun Bhojoo et patron de l'Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu), suite à la remarque faite dans le jugement rendu dans l'affaire des trois Mauriciens interceptés à l'Ile sœur en novembre 2016 avec Rs 600 millions de gandia et d'héroïne.

Les juges soutiennent que « les autorités mauriciennes n'ont pour leur part effectué aucune démarche officielle de coopération internationale ». Une supputation que contestent vivement les hautes sphères de la police mauricienne : « Nous avons suivi la procédure habituelle, comme c'est le cas dans des affaires similaires. C’est faux de dire que nous ne nous sommes nullement intéressés à ce cas, d'autant plus qu'il s'agit d'une des plus grosses saisies de drogue », a soutenu le Commissaire de police, Mario Nobin.

Au sein de l'Adsu, on prend très mal la remarque des juges français. La direction de la brigade anti-drogue, affirme-t-on, s'est démenée pour obtenir des renseignements utiles depuis l'arrestation du skipper Joseph Mike Didier Brasse et de ses deux complices Royce Almonzo Capdor, et Osman Kamil Mohamed, dit Azal, au port de Sainte-Rose. « C’est à travers la presse locale que l'Adsu a suivi l'évolution de l'enquête. Pourtant, un simple coup de fil aurait suffi pour permettre aux autorités réunionnaises d'obtenir de l'aide des Mauriciens », fait-on comprendre au niveau de la brigade. 

Axe maurice-madagascar

Le trio susmentionné a balancé le nom de Toto comme étant le véritable cerveau derrière l'importation des 42,2 kilos d'héroïne quasiment pure et 6,2 kilos de gandia de Madagascar. Alors que les Réunionnais pensent qu’il s'agit plutôt de Curly Chowrimoothoo, alias Ti Nana, celui qui a importé Rs 100 millions d'héroïne de la Grande île, l'Adsu penche pour Wesley Bhadhoodeenkhan, prénommé Toto.

Tandis que les autorités mauriciennes et réunionnaises continuent de se renvoyer la balle, les complices des trafiquants courent toujours. Un seul d'entre eux, un éleveur de porcs, a été arrêté par la Commission anticorruption quelques jours après la saisie de Sainte- Rose.

Après avoir tenté de mener les enquêteurs réunionnais en bateau, Mike Brasse a reconnu qu’il travaillait pour le dénommé Toto dont le bras droit ne serait nul autre que le mécanicien Osman Kamil Mohamed. Il a avoué, entre autres,  avoir récupéré deux gros sacs d’héroïne en provenance de Dubaï. C’était lors d’un voyage en mars 2016 au large de Madagascar. La drogue a été stockée chez sa maîtresse, avant d’être livrée à Maurice.