
Plus de 800 personnes sont mortes et plus de 2700 ont été blessées dans la nuit de dimanche à lundi dans l'est de l'Afghanistan après un séisme de magnitude 6, suivi d'au moins cinq répliques ressenties à des centaines de kilomètres.
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L'épicentre du séisme a été localisé à 27 km de la grande ville de Jalalabad, avec un hypocentre de seulement huit kilomètres, ce qui explique le lourd bilan et l'étendue des dégâts dans les provinces montagneuses de Nangarhar, Kounar et Laghman, dans l'Est frontalier du Pakistan.
La terre a tremblé aux alentours de minuit, sortant précipitamment de leur sommeil des centaines de milliers de personnes, de Kaboul jusqu'à Islamabad au Pakistan à des centaines de kilomètres de là.
Dans le district de Nourgal, probablement l'un des plus touchés de Kounar, les habitants ont basculé dans l'horreur.
"Les pièces et les murs se sont effondrés sur les femmes et les enfants, certains ont été tués sur le coup, d'autres blessés", raconte à l'AFP Zafar Khan Gojar, tout juste transféré par hélicoptère avec son frère blessé à Jalalabad.
"Nos voisins ont perdu des proches. Mon frère, lui, a eu la jambe cassée", ajoute cet Afghan de 22 ans.
Dans le village montagneux de Wadir, des dizaines d'habitants des environs tentent de déblayer les maisons écroulées pour trouver des familles pour le moment portées disparues avant la tombée de la nuit.
Dans les remugles qui commencent à flotter au-dessus des décombres, les pattes d'un animal ou ce qui reste d'un troupeau émerge des charpentes en bois écroulées et autres tas de boue, derniers vestiges de maisons de terre battue soufflées en un instant.
- Ballet d'hélicoptères -
Depuis les premières heures du jour, des dizaines de fois, selon le ministère de la Défense, des hélicoptères ont décollé de Jalalabad, capitale de la province de Nangarhar, pour acheminer de l'aide et évacuer des dizaines de morts et des blessés.
A l'aéroport de Jalalabad, des journalistes de l'AFP ont vu des centaines de membres de forces de sécurité qui s'activaient notamment à charger des linceuls blancs dans des hélicoptères.
Depuis leur retour au pouvoir en 2021, les autorités talibanes ont été confrontées à un autre séisme d'ampleur: en 2023, à Hérat, à l'autre extrémité du pays, dans l'ouest frontalier de l'Iran, plus de 1.500 personnes avaient été tuées et plus de 63.000 habitations détruites.
Cette fois-ci, un bilan encore provisoire fait état de 800 morts et 2.500 blessés dans la province de Kounar ainsi que de 12 morts et 255 blessés dans la province de Nangarhar, a annoncé le porte-parole du gouvernement Zabihullah Mujahid, lors d'une conférence de presse à Kaboul. La province de Laghman compte aussi des dizaines de blessés, de même source.
Le patron de l'Autorité de gestion des catastrophes de Kounar, Ehsanullah Ehsan prévient l'AFP: "les recherches se poursuivent, beaucoup de gens sont coincés sous les décombres de leur maison donc nous ne pouvons pas donner de chiffre exact".
"Le bilan pourrait évoluer plus tard", dit-il.
- "Rien vécu de pareil" -
"Nous n'avions jamais rien vécu de pareil", a raconté à l'AFP dans la nuit Ijaz Ulhaq Yaad, haut fonctionnaire de Nourgal. "C'était terrifiant, les enfants et les femmes hurlaient", a-t-il encore dit par téléphone, une connexion qui tenait encore dans l'après-midi.
La plupart de ces familles, a-t-il poursuivi, venaient tout juste de rentrer en Afghanistan, chassées de leur exil pakistanais ou iranien par les récentes vagues d'expulsion des deux pays voisins qui ont ensemble renvoyé près de quatre millions d'Afghans.
"Il y avait environ 2.000 familles de réfugiés qui étaient revenues et comptaient reconstruire leur foyer" dans cette région agricole frontalière du Pakistan, a-t-il expliqué.
Par peur des répliques, "tout le monde reste dehors" alors que déjà "les trois grands villages du district de Nourgal ont été totalement détruits, selon nos informations", a-t-il dit.
Par ailleurs, les autorités, secouristes et médias ont beaucoup de difficultés à accéder aux villages et hameaux, alors que des glissements de terrain ont coupé des routes.
- Zone sismique historique -
L'Afghanistan est fréquemment frappé par des tremblements de terre, en particulier dans la chaîne montagneuse de l'Hindou Kouch, près de la jonction des plaques tectoniques eurasienne et indienne -- qui concentre 15% de l'énergie sismique du monde.
Depuis 1900, le nord-est du pays a connu 12 séismes d'une magnitude supérieure à 7, selon Brian Baptie, sismologue au British Geological Survey.
Celui survenu au coeur de la nuit --et suivi de cinq répliques, dont l'une de 5,2-- a été particulièrement violent.
La mission de l'ONU en Afghanistan, l'un des derniers filets de sécurité dans un pays qui a subi de plein fouet les coupes drastiques récentes dans l'aide humanitaire internationale, américaine notamment, s'est dite "profondément attristée", les mêmes mots utilisés par le pape Léon XIV qui a dit offrir ses "ferventes prières aux défunts et disparus".
"Nos équipes sont sur le terrain pour apporter de l'aide d'urgence", a dit l'ONU dont le patron, Antonio Guterres, a dit sa "solidarité totale avec le peuple afghan".
En octobre 2023, le séisme de magnitude 6,3 à Hérat, suivi de huit répliques, avait été le tremblement de terre le plus meurtrier à avoir frappé ce pays, l'un des plus pauvres au monde, en plus de 25 ans.
© Agence France-Presse

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