Pierre Dinan, économiste : «Les Mauriciens sont obligés de réduire leur train de vie»

Depuis la fin des subventions, plusieurs importateurs et distributeurs ont revu leur prix à la hausse. Quel sera l’impact sur le budget ménager des Mauriciens ?
Certainement leurs dépenses alimentaires seront augmentées. Nous revenons de nouveau au problème de la hausse des prix. C’est évident que tous les Mauriciens vont payer plus cher pour les produits de base. Mais l’impact se fera plus ressentir pour ceux au bas de l’échelle. Par ailleurs, les consommateurs devront aussi apprendre à faire des choix judicieux et des sacrifices. Il ne faut pas prendre la marque X qui coûte plus cher que la marque Y, alors que les deux sont plus ou moins le même produit. Une allocation de Rs 1 000 ne va pas compenser la hausse des prix. Mais ça vaut mieux que rien. Il faut reconnaître que la hausse des prix est un phénomène international et que la situation au niveau mondial reste toujours compliquée. Après la pandémie, nous faisons face aux conséquences du conflit russo-ukrainien. C’est à nous de nous adapter pour pouvoir survivre. Les Mauriciens sont ainsi obligés de réduire leur train de vie.

Selon vous, quelle est la mesure la plus efficace pour protéger les consommateurs contre la flambée des prix ?
Je persiste et signe que la seule façon de protéger les consommateurs c’est à travers le ciblage. Les familles à haut revenu et même celles au revenu moyen peuvent se débrouiller. Mais il faut penser à ceux qui sont au bas de l’échelle. Il a des familles aujourd’hui qui sont incapables de mettre le pied dans un supermarché. Mais le ciblage ne vient jamais sur le tapis. Le gouvernement n’a pas le moyen de tout faire. Ainsi, il doit savoir accorder des priorités. Au lieu d’imposer un « markup » sur une liste de produits d’où même ceux qui n’ont pas besoin en bénéficient, il serait plus judicieux d’aider directement les pauvres avec des allocations.

Qui dit flambée des prix, dit hausse de l’inflation. Quelles sont vos prévisions pour le taux d’inflation cette année ?
Je dis toujours que je ne suis pas un statisticien. Je ne veux pas me mettre à la place d’un statisticien et avancer un chiffre. Mais en regardant les faits et le contexte économique, je peux dire que les pressions inflationnistes seront avec nous pour encore un bon moment. D’abord, c’est principalement en raison des ruptures dans l’approvisionnement. Les produits importés coûtent de plus en plus cher. Vu que nous sommes grandement dépendants de l’inflation, nous en souffrons. Mais la hausse d’inflation est aussi expliquée par les taux d’intérêt pratiqués à Maurice.