Interview

Pierre Dinan : «Il faut se garder de faire un budget terre brulée»

Pierre Dinan

L’économiste souhaite qu’on exploite de manière intelligente nos ressources économiques. Pierre Dinan répond à nos questions.

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Quelles devront être les priorités du prochain Budget ?
Je souhaite qu’on exploite de manière intelligente nos ressources économiques. Je les regroupe en trois principales catégories: notre espace terrien, notre espace marin et notre population multiculturelle. Nous sommes chanceux d’avoir une espace terrien agrémenté par un beau soleil généreux, une belle nature verdoyante et le sable fin. Deuxièmement, nous avons un vaste espace marin de 2,3 millions de kilomètres carrés. Troisièmement, nous avons une population métissée, pluriculturelle, habile, active et éduquée et c’est un grand atout pour notre pays. Il faut absolument que ces trois ressources puissent être le mieux utilisées.

Et comment les utiliser ?
L’espace terrien a été plutôt bien utilisé jusqu’ici mais il y a des failles. L’agriculture ne marche pas. Il y a les problèmes de la canne à sucre. A-t-on fait des études poussées pour voir comment la canne à sucre peut nous procurer un apport énergétique pour nous libérer des énergies fossiles ? Et nos produits vivriers, au-delà de nourrir la population, peuvent aussi être exportés. Je regrette aussi que nos villes ne sont plus belles. Si les villes ne sont pas belles, elles n’attireront pas les touristes.

Que pensez-vous de notre l’espace marin ?
Je demande où en sommes nous avec le développement stratégique, dénoncé également par le récent rapport de l’audit. Nous n’avons peut-être pas assez de connaissances dans le domaine de l’État-océan, alors il faut faire appel aux compétences étrangères. Les Seychelles, qui partagent 0,5 million de km2 avec nous ont fait appel à un emprunt international pour les aider dans les recherches. Je m’attends à des mesures claires et précises dans le budget concernant l’Ocean Economy.

Et notre troisième ressource ?
Notre 3e ressource est notre population multiculturelle. Elle a pu démontrer dans les années 80s et 90s comment elle était résiliente et a su tirer l’économie vers le haut. Mais pourra-t-elle faire de même aujourd’hui, quand nous sommes obligés à faire venir des travailleurs étrangers ? Je pense aussi que notre système éducatif est trop académique alors que nous devrons plutôt former des techniciens. Les polytechniques sont un bon départ, et le budget doit aller dans cette direction, en valorisant les métiers.  Mais je crains le spectre d’un budget ‘labous dou’. Il faut se garder de faire un budget terre brulée!

 

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