Après avoir lancé puis levé un avis de fortes pluies dimanche, les services météorologiques de Vacoas en ont émis un autre le lundi 28 janvier 2019, à 9 heures. Ce qui leur a valu une pluie de critiques de la part des internautes. Prem Goolaup, directeur de la station météo, réfute les arguments de ceux qui accusent les prévisionnistes d’amateurisme.
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La station météorologique de Vacoas n’est pas à blâmer dans le cafouillage survenu lundi matin quand elle a émis un nouvel avis de fortes pluies moins de 12 heures après avoir levé le précédent. C’est ce que fait comprendre Prem Goolaup, le directeur. Pour lui, la station météo a scrupuleusement suivi le protocole. Il rappelle qu’une alerte est émise lorsqu’une situation l’exige et en fonction des risques associés à un système météorologique.
Prem Goolaup explique que lorsqu’il y a un risque potentiel à la sécurité de la population, la météo émet une alerte et que celle-ci est levée lorsque le danger est écarté. Il souligne qu’un avis peut être émis de nouveau s’il y a un autre danger qui se développe après une accalmie. « Il n’y a aucun protocole rigide pour l’émission ou la levée d’une alerte », dit-il.
Le directeur de la station de Vacoas balaie d’un revers de la main les critiques des internautes sur les réseaux sociaux. « Tout se fait en fonction des risques », précise-t-il. Il cite l’exemple du taux de pluviosité. « Lorsqu’on regarde la pluviosité sur l’ensemble de l’île après 21 heures dimanche et ce jusqu’à 4 heures le lendemain, on constate qu’il n’y a presque pas eu de pluie. Ce qui signifie que la station météo a eu raison d’enlever l’avis de fortes pluies à 21 heures », avance-t-il.
Prem Goolaup rappelle que dans le bulletin de la météo émis le dimanche 27 janvier à 16 h 30 et celui émis à 4 h 30 le lundi 28 janvier, la station prévoyait que le temps serait « plutôt nuageux le matin et au cours de la journée, couplé à des averses parfois modérées avec des orages ». Selon lui, tout a été dit dans ce bulletin. « D’ailleurs, sept jours avant, la météo avait prévenu, sur son site Web, qu’il pleuvrait cette semaine », dit-il.
«Sans fondement»
Il ajoute que l’avis de fortes pluies émis à 9 heures avait pour but de mettre l’accent sur certains points du bulletin de 4 h 30. « Dans le bulletin de 4 h 30, il y a des précisions sur ce qui s’est passé. Il indiquait aussi que d’autres nuages traverseraient l’île », souligne le directeur des services météorologiques. L’avis de fortes pluies, poursuit-il, a été émis « dans le souci d’assurer le bien-être et la sécurité de tout le monde ».
Le directeur de la station maintient que ses services n’ont pas été pris de court. Selon lui, elles n’ont fait que suivre les données pluviométriques enregistrées sur le terrain par les stations automatiques réparties à travers le pays. « Selon les données recueillies, la plus haute pluviosité ne s’élève qu’à 47 mm. Elle a été enregistrée à Vacoas. À Quatre-Bornes, 20 mm de pluies ont été notés. Cela ne représente pas vraiment un gros risque du point de vue météorologique. En revanche, les stations dans les régions du Nord et de l’Est n’ont enregistré que zéro à deux millimètres de pluie. »
Si certaines régions ont été copieusement arrosées, d’autres toutefois n’ont enregistré que quelques millimètres de pluie, fait remarquer le directeur de la station de Vacoas. Pour lui, les critiques à l’encontre de ses services sont sans fondement.
Fortes pluies vs pluies torrentielles
Il faut bien faire la distinction entre les « fortes pluies » et les « pluies torrentielles », explique les services météorologiques. Dans le cas présent, il n’y a pas eu de conditions de pluies torrentielles sur l’ensemble de l’île. Cela survient lorsque plusieurs stations enregistrent 100 mm ou plus de pluie durant une période de 12 heures et que les pluies de cette même intensité continuent. L’avis de fortes pluies indique qu’il y aura des averses en très peu de temps et qu’elles seront localisées. Dans un tel cas de figure, les établissements scolaires fonctionnent normalement.
Silvio Chiara : «Difficile de faire des prévisions à Maurice»
« La morphologie de Maurice est telle qu’il est difficile de faire des prévisions. » Tel est l’avis de Silvio Chiara, passionné de météorologie et d’astronomie. Selon lui, nous avons plusieurs micro-climats, ce qui fait que le temps est très différent d’une région à l’autre, alors que Maurice n’est qu’une petite île. Il cite le temps à Curepipe, dans le Nord ou encore dans le Sud du pays et celui qui prévaut entre l’est et l’ouest. D’où la difficulté d’arriver à une homogénéité. Il est d’avis qu’il faudrait davantage de stations automatiques reliées entre elles pour arriver à faire des prévisions circonstancielles.
Sans vouloir entrer dans la polémique concernant les critiques qui pleuvent sur la station météorologique de Vacoas, il ajoute que des prévisions sont appelées ainsi, car elles expriment des probabilités. À son avis, il aurait sans doute fallu ajouter le pourcentage de probabilité, en ajoutant qu’il faut être plus prudent quand on fait des prévisions. « Le climat est complexe. C’est un ensemble de statistiques et de certaines conditions climatiques. »
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