Pluies torrentielles : un manque à gagner d’environ Rs 1,5 Md pour l’économie 

Les pluies torrentielles ont causé des dégâts visibles aux infrastructures. Mais, il y a également des conséquences invisibles sur l’économie. 

Le coût économique 

L’arrêt des activités économiques en raison des pluies torrentielles est lourd de conséquences. D’abord, le jour de congé forcé représenterait un manque à gagner d’environ Rs 1,5 milliard du produit intérieur brut (PIB) pour l’économie mauricienne, estime l’économiste Eric Ng.

Chaque jour chômé a des conséquences sur le PIB et l’économie, reconnaît également Yuven Peechen, chargé de cours en finance. « Il y a un impact, heureusement il n’est pas majeur comme c’est le cas lorsqu’on est en alerte cyclonique de niveaux III et IV. D’ailleurs, notre aéroport est toujours opérationnel », soutient-il. 

Outre les pertes provoquées par l’arrêt des activités économiques, les pluies torrentielles ont endommagé certaines infrastructures. Et les coûts de réparation seront conséquents pour les finances de l’État. « Il faudra prévoir un budget pour la réparation des routes abîmées et autres dégâts matériels », souligne Pierre Dinan, économiste. Eric Ng estime ces dépenses à « quelques millions de roupies ». « La note aurait été plus salée si le réseau électrique avait été affecté », ajoute-t-il. Certains ménages aussi auront également des dépenses à faire. « Sur le plan social, leurs maisons ont été inondées. Les conséquences économiques, c’est qu’il faudra reconstruire », souligne Pierre Dinan.

Les compagnies d’assurances sont également concernées par les dégâts des eaux, car elles seront appelées à payer des réclamations. 

Quand le télétravail sauve en partie la mise 

Si certains secteurs ont été paralysés par la pluie, c’était ‘business as usual’ pour d’autres. Dans le secteur privé, bon nombre d’employés ont travaillé de la maison, fait ressortir Yuven Peechen. « Le numérique nous sauve », rajoute Pierre Dinan. C’est le cas notamment dans les Technologies de l’information et de la Communication. « Plusieurs compagnies pratiquent déjà le télétravail. Donc, c’était le travail continue. Par contre, pour certaines opérations, la situation était un peu plus compliquée. Certains employés ont eu des problèmes techniques avec des soucis de connexion et des coupures d’électricité, notamment dans la région du Sud », indique Roshan Seetohul, président de l’Outsourcing and Telecommunications Association of Mauritius (OTAM). 

Retard dans la production 

Plusieurs pans de l’économie ont été affectés par les fortes pluies. L’agriculture est le premier secteur qui en a pâti. Au sein de la communauté de planteurs, on craint d’ailleurs un impact sur la production des légumes. « C’est une journée de production qui a été perdue. Dans le contexte mauricien, il est surtout question de production agricole dont les conséquences ne vont pas se mesurer en un jour », avance Pierre Dinan.  

Dans la construction, le moral est également au plus bas, avec les chantiers qui restent paralysés. Chez les opérateurs du textile, l’inquiétude est aussi palpable. « En fin de mois, c’est normalement le ‘rush’ pour compléter des commandes. Qui dit congé forcé, dit aucune production. Nous allons devoir faire des heures supplémentaires. Ce sera un coût additionnel sur nos charges qui viennent d’ailleurs d’augmenter avec notamment le paiement de la compensation salariale », avance Ajay Beedassee, directeur de GNP Wear.  Eric Ng abonde dans le même sens. « Le congé forcé implique un retard dans la production, surtout pour les entreprises du textile et de l’exportation. Pour respecter les délais dans les commandes et rattraper le retard encouru, les usines devront faire des heures supplémentaires. Ce qui implique une augmentation de leurs coûts », renchérit-il.