Polémique autour du CP et de véhicules officiels - Dev Jokhoo : «Deux proches sont autorisés à conduire les voitures des bénéficiaires»

• La BMW X6 et la Porsche Macan de retour aux Casernes centrales 

La lettre anonyme adressée à la Financial Crimes Commission (FCC) et copiée à plusieurs autres autorités, y compris le bureau du Premier ministre, la Mauritius Revenue Authority, le Secrétaire financier et le bureau du Directeur des poursuites publiques, a déclenché une onde de choc. Dans cette correspondance, le « corbeau » fait état d’un présumé abus de pouvoir concernant l’utilisation de voitures de fonction par le chef de la police Anil Kumar Dip et ses proches à des fins personnelles. 

Le détracteur accuse le Commissaire de police (CP) d’avoir permis à ses enfants d’utiliser une Porsche Macan et une BMW X6, toutes deux enregistrées comme véhicules de police. Les allégations incluent également l’utilisation de carburant au nom de la police pour ces voitures. La lettre de dénonciation fait aussi état de l’acquisition d’une Range Rover Velar (immatriculée 4574) à hauteur de Rs 5,9 millions utilisée par Anil Kumar Dip. 

Selon le whistleblower, le SUV Porsche Macan, estimé à Rs 6,4 millions, serait utilisé par la fille du CP, et la BMW, estimée à Rs 10 millions, par le fils du CP. Après la diffusion de cette correspondance dans les médias, la Porsche Macan achetée en 2021 et la BMW X6 acquise en 2024 ont été retournées aux Casernes centrales. Il s’agit de véhicules publics qui avaient autrefois été utilisés par diverses personnalités, VIP et membres du système judiciaire. 

Dev Jokhoo, ancien directeur du National Security Service (NSS) et ex-Deputy Commissioner of Police (DCP), affirme que « deux membres de la famille sont autorisés à conduire les véhicules des bénéficiaires ». Dans une déclaration accordée au Défi Plus, il explique que le CP, les DCP, le directeur du NSS, les juges et les Senior Chief Executives sont éligibles à des voitures hors taxes et avec chauffeur. 

Il précise qu’il arrive souvent, qu’à la fin de leur mandat d’officiels, les utilisateurs ont le privilège de faire l’acquisition de ces voitures après avoir payé les taxes correspondantes. Selon Dev Jokhoo, si le véhicule principal tombe en panne, l’utilisateur peut utiliser un autre faisant partie de la flotte des Casernes centrales. 

L’ex-directeur du NSS souligne que les utilisateurs des véhicules de l’État peuvent, s’ils le souhaitent, faire une demande auprès du ministère des Finances pour les acquérir. Il explique que tous ces véhicules sont destinés à usage officiel et personnel. Il précise que les bénéficiaires peuvent faire enregistrer jusqu’à deux de leurs proches comme conducteurs des véhicules en question. « Sa loto la pann aste pou Dip ou so pros. Mo panse pa pou ena lanket kriminel ladan », so. Les tentatives du Défi Plus pour obtenir une réaction du CP ont été infructueuses. Toutefois, certains de ses collaborateurs affirment que tout a été fait dans les règles. Ils accusent même le ou les auteurs de la lettre de tenter de ternir la réputation du chef de la police. 

Alors que le CP utilise la Range Rover Velar comme voiture officielle, plusieurs personnes aux Casernes centrales affirment qu’après avoir aperçu Anil Kumar Dip en Porsche, ils ont cru qu’il avait fait l’acquisition de cette voiture à titre personnel en utilisant les facilités de « duty-free » auxquelles il est éligible. L’affaire a éclaté lorsque des individus aux Casernes centrales ont compris que ces voitures étaient enregistrées au nom de la Mauritius Police Force mais utilisées par les enfants du CP. 

« Kout sab dan delo » 

Une source affirme que cette affaire n’a pas lieu d’être car tout aurait été fait dans les règles, contrairement aux allégations faites dans la lettre de dénonciation. « Pe rod port atint a repitasion komiser la. Zot pe donn kout sab dan delo », souligne un proche collaborateur du CP. 

Le Défi Plus a tenté d’obtenir une réaction d’Anil Kumar Dip sur les allégations faites contre lui et ses proches dans la lettre anonyme. Mais les multiples tentatives sont demeurées vaines. Motus et bouche-cousue également au niveau des Police Headquarters aux Casernes centrales. 

En parallèle, une enquête a été lancée pour identifier l’auteur de la lettre anonyme. Les Casernes centrales veulent découvrir l’identité de ce whistleblower. Si le contenu de la lettre s’avère véridique, une éventuelle enquête portera sur un présumé abus de pouvoir ou sur l’accusation de « using office for gratification ».