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Plaidoyer pour une démocratie participative

Prem Sewpaul et ses invités Kris Valaydon, Milan Meetarbhan et Roukaya Kasenally.

« L’après 60-0 : Vers une refonte de notre démocratie parlementaire. » C’est le thème débattu par Prem Sewpaul et ses invités dans l’émission « Au Cœur de l’Info », jeudi. Les intervenants plaident pour un système où le citoyen a son mot à dire. 

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Après plus d’un demi-siècle d’indépendance, une réforme en profondeur de notre système électoral et de notre démocratie parlementaire est vivement attendue. Milan Meetarbhan, ancien diplomate et expert en Constitution, explique qu’à la suite des 60-0, il est clair que l’électorat a voté « massivement » pour l’Alliance du Changement et que les attentes sont tous aussi élevées. 

Il poursuit qu’un 60-0 n’est pas un danger pour la démocratie même si l’opposition n’est pas en grand nombre. Selon lui, les backbenchers peuvent jouer un grand rôle. Il cite aussi que la démocratie participative est aussi importante. « Après ce qui s’est passé ces cinq ou 10 dernières années, une plus grande ouverture vers la société civile est importante dans les grands débats de société. Le gouvernement doit mettre l’accent sur une démocratie participative en donnant aux citoyens une plus grande voix au chapitre », indique Milan Meetarbhan. 

Le gouvernement peut agir différemment par exemple pour les nominations. Milan Meetarbhan affirme qu’il faut un élargissement de la démocratie s’agissant des dossiers importants. « On peut consulter la société civile sur des dossiers qui sont d’intérêt majeur, comme l’environnement. Il faut institutionnaliser le processus de consultation et d’écoute de la société civile », estime-t-il. 

Pour sa part, Kris Valaydon, juriste et spécialiste de la Constitution, explique qu’un 64-2 (les quatre de Rodrigues vont s’allier au gouvernement et deux membres de l’Alliance Lepep repêchés par le BLS), « c’est le vœu de la population » et en même temps « une antithèse » de la démocratie participative, dit-il, « c’est un paradoxe généré par le First Past The Post ». Selon lui, il faut développer des stratégies quand il y a une faible opposition. « La situation est dangereuse pour le gouvernement lui-même, car il n’y a pas de ‘check and balance’. Deux personnes ne pourront remplir ce mandat. Il est important que le gouvernement soit à l’écoute de ce qui se dit en dehors du Parlement », est-il d’avis. 

Kris Valaydon pense par ailleurs qu’il y a des choses à revoir. « Le plus grand fléau est la concentration de pouvoir entre les mains du Premier ministre. C’est un danger quand une seule personne détient trop de pouvoir. Ce gouvernement a la possibilité d’améliorer la Constitution. Il faut une séparation de pouvoir, sinon les institutions ne vont pas fonctionner, car c’est une seule personne qui contrôle tout », met-il en avant.

Roukaya Kasenally, Associate Professor à l’Université de Maurice explique que ce 60-0 est « unique » à Maurice, favorisé par le système de First Past The Post. Toutefois, elle affirme que lors des élections de 2024, les réseaux sociaux ont joué un rôle important. Elle évoque aussi le contexte de « massive democratic backsliding » avec les institutions affaiblies et le parlement qui n’a pas joué son rôle. « Ce 60-0 est une opportunité, mais aussi un défi. C’est une opportunité de refaire l’image de Maurice. Le défi, c’est qu’une fois tombé, il est difficile de se remettre en selle », déplore-t-elle. 

Elle indique que le Parlement devra jouer son rôle avec une opposition quasi inexistante. « Il y a des mécanismes pour la participation citoyenne. Par exemple, une Citizen Assembly où le Parlement donne la possibilité aux citoyens à travers des discours de développer leurs idées », fait-elle ressortir. 

Roukaya Kasenally poursuit qu’il y ades changements en profondeur à apporter. Selon elle, la population a donné « carte blanche » au gouvernement pour amener des changements et que le gouvernement ne peut décevoir. « Ce gouvernement a cette possibilité de devenir un game changer. C’est le moment de faire des changements structurels pour amener le pays dans une autre direction », espère-t-elle. 

Réforme électorale

Concernant la réforme électorale, Milan Meetarbhan affirme qu’il faut un débat approfondi sur le sujet. « Le rapport Sachs dit qu’il ne faut pas toucher au système existant. On peut améliorer ou corriger des choses. Il faut un débat national sur l’objectif d’une réforme électorale. Nous sommes dans une période de transition. Le climat est propice pour un débat de fond », soutient-il. 

 

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