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Plus de 80 conducteurs positifs aux drogues en huit mois

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Pas de quartier pour ceux qui prennent le volant sous l’influence de la drogue. Depuis l’introduction des tests de dépistage en juin dernier, plusieurs conducteurs ont été épinglés par la police lors de contrôles routiers.

Entre janvier et février 2023, 36 conducteurs, tous des hommes, ont été épinglés par la police. Ils conduisaient sous l’influence de la drogue. D’ailleurs, pas plus tard que le 2 février, à Curepipe, un chauffeur d’autobus a été testé positif à l’héroïne, alors qu’il était en service. Au total, depuis le 6 juin dernier, avec l’entrée en vigueur du « drug test », 86 conducteurs se sont révélés positifs à la drogue. 

C’est le mardi 17 mai 2022 que le Road Traffic (Amendment) Act 2019 (Amendment) Bill a été voté à l’Assemblée nationale pour permettre l’utilisation des kits de détection de drogue. Celle-ci se fait à l’aide de tests de salive, d’urine et de sang. Les drogues qui peuvent être détectées sont l’amphétamine, la benzoylecgonine, la cocaïne, le cannabis, le LSD, la MDMA (ecstasy), la méthyl amphétamine et l’héroïne. Il y a aussi certains médicaments ainsi que des produits tels que la méthadone, la morphine et l’oxazépam. 

Selon des sources policières, la majorité des cas positifs détectés depuis juin dernier concernent des consommateurs de cannabis, suivis de ceux de drogue synthétique. À ce stade, cependant, aucun n’a fait l’objet de poursuites, la police demeurant en attente des rapports scientifiques. Après chaque test, des échantillons sont, en effet, envoyés au Forensic Science Laboratory (FSL) pour analyse. C’est le même procédé pour les tests sanguins ou d’urine.

Toutes les unités de police et tous les postes de police possèdent des kits de détection de drogue. Des opérations spécifiques sont menées presque tous les jours à travers le pays. Surtout durant les périodes festives et les week-ends.

Dans la pratique, les policiers de l’Emergency Response Service (ERS) et ceux de la Traffic Branch, qui ont été formés (NdlR, ils ont suivi un atelier de travail théorique) se familiarisent avec les appareils de détection à travers les opérations qui sont menées. Ils seront, à leur tour, appelés à former leurs collègues. Des sources policières basées à l’ERS avancent, sous le couvert de l’anonymat, que « les opérations de drug testing et d’alcootest seront menées en simultané ». Autrement dit, le conducteur sur qui se portent les soupçons de la police sera soumis à deux tests lors des contrôles routiers.

Justement, comment les soupçons des officiers sont-ils éveillés lors des contrôles ? Nos sources expliquent qu’une analyse de la capacité de raisonnement du conducteur est faite. Il s’avère, selon des policiers, que les personnes sous l’influence de l’alcool demeurent plus conscientes que les consommateurs de drogue.

Les signes qui alertent sont une difficulté d’élocution, ou encore la difficulté pour la personne de se tenir droit ou de marcher en ligne droite. Des signes d’excitation ou d’euphorie mettent également la puce à l’oreille des officiers. Il y a aussi la technique de fixation des yeux. Les forts soupçons mènent à un Field Impairment Test qui confirme ou non les doutes des policiers. 

Il s’agit de tests au cours desquels les automobilistes concernés sont appelés à exécuter certaines instructions. La conversation engagée avec eux fait aussi partie de ces tests. La manière dont les conducteurs s’expriment est déterminante. 

Le conducteur positif à la drogue est-il emmené en cellule de dégrisement, comme c’est le cas pour ceux qui conduisent sous l’influence de l’alcool ? Les procédures sont quasi similaires à l’alcotest, font comprendre nos sources. D’ores et déjà, si les policiers estiment que le conducteur n’est pas en état de prendre la route, il commet un délit punissable selon la Road Traffic Act. La police enregistre alors la déposition pour essayer de déterminer quel produit a été consommé. « Des fois, il peut prendre un médicament comme un sirop pour la toux. Alors, il devient positif lors 
du test. »

Et si le conducteur soupçonné d’avoir consommé de la drogue refuse de faire le test ? Selon la loi, refuser de se soumettre à un alcotest, à un examen sanguin ou urinaire ordonné par la police constitue une infraction. En cas de refus, une entrée est faite sur la base de la présomption au poste de police. Dans ce cas, c’est au conducteur de prouver qu’il n’était pas sous l’influence de la drogue.

S’il est reconnu coupable, il encourt une peine ne dépassant pas huit ans de prison ou une amende n’excédant pas Rs 75 000.

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En chiffres

Période Nombre de tests positifs
Juin à décembre 2022 50
Janvier à février 2023 36
drogue
Les officiers du Forensic Science Laboratory faisant une démonstration du test de dépistage de drogue. 

Combien coûte un « drug test » ?

Selon une source à la Traffic Branch de la police, « une baguette de ‘Drug Test’ coûte entre Rs 1500 et Rs 2 000 ». 

Questions à…Alain Jeannot, militant pour la sécurité routière : « Il faut savoir à quelle fréquence les tests sont effectués par la police »

alainQuels dangers représente la conduite sous l’influence de drogue ?
Il y a différents types de drogues. Certains donnent un effet dépressif, d’autres de l’adrénaline. Dans les deux cas, c’est extrêmement dangereux, aussi bien pour les usagers de la route que pour celui qui est dans cet état. 

Lorsqu’une personne consomme de la drogue, sa capacité psychologique ralentit. Par exemple, si elle roule à 110 km/h et qu’elle doit brusquement freiner afin d’éviter un danger, son système peut prendre une seconde pour transmettre l’information à son cerveau, si elle est sobre. Or, si elle a consommé de la drogue, elle sera dans un état second. Ce qui fait que l’information prendra plus de temps à arriver à son cerveau et dans ce cas-là, lorsqu’elle comprendra enfin qu’il faut freiner, ce sera déjà trop tard. 

Dans la majorité des cas, les personnes qui sont sous l’influence d’une drogue donnant de l’adrénaline auront tendance à obéir à leurs plaisirs. Très souvent, ces plaisirs, lorsqu’elles sont au volant, riment avec la vitesse. Le jugement, le comportement et la faculté de réagir d’une personne sous l’emprise de la drogue sont tout à fait instables. Et lorsqu’une personne sous l’influence de la drogue conduit un véhicule motorisé, elle représente un grand danger pour les autres usagers de la route. Car il faut rappeler que la route est un espace partagé.

Une personne doit être sobre lorsqu’elle a la responsabilité de conduire un véhicule motorisé. Ces véhicules sont faits de métaux, tandis que l’être humain est en chair et en os. L’accessibilité de conduire un véhicule doit être conjuguée avec la responsabilité. Un individu a le devoir d’impérativement respecter les codes de savoir-vivre dans chaque activité qu’il entreprend. 

Avant de s’attaquer à tout mal-être social, il est essentiel de promouvoir le civisme et le savoir-vivre. C’est pourquoi je suggère l’idée d’un « mandatory civil service » dans les établissements scolaires, pour aider les jeunes à comprendre et à adopter le sens de la responsabilité dès leur plus jeune âge. La manière dont les gens conduisent reflète la société dans laquelle ils vivent. 

Quel est votre constat sur la route depuis la mise en place des tests de dépistage de drogue ?
La mise en place de tests de dépistage de drogue est certes une mesure dissuasive, mais je pense qu’il est un peu prématuré de faire une évaluation. Il est préférable d’attendre un an afin de pouvoir faire un constat.

Toutefois, il est clair que la mise en place de tests de dépistage de drogue a un effet psychologique sur les personnes concernées, qui sont nombreuses à réfléchir à deux fois avant de prendre le volant sous l’effet de la drogue. Il convient de rappeler que les statistiques montrent qu’avant même la mise en place de ces tests à Maurice, environ 25 % des personnes impliquées dans des accidents mortels avaient été testées positives à la drogue. 

Nous remarquons actuelle-ment une diminution du nombre de morts sur les routes. Bien que la baisse ne soit pas significative, elle est présente et maintenue, malgré l’impact de la Covid-19. Cependant, les accidents impliquant des deux-roues motorisées continuent de poser problème en termes de mortalité. 

À votre avis, est-ce que les campagnes de sensibilisation à ce sujet sont suffisantes ? 
Le gouvernement a lancé une importante campagne de sensibilisation contre la drogue au volant. Plusieurs affiches sont visibles sur de grands panneaux publicitaires à travers l’île, avec le même message d’alerte affiché sur les autobus ainsi que sur les panneaux numériques des autoroutes. De plus, plusieurs courts-métrages ont été publiés pour mettre en garde contre les dangers liés à cette pratique. Cela constitue une approche globale pour sensibiliser la population. 

Cependant, il est important de continuer à faire des suivis pour s’assurer que les campagnes sont efficaces et pour viser la perfection. Il ne faut pas oublier que la lutte contre la drogue est un combat difficile et que ce fléau doit être éradiqué.

Au sein de l’ONG Prévention Routière Avant Tout (Prat), nous avons toujours dénoncé la pratique dangereuse de certains automobilistes bien avant que la loi ne soit promulguée. Nous continuerons à adopter cette position de sensibilisation. De plus, je suggère d’introduire le sujet dans les collèges, soit lors des cours de civisme, soit lors des assemblées.

Faut-il durcir la peine pour dissuader les conducteurs de prendre le volant sous l’influence de la drogue ?
La peine est correcte. La sanction a été bien déterminée par le législateur, soit Rs 75 000 et 8 ans de prison. qui voudrait aller en prison ? Cependant, il n’y a pas que la loi et les mesures. Les lois sont là, les moyens sont là aussi, mais c’est leur mise en place qui déterminera le succès de cette mesure. Il faut savoir à quelle fréquence et en quelle quantité les tests sont effectués par les unités de police.

De 2017 à 2021

Accidents mortels : 194 automobilistes impliqués positifs à la drogue

Le mardi 17 mai 2022, lorsque le Road Traffic (Amendment) Act 2019 (Amendment) Bill a été voté à l’Assemblée nationale, le ministre du Transport terrestre Alan Ganoo avait révélé que le Forensic Science Laboratory avait détecté de la drogue dans les échantillons pris sur des automobilistes impliqués dans des accidents mortels, soit 194 au total entre 2017 et 2021.

Année Nombre
2017 56
2018 43
2019 26
2020 48
2021 21

Les effets de la drogue sur la perception des conducteurs

La drogue altère le discernement de celui qui en consomme. C’est dire si un conducteur sous influence représente un grand danger. Les effets les plus notables sont : une mauvaise perception de la distance, une détérioration des réflexes, une diminution de la coordination des mouvements, et une forte sensibilité à la lumière.

Cannabis et haschisch

Les effets peuvent se faire sentir dans les secondes ou les minutes après avoir fumé, vaporisé ou « dabbé » du cannabis ou du haschisch. Si le cannabis ou le haschisch est consommé sous forme d’aliment ou de liquide, les effets peuvent apparaître de 30 minutes à 2 heures après la consommation, et durer jusqu’à 24 heures.

  • Sensation d’euphorie (« high »)
  • Confusion
  • Somnolence (fatigue)
  • Capacité réduite de se concentrer, de prêter attention et de réagir rapidement
  • Anxiété, peur ou panique
  • Baisse de la tension artérielle pouvant provoquer un évanouissement
  • Paranoïa
  • Délires
  • Hallucinations

Drogue de synthèse

Les drogues de synthèse sont créées à partir de différentes molécules. Leurs effets se rapprochent de ceux des drogues classiques telles que la cocaïne, le cannabis, l’ecstasy ou encore la méthamphétamine. En fonction de la drogue et du consommateur, les effets psychoactifs peuvent durer quelques dizaines de minutes, mais parfois perdurer pendant plusieurs heures.

  • Anxiété, agitation, irritabilité
  • Nausées
  • Troubles cardiaques et respiratoires, AVC, convulsions, infarctus
  • sensation d’ivresse et de relaxation 
  • Hallucinations
  • Paralysie

Héroïne

L’héroïne est un opiacé puissant, obtenu à partir de la morphine.

  • Apaisement
  • Euphorie
  • Sensation d’extase
  • Somnolence
  • Nausées
  • Vertiges
  • Ralentissement du rythme cardiaque 
  • Sensation de chaleur et de détente
  • Difficultés de concentration et apathie. 

Cocaïne et amphétamines

La cocaïne bloque la recapture de certains neurotransmetteurs. Lorsqu’elle est sniffée, passant ainsi par les muqueuses nasales, ou injectée, elle produit son effet après 3 minutes environ. La durée de la phase euphorique (high) varie aussi en fonction du mode de consommation : cela va de quelques instants avec le crack à 30 à 60 minutes lorsque la cocaïne est sniffée. 

  • Surestimation des capacités chez le conducteur
  • Réduction de la vigilance et mauvaise coordination motrice
  • Impression de puissance
  • Augmentation de la température corporelle
  • Accélération du rythme cardiaque et augmentation de la pression artérielle.
  • Augmentation de la glycémie
  • Sentiment d’euphorie
  • Stimulation sexuelle
  • Diminution de la capacité de jugement
  • Hallucinations, épisodes psychotiques et états d’angoisse

Ecstasy et MDMA

Cocktail de produits chimiques dangereux, l’ecstasy fait augmenter la température du corps, la tension artérielle et le rythme cardiaque, ce qui peut entraîner une insuffisance rénale ou cardiaque, des accidents vasculaires cérébraux ou des crises d’épilepsie.

Outre ses effets néfastes sur le cerveau, la MDMA réduit la vigilance et la concentration (le conducteur qui a pris de l’ecstasy se transforme en véritable danger public). Les effets commencent à agir 30 à 40 minutes après son ingestion. 

  • Émotions intensifiées et euphorie 
  • Augmentation de sa fréquence cardiaque
  • Augmentation de la tension artérielle, palpitations
  • Bouffées de chaleur
  • Forte transpiration
  • Sensation d’angoisse 
  • Incapacité à communiquer
  • Grande fatigue
  • Mal de tête
  • Nausées 
 

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