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PNQ : pas d’action disciplinaire, pour l’instant, contre le ministre Sesungkur

Le Premier ministre estime qu’il serait prématuré pour lui d’intervenir. Le Premier ministre estime qu’il serait prématuré pour lui d’intervenir.

Même si cinq plaintes ont été logées contre le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, Sudhir Sesungkur, il n’est pas question pour le moment de le révoquer. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, l’a fait clairement ressortir en réponse à la Private Notice Question (PNQ), mardi, au Parlement. L’une de ces cinq affaires a été rayée, les autres font encore l’objet d’enquête policière.

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«Le ministre n’a pas été poursuivi jusqu’ici et n’a pas été trouvé coupable. Je ne peux me substituer à la police ni interférer dans leurs enquêtes et je ne peux agir comme juge », lance le chef du gouvernement. « Ce serait prématuré de prendre action », précise-t-il avant d’ajouter que « je n’hésiterai pas à prendre les mesures appropriées à la lumière de ces enquêtes. »

Pour Xavier-Luc Duval, il est « incroyablement bizarre » qu’il n’y ait toujours rien de formel contre Sudhir Sesungkur, alors que deux des plaintes ont été déposées il y a trois ans. L’une d’elles a été rayée. Le 28 avril 2015, Udaysingh Taukoordass, partenaire en affaires de Sudhir Sesungkur au sein de la firme Mazars, avait porté plainte contre ce dernier. Il accusait son partenaire d’avoir détourné les fonds de la compagnie. Une affaire a donc démarré au civil et l’autre au criminel.

« Deux mois après la désignation de Sudhir Sesungkur comme ministre, Udaysingh Taukoordass se voit confier une enquête sur l’affaire New Mauritius Hotels par la Financial Services Commission (FSC). Est-ce acceptable ? Est-ce que ce n’est pas abuser du pouvoir ministériel pour régler un problème personnel ? », demande Xavier-Luc Duval. La FSC tombe sous la responsabilité du ministre des Services financiers.
Pravind Jugnauth soutient pour sa part que c’est la FSC qui en a décidé ainsi. « Je ne vois ici aucun problème. » Il demande au leader de l’opposition de faire une déclaration à la police s’il détient des informations à ce sujet.

Xavier-Luc Duval aborde ensuite l’affaire Pamela Seedheeyan. Cette enseignante avait porté plainte contre Sudhir Sesungkur en juillet 2017. Elle avait allégué que le ministre lui avait envoyé des textos à caractère indécent. À son tour, le ministre a poursuivi Pamela Seeheeyan et lui réclame des dommages de Rs 25 millions.

La tension est montée

En octobre, c’est Jeetendrasingh Seedheeyan, son époux, qui loge une plainte à l’Independent Commission Against Corruption (Icac) et accuse Sudhir Sesungkur d’avoir voulu le soudoyer en lui offrant un poste au National Insurance Management Committee. « Il est un boulanger ! Il n’y a rien de mal à cela, mais quelle compétence a-t-il pour siéger  sur cette instance », demande Xavier-Luc Duval. Il fait ressortir que ni l’Icac ni la police n’ont jusqu’ici bouclé leur affaire.

Le leader de l’opposition évoque ensuite une plainte en guise de « precautionary measure » logée par un surintendant de police, en mars dernier, accusant le ministre de vouloir s’ingérer dans l’enquête concernant un accident de voiture impliquant son fils. Pravind Jugnauth affirme ne rien avoir à ce sujet dans ses notes.

Vient ensuite la plainte de Rajesh Ramprosand, photographe de mariage, qui allègue que le ministre l’a giflé lors d’un mariage à Sebastopol, le 22 juillet dernier. « Ce n’est qu’une allégation. D’ailleurs, il n’a même pas encore terminé sa déclaration à la police. Je ne peux pas agir sur une déclaration qui n’a pas encore été faite. La police n’a même pas démarré son enquête », rétorque le Premier ministre.

« Je suis choqué de la nonchalance du Premier ministre », lance à son tour Xavier-Luc Duval. Pravind Jugnauth sort de ses gonds. Il rappelle qu’un élu du Parti mauricien social-démocrate n’avait pas démissionné de son poste de Parliamentary Private Secretary après avoir été impliqué dans un accident de la route qui avait causé la mort d’un piéton. « Dans un premier temps, il avait dit à la police que c’était sa femme qui conduisait. Après, sa femme est venue dire que c’est lui qui conduisait », dit Pravind Jugnauth. Xavier-Luc Duval soutient pour sa part que Thierry Henry avait offert sa démission comme PPS à sir Anerood Jugnauth, alors Premier ministre, « mais il a refusé ».

« Un mensonge », lance SAJ furieux. « Menteur », répond Xavier-Luc Duval. La tension monte encore d’un cran et la Speaker doit intervenir et exiger que les deux hommes retirent leurs propos. Chose qu’ils feront en fin de compte.

À Rajesh Bhagwan, le Premier ministre assure qu’il n’y a jamais eu d’ingérence en ce qui concerne les enquêtes en cours contre le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance. « J’ai un sens de l’éthique », dit le chef du gouvernement, sous les rires de l’opposition. « Rye kouma bann gopia », leur lance-t-il.

Shakeel Mohamed soutient qu’il y a une politique de deux poids, deux mesures. Showkutally Soodhun, Roubina Jadoo-Jaunbocus et Raj Dayal ont dû démissionner comme ministres sur la base de simples allégations. « Pourquoi la présomption d’innocence n’a pas prévalu dans leur cas ? Le Premier ministre a-t-il peur d’une élection partielle ? » Pravind Jugnauth déclare : « Je n’ai pas peur d’une partielle et certainement pas peur de vous ! »


MTML confirme ne pas avoir sauvegardé les données

Lors de sa PNQ, Xavier-Luc Duval a allégué que MTML « a détruit » le contenu des SMS échangés entre le ministre Sudhir Sesungkur et Pamela Seedheeyan. Cette dernière a porté plainte contre le ministre en 2017, il y a eu un constat fait par la police lors d’une descente dans les locaux de l’opérateur de téléphonie cette semaine. Contacté par le Défi Quotidien, le Chief Executive Officer de MTML, Sanjay Garg, confirme que la police s’est rendue dans ses locaux et qu’elle a demandé des informations. « Nous leur avons donné tout ce que nous pouvions leur donner », explique-t-il.

Par contre, il confirme que la police n’a pas pu avoir accès au contenu des SMS ou  des conversations téléphoniques. « Nous, en tant qu’opérateur, ne sommes pas supposés conserver les conversations et SMS de nos clients. Légalement, nous ne devrions pas enregistrer quoi que ce soit par rapport au contenu de SMS ou de conversations car ce serait une infraction à la vie privée », précise Sanjay Garg.

 

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