Pierre Dinan, économiste: «Un budget pro-développement»

Pierre Dinan revient sur le Budget 2016-2017 du ministre des Finances Pravind Jugnauth. L’économiste estime que cet exercice est pro-développement. Il met également l’accent sur son aspect social.

Quelle est votre première réaction au Budget 2016-2017 ?
C’est d’abord un budget bien annoncé, qui nous invite à une nouvelle ère de développement. Maintenant, il s’agit de voir en profondeur ce qui nous est proposé. On peut apprécier le fait qu’il y a, d’une part, un désir de modernisation des différents secteurs économiques actuels. Ce qui est très important, notamment dans l’industrie, l’agriculture et les services financiers, sans oublier les Tic. D’autre part, il y a une ouverture sur la nouveauté, notamment le digital. Il est également évoqué, mais ce n’est pas la première fois… Il y a aussi l’économie océanique et l’économie verte. Ce sont des thèmes que nous connaissons déjà, il s’agit de voir si cette fois-ci, ces propositions iront plus loin.

Du côté social, on voit quelques propositions intéressantes. Ce qui me frappe, c’est cette référence au registre social, sans lequel on ne pourra aider uniquement ceux qui sont dans le besoin. Il faut se concentrer sur eux et non pas sur tout le monde. Ce budget bien présenté doit être maintenant mis en œuvre. Il faut que le gouvernement annonce une réorganisation de toutes ces institutions importantes qui dépendent du budget, c’est-à-dire aux dépens du contribuable. On ne peut que souhaiter que cette réforme réussisse. Attendons voir… Le budget ne se réalisera pas sans le soutien des Mauriciens. Comme j’aime le dire : le gouvernement est la locomotive, ensuite dans les wagons qui suivent, il faut des gens qui soient disposés à se laisser emmener.

Est-ce un budget populaire, pro-secteur privé ou équilibré ?
Le budget contient des mesures très populaires, comme la baisse du prix du gaz ménager. Je ne suis pas certain qu’il soit pro-secteur privé. Je dirais plutôt qu’il est pro-développement. Ce qui veut dire pro-tout le monde, encore une fois à condition que cela réussisse.

Le budget annonce une baisse des taxes sur différents produits, ainsi qu’une hausse du seuil d’exemption de la taxe sur le revenu. Comment le gouvernement va-t-il compenser ce manque à gagner ?
Il y a des hausses de droits d’accise sur l’alcool et le tabac, mais des baisses de droits de douane. Effectivement, il y a une baisse du droit d’accise des produits comme les voitures. Mais vous savez, au niveau strict du budget, il y a un apport important de la subvention de l’Inde qui vient aider à faire certains petits cadeaux sans que cela n’affecte indûment le budget déficit budgétaire.

Est-ce que le budget peut aider à atteindre la barre des 4 % de croissance du Produit intérieur brut (PIB) ?
Les conditions et les propositions sont là. Toutefois, elles doivent être appliquées par le gouvernement, le secteur privé et par tous les Mauriciens. Ce n’est qu’ensuite qu’on pourra se prononcer. Disons que rien dans le budget n’empêcherait d’atteindre la barre des 4 % de croissance du PIB, et cela est déjà un acquis, mais il y a encore tout un chemin à faire.