La PNQ de mardi à l’Assemblée nationale avait pour élément principal l’homme d’affaires Alvaro Sobrinho. Pravind Jugnauth soutient qu’il n’y a eu aucune interférence et que toutes les procédures ont été suivies.
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C’est exceptionnel. Le temps imparti pour la Private Notice Question (PNQ) a été de 55 minutes au lieu de 30. Tout au long, la tension était vive dans l’hémicycle. La Speaker a dû faire montre de toute son autorité, et cela à maintes reprises, pour calmer les ardeurs des élus.
Alvaro Sobrinho, homme d’affaires angolais qui fait polémique depuis plusieurs semaines, a déchaîné les passions. Lors de sa réponse initiale à la PNQ de Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition, Pravind Jugnauth a, 25 minutes durant, expliqué que rien n’empêchait cet investisseur d’obtenir les quatre licences que lui a octroyées la Financial Services Commission (FSC) entre le 28 août 2015 et le 25 novembre 2016. « La FSC a fait son travail en toute indépendance », assure le Premier ministre. La FSC, la Financial Intelligence Unit et les banques commerciales ont toutes mené leur petite enquête sur Alvaro Sobrinho, mais « rien n’a été trouvé contre ce gentleman… »
Au début de cette PNQ, le Premier ministre devait affirmer qu’il accueille positivement cette question, car « il y a tellement de perceptions et mauvaises perceptions, de jugements de valeur, innuendos et tellement d’informations et de désinformation qui ont été publiées dans les médias et véhiculées par des politiciens qui tentent de discréditer désespérément le gouvernement… »
Aucune condamnation
Pravind Jugnauth reconnaît que beaucoup de rumeurs circulent sur Alvaro Sobrinho. Parmi : il était suspecté par les autorités portugaises d’avoir transféré illégalement USD 48 millions de la Banque nationale d’Angola, alors qu’il présidait la Banco Espirito Santo. Toutefois, à la lumière des renseignements supplémentaires recueillis, les autorités mauriciennes ont été rassurées. Le businessman n’a jamais été condamné.
Pour Xavier-Luc Duval, cela ne suffit pas. Condamné ou pas, Alvaro Sobrinho, qui détient un Occupational Permit valable jusqu’au 6 octobre 2018, jette le discrédit sur le secteur financier mauricien.
Le Premier ministre précise qu’en février dernier, de nouvelles informations ont circulé au Portugal selon lesquelles la Banco Espirito Santo d’Angola aurait émis des emprunts non sécurisés à des compagnies appartenant à Alvaro Sobrinho. À la lumière de ces informations, la FSC a demandé aux quatre compagnies d’Alvaro Sobrinho de ne pas démarrer leurs opérations. L’autorité régulatrice du secteur financier et la police ont ouvert des enquêtes, portant notamment sur des usurpations alléguées d’identité liées aux demandes de licence à la FSC afin que les compagnies d’Alvaro Sobrinho reçoivent le feu vert nécessaire.
« Compte tenu de tout cela, j’estime que la mise sur pied d’une commission d’enquête est injustifiée », tranche Pravind Jugnauth. Le leader de l’opposition insistera tout au long de la PNQ qu’une telle commission est essentielle pour faire la lumière sur toute cette affaire, mais le Premier ministre ne changera pas d’avis. Il « assure », cependant, que tout sera mis en œuvre pour « établir les faits et la vérité dans l’affaire Alvaro Sobrinho ».
Si Xavier-Luc Duval allègue qu’il y a eu interférence en faveur du businessman, Pravind Jugnauth soutient : « Je n’ai aucune information quant à des interférences. »
Le leader de l’opposition rappelle que le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, avait déclaré à la presse, il y a quelques semaines, qu’il avait discuté avec Alvaro Sobrinho en février et que ce dernier était « innocent ». « Il a blanchi Sobrinho alors que des enquêtes étaient en cours. N’est-il pas évident qu’il met la pression sur la FSC et la FIU ? » demande Xavier-Luc Duval. « Je ne sais pas ce que le Premier ministre adjoint a dit. Il a droit à son opinion », devait rétorquer Pravind Jugnauth.
Rs 95 millions investies dans l’immobilier
Depuis septembre 2016, l’homme d’affaires angolais, Alvaro Sobrinho, a fait l’acquisition de plusieurs propriétés. Le 16 novembre 2016, il a acheté une villa à Royal Park, Balaclava, à Rs 52 millions.
Quelques semaines plus tôt, le 28 septembre, Vango Properties Ltd, dont il est l’unique actionnaire a fait l’acquisition d’un terrain de 1 916 m2 et un autre de 1 922m2 à Ebène, pour la somme de Rs 43,6 millions. Vango Properties Ltd souhaite y bâtir une Science Technology and Innovation (STI) Park, avec notamment un immeuble de sept étages.
Le leader de l’opposition a voulu savoir du Premier ministre si Alvaro Sobrinho a également acheté 131 villas à Royal Park pour approximativement Rs 1 milliard. « C’est une information connue », précise-t-il, ajoutant qu’il est en mesure de donner le nom du « Senior Minister » qui a accompagné l’homme d’affaires à Royal Park pour une visite des lieux.
Pravind Jugnauth répond d’un ton catégorique : « Il n’y a aucun investissement de ce genre pour l’instant. » Xavier-Luc Duval de répliquer que le chef du gouvernement doit assumer ses responsabilités.
31 passages au VIP Lounge
Alvaro Sobrinho est une personnalité importante aux yeux des autorités mauriciennes. Entre le 1er octobre 2015 et le 21 février 2017, il a eu accès au VIP Lounge de l’aéroport de Plaisance à 31 reprises. Cela a été rendu possible grâce à l’intervention du Secrétaire de la Présidence qui en a fait la demande auprès du Bureau du Premier ministre.
À 21 reprises, Alvaro Sobrinho était accompagné des membres de sa famille et de proches collaborateurs. « Je veux faire ressortir que c’est la pratique d’étendre de telles facilités aux invités spéciaux de certaines personnalités », a souligné Pravind Jugnauth.
Sesungkur s’emmêle les pinceaux
Sudhir Sesungkur, le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance, a eu du mal à répondre à l’interpellation du député Reza Uteem sur l’affaire Alvaro Sobrinho. L’élu du MMM voulait savoir si la FSC avait pris des actions contre l’un des directeurs d’Alvaro Sobrinho Africa Ltd (ASA Ltd). Il devait avancer que « la FSC a demandé à José Pinto, l’un des directeurs d’ASA Ltd, de step down ».
« Pourquoi ? » a demandé Reza Uteem. Le ministre Sesungkur, visiblement pris de court, a lancé au député mauve : « Je donne les réponses fournies par la FSC. Relayez les informations que vous détenez à la FSC. » Reza Uteem d’affirmer : « Il est l’un des suspects dans l’affaire Monte Branco (portant sur le blanchiment d’argent) et Pinto n’a pas mentionné ces informations à la FSC. »
Sous les huées venant des rangs de l’opposition, le ministre a eu toutes les peines du monde à expliquer cet aspect, laissant entendre que « ces informations sont tombées après ».
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