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Plusieurs boulots à la fois : choix ou obligation ?

 Plusieurs boulots à la fois

Pourquoi faire un seul métier quand on peut exercer plusieurs ? De nos jours, bon nombre de personnes cumulent les boulots. Si pour certains, cela relève d’obligations financières qui nécessitent plusieurs sources de revenus pour pouvoir joindre les deux bouts, pour d’autres, c’est par passion qu’ils s’impliquent dans un nouveau job. Rencontre avec des ‘slasheurs’…

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Elle est tantôt pâtissière, tantôt artiste, tantôt surveillante ou animatrice. Marie L, n’a pas fini de nous étonner. Il ne se passe pas une semaine sans qu’elle ne soit au four et au moulin. Plus au sens propre qu’au sens figuré. Mère de quatre enfants, c’est avant tout par obligation qu’elle a refusé de rester les bras croisés face aux adversités et a décidé de multiplier les emplois pour augmenter ses revenus et subvenir aux besoins de ses enfants. « Divorcée, j’ai perdu tout ce que j’ai pris des années à construire, et certaines dettes contractées durant le mariage, me restent sur le dos… De plus, j’ai la garde des enfants et je me dois de leur fournir tout ce dont ils ont besoin dans la vie et pour l’école. »

Du beurre sur le… fromage

Marie fait des gâteaux à domicile, sur commande, afin de mettre du beurre sur le… fromage. « J’ai un diplôme en éducation de la petite enfance. J’ai travaillé dans des crèches auparavant mais mon rêve, c’est de devenir une grande pâtissière. Je ne baisse pas les bras et je continue de me perfectionner. » De plus, elle travaille comme animatrice avec le groupe événementiel ‘Laugh Entertainment’.  Elle est aussi surveillante la nuit. Bref, elle a du pain sur la planche mais malgré la fatigue, elle assume son agenda chargé sans se plaindre.

Êtes-vous un ‘slasheur’ ?

Le slash est un nouveau terme anglo-saxon qui décrit une personne qui exerce plusieurs métiers à la fois, le slash étant le symbole (ligne inclinée) entre deux mots. Aujourd’hui, le slashing est de plus en plus répandu aux États-Unis et dans d’autres pays comme la France et même à Maurice. Les gens exercent plusieurs métiers surtout par passion car certaines personnes sont farouchement contre l’idée de rester dans un domaine professionnel spécifique pendant des années. C’est avant tout l’envie de fuir la routine et la recherche d’épanouissement personnel.

Pour certains diplômés, il est de plus en plus difficile de trouver un emploi d’où le besoin d’avoir, d’un côté, un métier qui peut rapporter des revenus pour vivre et de l’autre, de se faire plaisir. C’est le cas d’Ashvin Narain, 27 ans, diplômé en comptabilité mais qui n’arrive pas à trouver un métier à la hauteur de ses espérances. « J’ai d’abord travaillé comme enseignant mais finalement cela ne m’a pas plu. Je bosse aujourd’hui dans un centre d’appels mais ce n’est pas ce que j’aime faire. Je n’ai malheureusement pas le choix car mes demandes d’emploi restent sans réponse. Récemment, j’ai pris un deuxième emploi comme comptable à temps partiel au sein d’une association. Je me sens mieux maintenant car travailler dans le centre d’appels me permet d’obtenir des revenus suffisants pour subvenir à mes besoins, tandis que mon ‘part-time job’ me donne l’opportunité de démontrer mes connaissances en comptabilité et d’évoluer dans un environnement qui me plaît beaucoup même si le salaire ne convient pas. »

Ashvin Narain estime que les jeunes sont de plus en plus des multitaskers aujourd’hui. « Ce sont des adeptes du slashing. C’est la génération hyper connectée qui a grandi avec Internet et qui travaille avec plusieurs onglets en même temps. Leur curiosité les pousse à explorer plusieurs pistes et à  ne pas rester cloîtrés. »


Témoignage…

Kevin Charles : un jeune père qui se donne à fond

Kevin Charles

Il travaille dans un atelier de poterie avec son père. Il se souvient du temps où il trimait matin et soir pour joindre les deux bouts. Père célibataire d’une petite fille de deux ans, c’est avant tout pour subvenir à leurs besoins qu’il avait accepté deux emplois à temps plein. « Il y a deux ans, je suis devenu papa à 22 ans. J’ai vite déchanté lorsque ma compagne est partie alors que notre bébé n’avait que sept mois. Avec l’aide de ma mère, j’ai pu m’en occuper mais il me fallait travailler dur pour que ma fille ne manque de rien. Je ne voulais pas être un fardeau pour mes parents, ma mère faisait déjà beaucoup pour la famille et cela aurait été injuste de ma part de lui imposer un surplus de dépenses. »

Pour quelques roupies de plus !

Alors qu’il travaillait dans un hôtel, Kevin a aussi accepté un poste d’agent de sécurité à temps partiel. Pendant plusieurs mois, il bosse dur.

« De 7 à 14 heures, j’étais agent de sécurité dans un supermarché avant de prendre mon service dans un hôtel, de 15 h 30 à minuit trente. » Tout cela pour un salaire cumulatif de Rs 8,000. « Souvent faute de transport et parce qu’il me fallait reprendre le boulot très tôt le lendemain matin, je dormais sur la plage. Par la suite, des amis rodriguais m’ont hébergé pendant un bon moment. C’était dur et parfois j’avais envie de tout laisser tomber, mais je pensais à ma fille et cela m’a motivé à me donner à fond. »


Jean François Moutou : la musique dans la peau

Jean François Moutou

Employé de Fuel, Jean François Moutou est aussi DJ depuis des années. Il a suivi les traces de son défunt père qui travaillait dans la même usine. Cependant, il a toujours été attiré par la musique, et ce dès son plus jeune âge. « J’ai tout le temps été très actif. J’aime ce que je fais à Fuel mais quand je ne travaille pas, je m’ennuie rapidement. De plus, j’ai toujours aimé la musique. Petit à petit, j’ai investi dans des équipements. J’ai commencé comme DJ dans des fêtes à domicile, d’abord pour le plaisir, puis de fil en aiguille, j’ai commencé à jouer dans des événements. Aujourd’hui, je travaille comme DJ au moins trois fois par semaine. Certes, je suis parfois exténué mais cela me procure tellement de plaisir que j’oublie vite la fatigue. Ça fait beaucoup d’heures de travail par semaine mais je me rattrape avec la famille quand je ne travaille pas. J’ai des horaires flexibles qui me permettent aussi de passer du temps avec les enfants. »


José Mooken et ses multiples facettes  

José Mooken

Il sait tout faire ou presque. José Mooken, électricien, a plus d’un tour dans son sac. Ainsi, il est très souvent sollicité pour de multiples travaux. Il a eu l’occasion de se perfectionner dans d’autres domaines et aujourd’hui, il fait bien plus qu’un seul métier. « Dans la vie, il faut d’abord savoir faire des travaux à la maison pour éviter de se faire arnaquer. De plus, cela nous permet de laisser libre cours à notre créativité. Je suis un fonceur. Quand je ne maîtrise pas quelque chose, je ne me contente pas de demander à quelqu’un d’autre de le faire pour moi. C’est ainsi que j’ai appris sur le tas au fil des années. Aujourd’hui je fais de multiples boulots tout au long de l’année et j’aime ça. »


Multitasking : attention danger !

Pour le psychothérapeute, Samcoomar Heeramun, avoir deux emplois ou plus n’est pas un mal en soi mais il y a certaines règles à respecter. Notamment une bonne hygiène de vie pour éviter d’échouer sur tous les plans.

« Il faut accepter que ce n’est pas toujours facile de cumuler les emplois. Avant de les accepter, il faut peser le pour et le contre et choisir des fonctions réalisables. Évitez d’en faire trop et de surcharger votre emploi du temps car cela aura un impact sur votre quotidien, que ce soit dans le milieu professionnel, familial ou social. Souvent on est fatigué et on se montre désagréable envers les collègues. Il y a aussi le risque que les relations en souffrent car on est souvent obligé de travailler et on néglige les moments à passer en famille. Malheureusement beaucoup de personnes se retrouvent seules à un certain moment, surtout celles qui travaillent à domicile. L’isolement peut avoir d’autres conséquences néfastes. Même si vous êtes en général solitaire, la solitude peut devenir pesante au bout d’un moment. Vous pouvez alors rejoindre les espaces de co-working juste pour avoir un peu de compagnie pendant que vous travaillez. »

Le psychothérapeute aborde aussi l’importance de ne pas négliger son travail. « Vouloir en faire trop, c’est aussi ne pas toujours consacrer suffisamment de temps à effectuer une tâche comme il se doit, souligne-t-il. Il est conseillé de toujours commencer doucement, de s’assurer qu’on s’adapte au nouveau rythme de vie, de renouveler l’expérience avant de prendre d’autres jobs. »

 

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