Showkutally Soodhun a démissionné à titre provisoire de son poste de vice-Premier ministre et ministre du Logement et des Terres « dans l’intérêt général du pays ». Le Premier ministre préfère attendre les conclusions de l’enquête policière sur les propos controversés de l’intéressé sur une communauté, avant de trancher en définitive.
Quatre jours après les propos jugés insultants de Showkutally Soodhun à une réunion avec des habitants de Bassin, à Quatre-Bornes, à son bureau, le 17 juillet dernier, contre une composante de la population, le Premier ministre Pravind Jugnauth a tranché. D’un « commun accord » avec celui qui était No 4 du gouvernement, cette affaire s’est donc soldée par un départ du gouvernement du principal concerné.
« Après discussions cet après-midi, nous sommes tombés d’accord qu’il démissionne en tant que vice-Premier ministre et ministre du Logement et des Terres dans l’intérêt général du pays », a annoncé Pravind Jugnauth à un point de presse, peu après 18 h 30, au Bâtiment du Trésor, à Port-Louis, vendredi. Le Premier ministre prend le soin de préciser que « nous étions sur la même longueur d’onde » sur la question d’un départ du gouvernement.
Pour l’heure, aucun remplaçant ne lui a été trouvé, mais « je ne vais pas tarder pour prendre une décision ».
À la question de la réattribution des responsabilités de Showkutally Soodhun se fera-t-elle dans le cadre d’un remaniement ministériel plus large ? « Je le dirais en temps et lieu », sourit le chef du gouvernement. « Si j’estime qu’il faut le faire, je le ferai. »
Présidence du msm
Aucune décision n’a toutefois été prise par rapport à Showkutally Soodhun comme président du Mouvement socialiste militant (MSM). « Nous allons devoir en discuter. »
Néanmoins, pas question de condamner les propos de Showkutally Soodhun, ni de prendre sa défense. « Il faut laisser l’enquête suivre son cours. Il y a une bande sonore, mais est-elle authentique ? Je ne suis pas enquêteur. Laissons la police en vérifier l’authenticité et travailler en toute indépendance. Et est-ce toute la conversation ? Je réagirai à la lumière des conclusions. » Le Premier ministre ne veut pas se placer dans la position du juge.
La question est maintenant si Showkutally Soodhun démissionnera également de son poste de député, provoquant ainsi une partielle dans la circonscription La Caverne/Phœnix (No 15). « Il faut le lui demander », répond Pravind Jugnauth très sérieusement. « Il y a des choses qui sont hors de mon contrôle. Je n’ai aucun pouvoir sur les autres. »
L’appel est lancé pour que tout un chacun agisse de manière responsable dans cette affaire car « il n’y a rien de plus important que la paix dans le pays ». Et de préciser que « je ne fais pas de politique sur un tel sujet ». Aucun endroit du pays « est réservé à une communauté ou une autre. Ce n’est pas notre politique ».
Celui qui a diffusé le clip sur lequel on entend Showkutally Soodhun tenir les propos controversés a pris des risques. Car la police enquête aussi « sur les circonstances dans lesquelles l’enregistrement a été diffusé. C’est peut-être une offense criminelle ». Pravind Jugnauth parle d’incitation à la haine raciale. « Cette personne répondra aussi devant la justice. »
Pravind Jugnauth sera « sans pitié contre ceux qui mettent en péril l'unité nationale et cela peu importe où ils se trouvent », même s’ils sont dans le camp gouvernemental. Le Premier ministre concède que les récentes affaires qui ont touché des membres de la majorité gouvernementale font du tort au régime en place. « Bien sûr qu’on n’aborde pas ce mi-mandat dans les meilleures conditions. Je n’en suis pas satisfait. Loin de là. » Et de préciser : « C’est à nous de donner l’exemple. »
Il convient de rappeler que Showkutally Soodhun est un fidèle parmi les fidèles. Il est de ceux qui ont suivi les Jugnauth dès la naissance du MSM. Pravind Jugnauth précise donc que l’ancien ministre du Logement et des Terres est plus qu’un simple élu. « J’ai une relation très amicale avec lui. »
«Il faut laisser la GRA faire son travail»
Interrogé à son point de presse par rapport à Raouf Gulbul, président de la Gambling Regulatory Authority (GRA), qui a été sévèrement secoué à plusieurs reprises par la commission d’enquête sur la drogue, Pravind Jugnauth dit qu’il faut laisser cette instance faire son travail en toute indépendance. « Attendons d’abord ses conclusions. Je ne ferai aucun commentaire sur la commission. »
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