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PNQ sur la drogue - SAJ : «La Human Rights Commission n’a pas pris ses responsabilités»

La Private Notice Question de Paul Bérenger, mardi, était axée sur les récentes affaires de drogue. Le Premier ministre a déclaré que ce n’est « pas raisonnable » de demander au commissaire de police de démissionner. L’opposition, elle, se dit convaincue qu’il y a des complicités à haut niveau au sein de la police.

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  • Sévères critiques

Le dossier du policier Arvind Hurreechurn, mort par pendaison en cellule policière, a été dessaisi de la National Human Rights Commission (NHRC) par la police. Sir Anerood Jugnauth (SAJ) critique sévèrement la NHRC à ce sujet. « Si la NHRC a le pouvoir d’enquêter, il est de son devoir de le faire. Elle aurait dû refuser de renvoyer le dossier au commissaire de police (CP). Elle n’a pas pris ses responsabilités. » Depuis la semaine dernière, cette affaire fait polémique.

  • Ces caméras qui n’enregistrent pas

Pourquoi Arvind Hurreechurn a-t-il été emprisonné à la cellule no14 alors que la caméra de surveillance y est défectueuse ? « J’ai posé la question au CP. La réponse qu’il m’a donnée est qu’elle était aménagée pour les VIP (Very Important Persons), ayant une salle de bains, une toilette et tout le reste », répond le chef du gouvernement.

Arvind Hurreechurn avait été arrêté, le 25 octobre, à l’aéroport de Plaisance, à son retour de Madagascar. Il avait, dans ses valises, deux kilos d’héroïne d’une valeur marchande de Rs 35 millions. Dans la nuit du samedi 28 octobre, le policier avait été retrouvé pendu au robinet du lavabo de sa cellule avec une serviette. Le centre de détention de Moka est doté de 43 caméras de surveillance, dont 17 balayent 18 cellules.

SAJ explique qu’aucune de ces caméras ne peut enregistrer des images, mais que cinq d’entre elles diffusent les images de six cellules. Par contre, la caméra de la cellule no14 ne fonctionne pas. Depuis 2014, deux appels d’offres ont été lancés pour changer tout le système, mais sans succès. Un troisième est en élaboration. Paul Bérenger a aussi voulu savoir comment un officier de police peut se rendre aussi souvent à l’étranger, alors qu’il est en congé maladie. « Je ne sais pas », a déclaré sir Anerood Jugnauth.

  • Aucun lien établi

Le leader de l’opposition a demandé au chef du gouvernement s’il savait qu’Arvind Hurreechurn faisait le va-et-vient dans une maison de jeux à Rivière-du-Rempart. Paul Bérenger vise ici Veer Luchoomun, surnommé le « Big Boss ». Ce dernier est propriétaire d’une maison de jeux à Rivière-du-Rempart. Il est le frère de Sandhya Boygah, Parliamentary Private Secretary.

À maintes reprises, Veer Luchoomun a réfuté les allégations selon lesquelles il serait lié au trafic de drogue. « À ce stade, aucun lien n’a été établi entre cette affaire et une maison de jeux à Rivière-du-Rempart ou ailleurs dans le pays », a répondu SAJ. « Le Premier ministre ne semble pas être intéressé à savoir ce qui se complote là-bas », a lancé Paul Bérenger. « Je vais demander au CP d’en savoir davantage. Je ne suis pas enquêteur », a répliqué le chef du gouvernement.

  • La « passoire »

Que ce soit pour Reza Uteem, leader adjoint des mauves, ou pour Paul Bérenger, les services secrets de la police ne fonctionnent pas. La saisie record de 43 kilos d’héroïne, valant plus de Rs 600 millions, le vendredi 11 novembre à Sainte-Rose, à La Réunion, avec l’arrestation de trois Mauriciens et quatre Réunionnais, en est un exemple flagrant, selon eux.
 « La côte ouest est devenue une véritable passoire. Tout le monde le sait », a ajouté Paul Bérenger. « Je dois avouer que je ne suis pas au courant qu’elle est devenue une passoire. Le CP aurait dû prendre des actions pour éliminer cette passoire. Je suis d’accord », a rétorqué SAJ.

21 policiers arrêtés

Depuis 2014 et ce, jusqu’au vendredi 18 novembre, 21 policiers ont été arrêtés pour des délits liés à la drogue. Rien que pour 2014, ils étaient dix, contre quatre en 2015 et sept cette année. De ces agents de l’ordre, l’un était affecté à l’Anti-Drug and Smuggling Unit, alors que l’autre était à la Very Important Persons Security Unit (Vipsu) et était posté à la résidence du Premier ministre.

« Je n’ai aucun contrôle sur celui qui est posté chez moi. J’ai également trouvé très étrange comment ce monsieur a pu être recruté comme Vipsu et être posté chez moi », a répondu sir Anerood Jugnauth à une question supplémentaire de Paul Bérenger. Le Premier ministre a ajouté qu’il « aurait dû être la dernière personne à faire partie de la Vipsu et à être postée à ma résidence ».

Démission du CP

Le CP a été critiqué par l’opposition, tout au long de la Private Notice Question (PNQ). « Tout ce qu’il doit savoir, il ne le sait pas ces jours-ci », a reproché Paul Bérenger. Shakeel Mohamed, chef de file du Parti travailliste (PTr) à l’Assemblée nationale, estime que le public n’a plus confiance en le CP. Par conséquent, il est urgent de le révoquer ou de lui demander de démissionner. Pour SAJ, « je ne pense pas qu’il soit raisonnable de lui demander de démissionner ». Shakeel Mohamed veut que l’enquête sur la mort d’Arvind Hurreechurn soit confiée à une personne indépendante, à l’instar d’un juge en fonctions. « Les juges sont déjà tellement débordés que je ne pense pas qu’ils veuillent assumer d’autres responsabilités », selon le Premier ministre.

National Human Rights Commission - Me Lassémillante : «Le PM a entièrement raison»

Réagissant à la Private Notice Question, le vice-président de la National Human Rights Commission (NHRC), Hervé Lassémillante, approuve la déclaration de sir Anerood Jugnauth. « Ce que le Premier ministre dit est tellement clair. Il a entièrement raison. J’ai tout le temps dit qu’il n’y a pas d’ingérence du gouvernement dans les affaires qui concernent notre division à la commission », a-t-il affirmé alors qu’il était interrogé par Radio Plus.

Mardi matin, Me Lassémillante s’est rendu au centre de détention de Moka. Une liste de témoins a été établie. Ils seront entendus dans l’affaire concernant le décès par pendaison du policier Arvind Hurreechurn à cette prison dans la nuit du samedi 28 octobre. Il avait été arrêté quelques jours plus tôt en possession de deux kilos d’héroïne à sa descente d’avion en provenance de Madagascar.

Ces personnes seront convoquées dans les jours à venir par la NHRC pour donner leur version des faits. « Nous avons déjà rédigé un rapport après une première visite et nous avons émis nos premières opinions », a déclaré Me Hervé Lassémillante.

 

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