L’admission des enfants pour le Grade 1 (anciennement Std 1), qui a eu lieu le 19 mai dans une école des Plaines-Wilhems, ne s’est pas déroulée en toute quiétude. Des mères s’insurgent contre le fait qu’on leur ait demandé de monter dans un véhicule de police et de se rendre chez elles afin de prouver qu’elles habitent à l’adresse indiquée.
«Imaginez la situation : monter dans une voiture de police pour montrer mon domicile aux agents. Une fois chez moi, imaginez mon embarras de sortir du véhicule, d’entrer dans la maison accompagnée des officiers, puis de remonter dans la voiture pour retourner au poste. Imaginez la réaction des voisins, d’autant qu’ils ne sont pas en bons termes avec nous.» Janine (prénom modifié) est furieuse. Raison pour laquelle cette mère de famille, qui voulait inscrire son fils, le 19 mai, au cycle primaire, a « refusé tout net ». « Je pensais que je devais simplement remplir un formulaire au poste pour l’admission de mon fils. Mais les policiers m’ont dit que je devais les accompagner jusqu’à mon domicile pour qu’ils vérifient ma déclaration. » La jeune femme, qui ne serait pas le seul parent à avoir eu droit à ce traitement, a aussitôt contacté la rédaction d’Xplik ou K.
« Pour quelles raisons m’imposerait-on d’accompagner des policiers alors que j’ai apporté les justificatifs prouvant l’adresse à laquelle je vis, soit les trois dernières factures d’eau et d’électricité ? » s’indigne la mère de famille. Et pour ne pas avoir à monter dans la voiture, comme demandé par les policiers, elle raconte qu’elle voulait appeler des personnes qu’elles connaît et qui travaillent au sein de la force policière pour qu’elles confirment à leurs collègues qu’elle habite au lieu indiqué. « Malheureusement, je n’ai pas pu les contacter. » Janine indique qu’elle a finalement pu compter sur le soutien d’un policier qui s’est rendu compte qu’elle ne pouvait pas mentir. Il n’a pas insisté et lui a remis le document exigé.
Suivant le témoignage de Janine, la rédaction d’Xplik ou K a contacté la direction de l’établissement où avait lieu l’admission du petit pour la première année du Nine-Year Schooling Programme. Une personne de l’école a exprimé son profond étonnement en apprenant la mésaventure de Janine et celle d’autres parents venus compléter les procédures d’admission. « Aucun recteur ou rectrice n’a exigé de la responsible party qu’elle se rende chez elle, accompagnée d’un policier, pour prouver son adresse. Jamais elle n’était tenue de monter à bord d’une voiture de police. Elle devait juste donner la preuve de son adresse, en présentant les trois dernières factures d’eau et d’électricité. C’était aux policiers d’aller vérifier l’adresse eux-mêmes », indique notre source.
Droits fondamentaux des citoyens
Après cet incident, des voix se sont élevées : l’obligation de confirmer son adresse en montant à bord d’une voiture de police « est une atteinte aux droits fondamentaux des citoyens mauriciens ». Cette obligation ne peut être tolérée dans un État démocratique, car elle viole les conventions ratifiées par Maurice, dont le droit d’un enfant à recevoir l’éducation choisie par ses parents. La police ne peut intervenir de cette manière dans la sphère privée des citoyens. « Si les ordres viennent d’en haut, comment l’État peut-il imposer cela ? Vivons-nous alors dans un État policier ? » se demande un parent sous le couvert de l’anonymat. Nous avons abordé la question avec Rita Venkatasamy, Ombudsperson for Children. Elle a déclaré qu’elle comprend l’aspect « rationnel » derrière l’agissement des policiers, vu les « nombreux abus de certains parents notés lors des admissions au primaire ». Cependant, elle se dit d’accord avec le fait qu’on ne puisse forcer une mère à monter dans une voiture de police pour aller vérifier avec des agents l’authenticité de son adresse. « Il faudra trouver d’autres moyens plus pratiques pour contourner le problème. L’école ne devrait intervenir que si elle éprouve des doutes sur la véritable adresse de l’enfant. Elle devrait alors demander à la police de vérifier l’adresse fournie par le parent. Autre chose : elle pourrait aussi se demander pourquoi l’enfant prend tel autobus pour venir à l’école alors qu’il est censé habiter dans telle zone. » Rita Venkatasamy a promis d’en discuter avec le ministère de l’Éducation. La rédaction d’Xplik Ou K a sollicité l’intervention du bureau de la ministre de l’Éducation. Elle attend une réponse à ce sujet.Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !