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À Pointe-aux-Sables: elles vivent à quatre dans une roulotte artisanale

Depuis l’incendie qui a ravagé sa maison, Lutchmee Davee Sahadeo n’a eu d’autre choix que de convertir en habitation sa petite roulotte qui lui permettait de vendre des gâteaux, afin d’abriter ses filles et sa petite-fille. Lutchmee Davee Sahadeo a la voix enrouée. Elle traîne une mauvaise toux depuis des semaines. A les traits tirés. Elle avale deux comprimés de paracétamol. À 54 ans, elle est de celles qui ne s’apitoient pas sur leur sort, se contentant du strict minimum. Elle croit à l’adage : « Tout vient à point à qui sait attendre. » Depuis la semaine dernière, son histoire est médiatisée : c’est la femme qui vit dans une roulotte à Pointe-aux-Sables. Elle y est depuis une année déjà. Mais elle est en passe de voir la fin de ce calvaire . Comment vit-on, été comme hiver, dans une boîte en fer de 12 mètres carrés ? Luchmee Davee Sahadeo ne se lance pas dans de grandes explications. Elle aurait tellement à raconter sur ce qui s’est passé en un an. « Ou kone, enn mama pou li protez so zanfan, li kapav fer linposib.» Dans la roulotte de sa vie, comme elle appelle son abri de fortune, elle héberge sa fille divorcée, sa petite-fille de 6 ans et sa benjamine qui a 13 ans. Deux adultes, deux enfants dans cet unique espace de vie. La vieille roulotte servait jadis de ‘ti-tabagie’. Lutchmee Davee vendait ses ‘rotis chauds’ et des ‘tigato’ aux habitants de Débarcadère. Et depuis l’incendie de sa maison, en bois sous tôle, en février 2015, elle n’a eu d’autre choix que de transformer son commerce en lieu de vie. « Mo kwi, manze ladan, kasiet lapli lazourne ladan, aswar mo zet nou de matla, enn an gran, lotla mo ploy li lamwatie akoz pena plas. Liver korek, me la, pe toufe », raconte Lutchmee Davee, devant sa fille de 13 ans, qui a le regard perdu.

Cauchemars

À la tombée de la nuit, c’est toute une organisation. Il faut rentrer les matelas qu’on a mis à l’air pendant la journée. Il n’y a pas d’homme dans la famille. Lutchmee Davee se charge de tout. « Ala nou lavi depi dife inn pran. Mo dir ou nou ankor fer sa vizion-la. Nou finn perdi tou. Enn karay pou kwi manze ti nepli ena. Finn bizin rekoumans tou a zero », explique Lutchmee Davee. « La mairie et la Securité sociale nous ont aidées après l’incendie. J’ai pu acheter le lopin de terre où j’habite. Gouvernma ti propoz mwa aste li. Mo finn pei later-la ek noter Rs 4 500 antou. Mo kontan o mwen monn resi fer sa. » La National Empowerment Foundation avait bien proposé une maison en bois sous tôle à cette famille, Lutchmee Davee Sahadeo avoue avoir refusé. « Monn tromatize ek lakaz dibwa ek tol. Bann zanfan pa le dormi. Aswar zot fer kosmar. Zot leve, kriye, plore. Ena lera, bebet ki sorti. Mo finn refiz lakaz tol ek zot finn dir mwa bizin atann inpe. Depi enn banane pe atann mem », dit-elle. Avec ses maigres économies et ce que sa fille lui donne, Lutchmee Davee essaye de joindre les deux bouts. Sa priorité : l’éducation de sa fille. « Mem si bizin bwar dilo diri toulezour, mo pou fer li, pou ki mo zanfan gagn so ledikasion. Mo kone li ena kapasite pou fer mwa sorti dan sa mizer nwar-la », soutient cette mère courage. Depuis son témoignage sur Radio Plus et le reportage vidéo sur Téléplus, les anonymes et les hauts responsables du gouvernement ont promis de lui venir en aide. La NEF met les bouchées doubles pour qu’elle puisse obtenir une maison rapidement et assurer la prise en charge de sa fille encore collégienne.

Sur Radio Plus

Le ministre Alain Wong, qui intervenait dans l’émission Explik ou K mercredi matin, dit être au courant de ce cas. Le ministre Prithviraj Roopun s’assure du suivi du dossier. Il reconnaît que les choses ont pris du retard, mais soutient que les autorités font tout ce qui est possible pour les reloger.
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