- Un couple placé en détention
- Une forte somme d’argent débitée du compte bancaire du défunt
Plaine-Verte est sous le choc en cette période de Ramadan. Mohammad Hussain Abdoola Fakeermahamode, appelé Saïd, âgé de 62 ans, figure connue et très appréciée dans la localité, a été retrouvé sans vie dans un appartement vendredi matin.
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Selon les premières hypothèses des enquêteurs, la victime a été entraînée dans un guet-apens avant d’être forcée à effectuer d’importants retraits d’argent pour le compte de Shaamnaz Bibi Santally, 38 ans, et son époux, Zaid Santally. Le couple aurait ligoté la victime dans sa maison depuis un certain temps pour parvenir à ses fins. Mais, le sexagénaire a succombé. N’ayant aucune nouvelle de celui-ci, ses proches se sont inquiétés. Vendredi, alors que ces derniers se sont rendus chez le couple Santally, ils sont tombés sur le corps sans vie d’Abdoola Fakeermahamode. À la police, le couple a expliqué que la victime était venue habiter chez lui de son propre gré depuis un moment. Il a nié toute implication dans cette affaire.
Bien que l’autopsie ait révélé que le sexagénaire a succombé à un œdème pulmonaire et cérébral aigu, le couple, soupçonné de lui avoir administré des substances illicites et de l'avoir conduit à une mort certaine, a été placé en état d’arrestation par les limiers de la Major Crime and Investigation Team (MCIT). Il devra comparaître ce samedi 23 mars devant la Bail and Remand Court et être inculpé provisoirement de meurtre. À vendredi, la police était dans l’attente des relevés bancaires pour connaître la somme d’argent prélevée sur le compte de la victime.
« Li ti enn bon piti », lâchent des habitants du quartier. Tous peinent à croire ce qui s’est passé. À l’annonce de cette découverte tragique vendredi, ils étaient nombreux à se rendre devant l’appartement occupé par le couple Santally, où la victime a été retrouvée inerte. La police de Plaine-Verte, une ambulance et la police criminelle de Port-Louis Nord se sont rendues sur les lieux.
Bashir, un ami d’enfance, est bouleversé par sa mort. « Noun grandi ansam. Dernie fwa mo finn trouv li ti le 12 mars. Nou ti pe bat beton. Ti ena li, mwa, mo garson ek sa kriminel la », explique-t-il, le cœur lourd. Il devait une nouvelle fois travailler pour Saïd le samedi 16 mars. « Comme il pleuvait, nous n’avons pas travaillé. Et puis, comme tous les dimanches, nous passons chez lui pour lui apporter à manger. Il avait perdu sa mère. Il n’avait personne pour s’occuper de lui. Alors nous passions le voir », dit-il en pleurs.
« Monn gagn enn mesaz depi so nimero »
Mais le dimanche 17 mars, lorsque Bashir est passé le voir pour lui apporter à manger à son domicile à Route des Pamplemousses, il ne l’a pas vu. « Nou finn tape, tape, li pann ouver. Li pann sorti », se souvient-il. Mais une fois parti, il a essayé de l’avoir au téléphone. « Je l’ai appelé », dit-il. Ce dernier a alors reçu un message. « Monn gagn enn mesaz depi so nimero. Li dir pa bizin vinn kit manze li pa la, linn al fer enn travay laeropor. Mo pa ti kone ki zot mem kinn avoy sa mesaz la », poursuit-il.
Ce n’est que jeudi qu’un autre ami proche de la victime, qui exerce comme policier, l’a contacté. « Il m’a demandé si j’avais vu Saïd. Cela faisait une semaine que nous n’avions pas eu de ses nouvelles », dit-il. Il s’avère que Saïd détient un compte joint avec un ami. Ce dernier a constaté que depuis le 13 mars dernier, plusieurs retraits importants ont été effectués de ce compte. Il a alors informé le cousin de la victime qui exerce comme policier. Celui-ci a également cherché la victime mais ne l’a pas trouvée à son domicile. Exerçant comme responsable au département des ressources de la police, il ne s’était pas rendu au travail durant plusieurs jours, ce qui n’était pas dans ses habitudes.
« Li ti pe dir ki Saïd pe ress rod kass ar li »
Mais peu avant sa disparition suspecte, Saïd avait confié à un ami que depuis quelque temps, Zaid Santally ne cessait de lui réclamer de l’argent. « Li ti pe dir ki Zaid pe ress rod kass ar li ». Il insistait auprès du sexagénaire qui ne voulait pas céder. Suivant ces informations, le policier a consigné une plainte à la police de Plaine-Verte, suspectant Zaid Santally d’être mêlé à sa disparition. Celui-ci n’est pas inconnu des services de police. Avec son épouse en 2017, ils s’étaient fait épingler pour vol dans des bijouteries. Celle-ci portait un burqa lors de ces vols.
Il a fallu l’intervention de la police pour que les suspects qui ont été embarqués ne se fassent pas lyncher par les habitants. Shaamnaz et Zaid Santally ont été conduits par les hommes du SP Vikash Seebaruth de la MCIT aux Casernes centrales. Shaamnaz Santally a retenu les services de l’homme de loi Yousouf Azaree. Le couple suspect n’a pas encore donné sa version des faits dans cette affaire.
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